Chloé Cruchaudet : Mauvais genre

Mauvais genre    BD   de    Chloé Cruchaudet.

Éditions Delcourt (2013) 159 pages.

Prix Landerneau 2013.

Fauve d'Angoulême : Prix du Public Cultura 2014.

d’après « La garçonne et l’assassin » de Fabrice Virgili et Danièle Voldman (Éditions Payot)

  

 

C’est d’abord un beau livre, très agréable à prendre en mains, un superbe roman graphique.

 

Dans Mauvais genre, Chloé Cruchaudet nous conte, à partir de faits réels et d’après le livre de deux historiens, Fabrice Virgili et Danièle Voldman (La garçonne et l’assassin), l’histoire de Paul Grappe et de Louise Landy.

 

Les premières pages placent le lecteur en pleine cour d’assises, un procès qui ne manque pas d’intriguer. « Reprenons au commencement » demande le président et l’histoire défile au rythme des dessins au tracé toujours fin et subtil. Au travers de toutes les nuances du noir au blanc, seul le rouge intervient de temps à autre, surtout pour du sang ou quelques vêtements féminins.

 

 

L’histoire est prenante, émouvante, dramatique aussi car Paul, pour échapper à l’enfer des tranchées, a déserté et il est devenu… Suzanne Landgard. Se transformer en femme n’est pas chose facile mais Paul - Suzanne va aimer ça et les rencontres, plutôt cocasses au début, frôlent rapidement le drame car l’on touche à l’homosexualité, au changement de genre : « Elle était plusieurs partenaires à la fois, un être complet et magnifique », déclare un témoin, à la barre.

 

La jalousie aussi déchire ce couple avant que Suzanne ne puisse retrouver sa véritable identité suite à l’amnistie des déserteurs, en 1925. Hélas, cela ne règle rien, bien au contraire. En effet, les traumatismes du front ne sont jamais effacés, ce que l’autrice a su si bien illustrer dans une série de doubles-pages d’une force incroyable.

 

Le texte est présent, seulement si nécessaire, prouvant tout le talent de Chloé Cruchaudet (photo ci-contre).  Même s'il évoque la Première guerre mondiale, Mauvais genre est encore plus d’actualité avec ce qui se passe dans certains pays et même dans le nôtre où les avancées sociétales ne sont jamais définitivement acquises.

 

Merci à Vincent de m’avoir permis de découvrir ce magnifique ouvrage.

Jean-Paul

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