Olivier Sebban : Cendres blanches
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Cendres blanches par Olivier Sebban.
Rivages (2021) 398 pages.
Dans Cendres blanches, Olivier Sebban, auteur que je découvre et qui en est à son cinquième roman, m’a entraîné dans une histoire un peu folle, des deux côtés de l’océan Atlantique.
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Pour commencer, l’auteur présente une galerie de personnages, de gangsters italo-américains, très intéressante, de ces hommes qui faisaient la loi, là-bas, dans la première partie du XXe siècle. Je croyais partir dans un roman consacré à la mafia alors que, après la scène de sexe du premier chapitre, je me retrouve dans un col des Pyrénées, près de la frontière espagnole, au Pays basque, en 1925.
Sont alors présentés les trois principaux protagonistes du roman : le contrebandier espagnol Edur Cruchada, le jeune Franck Echevarria et sa sœur Ametza. Ces deux derniers sont Français. Les événements dégénèrent quand trois douaniers surprennent les contrebandiers. Edur n’hésite pas et les abat mais cela déclenche un grave accident dont son neveu est la victime.
Cette scène et ses conséquences causent une brouille définitive entre le clan Edur et les Echevarria, Franck tentant alors de mener un trafic de mules pour son compte personnel.
Entre temps, en 1927, l’auteur conte la fuite d’Ametza, reniée par son père à la suite d’une fausse couche. Si elle est hébergée par une tante à Santander, celle-ci la chasse parce que son mari la courtise. Voilà pourquoi, après une traversée mouvementée, Ametza se retrouve à New York où l’employé du service d’immigration la baptise d’office Emma Evaria, son patronyme basque étant trop compliqué pour lui.
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À partir de là, le roman alterne entre le Pays basque et New York où Emma séduit Saul Mendelssohn, jeune mafieux aux dents longues. Heureusement, elle lit beaucoup, apprend vite, sait bien conduire, ce qui lui sera très utile par la suite.
Quant à Franck, c’est en Espagne qu’il refait maintenant sa vie toujours dans des trafics rémunérateurs. Au passage, Olivier Sebban livre une séquence très forte dans les marais dont Franck échappe de justesse. Ce garçon est courageux, entreprenant et je m’attache à lui.
Par contre, à New York, c’est l’occasion de croiser les personnages présentés en ouverture du livre : Charlie Luciano, Meyer Lansky, Hymen… et les représentants de l’ancienne génération : Joe Masserio et Maranzano dont les jeunes veulent se débarrasser.
Je ne détaille pas tous les événements qui jalonnent un roman à l’écriture foisonnante. Olivier Sebban (photo ci-dessus) adore les phrases longues, presque sans fin. Surtout, il émaille son texte de mots rares qu’il prend plaisir à distiller. Ne voulant pas interrompre ma lecture, j’en ai noté un certain nombre pour chercher ensuite leur signification dans le dictionnaire, des mots comme phénakistiscope, hackamores, la cancha, leurs mérens, le chandoo, un shmock ou la rémittence et bien d’autres encore… Ainsi, je ressors moins bête de ma lecture…
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J’ajoute simplement que Cendres blanches, sorte de saga familiale, m’a amené jusqu’à la Libération car Emma, devenue journaliste, couvre le débarquement des forces alliées en Normandie pour le New York Times.
Ce retour en France, on s’en doute, ne peut que la ramener sur les terres dont elle est originaire et lui permettre de faire le lien avec son passé. Entre temps, Franck et le sinistre Edur ont été plongés dans la guerre civile espagnole et les malheurs qu’elle a causés.
Cette grande fresque familiale et historique, mêlant contrebandiers basques et mafieux newyorkais, fait partie des romans sélectionnés pour le Prix Orange du Livre 2021. Je remercie Lecteurs.com et les éditions Rivages de m’avoir permis de plonger dans ces aventures jalonnées par beaucoup de misère, de souffrances et de vies brutalement abrégées.
Jean-Paul