Joël Baqué : La fonte des glaces
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La fonte des glaces par Joël Baqué.
P.O.L (2017) 282 pages ; Folio (2019) 272 pages.
Rencontré aux Correspondances de Manosque, écouté avec attention, sourire aux lèvres devant cet humour décalé qui dit tant de choses, il ne me restait plus qu’à lire Joël Baqué (photo ci-contre). Si La fonte des glaces, le roman qu’il présentait en septembre 2017, paraît complètement loufoque, il dit tant de choses bien réelles sur l’évolution de notre planète.
Tout commence sur la banquise, où Louis est avec Ivaluardjuk, son guide inuit. Tant de souvenirs remontent à la surface et permettent de connaître un homme élevé par sa mère carcassonnaise dont le père, comptable, a été écrasé par un éléphant qu’il prenait en photo. L’humour de l’auteur est déjà bien présent sur cet épisode, en principe, dramatique.
Il grandit à Carcassonne, aime la nature, observe insectes et animaux puis devient Fuck Dog Louis amoureux de Chantal Garage. Celle-ci lui demande un jour « pourquoi il parlait avec l’accent de l’Aude et chantait avec l’accent des ghettos nord-américains. »
Finalement, avec un CAP de boucher, il épouse Lise et ils s’installent à Toulon : « Oui, il a aimé le cochon à la chair rose et fondante comme l’Inuit a aimé le phoque d’où il tirait vêtements, coques et kayaks, graisse pour éclairer l’igloo et imperméabiliser le cuir, le phoque dont la chair onctueuse comme l’iceberg le réjouissait. »
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Ces quelques éléments permettent de situer un peu le héros du livre mais Joël Baqué truffe son récit d’anecdotes toutes plus savoureuses les unes que les autres jusqu’au jour où, lors d’un vide-grenier, il découvre un manchot-empereur empaillé dans une armoire normande. Pour 35 €, cet achat va changer la vie de notre boucher-charcutier retraité, supporter du RC Toulon, comme la suite le prouvera.
« Ce compagnon qui, à peine entré dans sa vie, en était déjà le centre et la circonférence, l’os et la moelle, » apporte tant d’événements en cascade que Louis devient un passionné d’écologie, profondément choqué par les dégradations causées par l’homme à la nature : « L’aveuglement et l’injustice des humains sont sans limites : des croquettes élaborées par des nutritionnistes pour le chien, la fonte des glaces pour le manchot-empereur ! »
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Si les Inuits vivent près du pôle nord, c’est à l’opposé, en Antarctique que l’on peut observer les manchots-empereurs et c’est Ivaluardjuk, l’Inuit de l’hémisphère sud, qui l’accueille et lui apprend à lutter contre le froid si vif.
Avec Joël Baqué et son héros, j’ai aimé voyager, passer de Toulon au pôle sud puis au Canada et découvrir les chasseurs d’icebergs. « Ce Français terne et grognon s’avérait être un original passionné, » un peu comme ce livre qui met en lumière, avec humour et originalité, la folie humaine pour le profit, exploitant à fond toutes les ressources naturelles sans respecter la vie.
Jean-Paul