Antoine Raccat : Six ans, vingt-huit jours

Six ans, vingt-huit jours     par   Antoine Raccat.

Robert Laffont (2021) 312 pages.

 

 

Caroline, 38 ans, avocate, reçoit, un dimanche en fin d’après-midi, un appel de Valentin, avec qui elle a vécu pendant six ans et dont elle est séparée depuis deux ans. Celui-ci l’invite à partir en vacances avec lui si elle est d’accord. Outrée au départ, puis intriguée, sentant sa sincérité lorsqu’il lui dit qu’il a juste envie de passer du temps avec elle, « Rien que tous les deux. Comme avant. », elle acquiesce. Pour la destination, ce sera une surprise ! Justement Caroline l’appréciait pour le combat acharné et quotidien qu’il menait contre l’ennui.

 

Ils vont donc passer vingt-huit jours en Grèce après avoir partagé six ans de vie commune il y a de cela deux ans,  jusqu’à ce qu’ils referment, comme Valentin la nommera, la parenthèse.

 

Donnant en alternance la voie à Caroline et à Valentin, Antoine Raccat, pour son premier roman, réussit à nous embarquer sans un seul moment de lassitude sur une histoire qui pourrait, somme toute être assez banale. Il s’agit de la vie d’un homme, d’une femme et de leur destin.

 

Tous deux ont une forte individualité et l’auteur en faisant alterner les pensées de l’un puis de l’autre nous permet de suivre  leurs points de vue respectifs, à savoir comment ils envisagent la vie, l’avenir, la possibilité du mariage, et bien sûr leur vision de l’Amour … Si tous deux ont souvent des avis divergents, ce que Caroline dit apprécier le plus chez Valentin, « C’est le souci constant de ma liberté ».

Il faut souligner que leurs avis achoppent surtout sur leur désir d’enfant. Pour Caroline, la maternité est liberticide alors que pour Valentin, un enfant est symbole de liberté. Cet échange sur le sujet amène d’ailleurs dans le livre une intéressante réflexion sur l’importance, le but et le choix d’une descendance au cours des temps.

 

Mais le livre n’est pas terminé et une troisième partie nous réserve certaines surprises que bien évidemment je ne dévoilerai pas ici.

 

C’est ce dernier volet de l’histoire qui m’a le plus touchée. Antoine Raccat (photo ci-dessous), en fin psychologue, a su montrer comment deux êtres croyant bien se connaître, peuvent parfois être surpris l’un par l’autre, confrontés à leurs mensonges et secrets. Les deux personnages que j’ai trouvés très attachants, même s’ils m’ont parfois un peu agacée, se trouvent, à plusieurs reprises, pris dans le piège d’avoir tardé à parler, à avouer certaines choses, et du coup, obligés de se taire, le moment de vérité étant passé...

Beaucoup de philosophie émaille ce roman bien rythmé, plutôt original par son écriture et son style.

 

Caroline et Valentin posent en fait les questions que l’être humain peut se poser sur lui-même, examinant les réponses qu’il peut y apporter.

 

Sont principalement abordés les thèmes de la vie et de la mort, la mort extrêmement présente sans pour autant plomber le récit.

 

Six ans, vingt-huit jours, est le roman d’une belle relation amoureuse non figée, soumise aux hasards heureux et malheureux de la vie, les deux protagonistes s’apercevant au fil du temps que leurs certitudes peuvent être mises à mal et sont peut-être à reconsidérer.

 

Je remercie les éditions Robert Laffont et Lecteurs.com qui, dans le cadre du Cercle livresque m’ont permis cette belle lecture enrichissante.

Ghislaine

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Thème Magazine -  Hébergé par Overblog