Laurent Petitmangin : Ce qu'il faut de nuit

Ce qu’il faut de nuit      par     Laurent Petitmangin.

La Manufacture de livres (2020) 187 pages.

Prix Femina des Lycéens 2020.

Grand Prix SGDL (Société des Gens de Lettres) du 1er roman 2020.

 

Dans son premier roman Ce qu’il faut de nuit, Laurent Petitmangin, dans un style simple mais percutant, montre comment un jeune, dont le destin semblait tracé peut dévier de sa trajectoire et sa vie basculer sans que rien ne le laisse prévoir.

 

 

En Lorraine, un père élève seul ses deux garçons, la « moman » est morte après trois ans de maladie, de chimio et d’hospitalisation, à l’âge de 44 ans. Fus, appelé ainsi depuis ses trois ans, car  passionné de fuβball est l’aîné, Gillou, lui n’a que dix ans. Quant au père, il travaille à la SNCF et se rend toujours à la section où il constate tout de même qu’il vient de moins en moins de monde.

 

 

Difficile d’élever seul ses deux enfants, mais il reste optimiste : « La vie ne m’avait pas fait trop de cadeaux, mais j’avais deux gaillards qui s’aimaient bien. Quoi qu’il arrive, l’un serait toujours là pour l’autre. »

 

 

Mais voilà que Fus en grandissant va se retrouver à soutenir des idées que son père ne peut admettre et la relation entre les trois hommes va s’en retrouver totalement modifiée.

 

 

Avec une très grande sensibilité beaucoup de finesse et de talent, Laurent Petitmangin (photo ci-dessous) décrit à merveille comment des destinées d’hommes se construisent et comment des accidents de la vie, des croisements, des rendez-vous manqués, des incompréhensions, des silences, des non-dits,  le hasard aussi, souvent, façonnent les individus et les embarquent sur des chemins sur lesquels ils n’auraient jamais dû se retrouver.

 

Il brosse des portraits justes et émouvants, parfois durs, des trois protagonistes sans oublier de décrire le cadre qui les entoure et de fait, en partie responsable de leurs engagements. La relation entre ce père et ses deux fils et celle entre les deux frères relèvent d’une très grande psychologie.


J’ai beaucoup apprécié cette écriture simple, très juste et par là même très convaincante.

 

L’auteur aurait pu facilement être très caricatural. Au contraire, il nous appelle à plus d’écoute, plus de tolérance, sachant  que nos vies, malgré leur incroyable linéarité de façade peuvent rapidement bifurquer.

 

Quant à la chute, même si elle pouvait s’avérer prévisible, elle m’a beaucoup touchée et émue aux larmes par sa forme.

 

Un petit bouquin de moins de deux-cents pages que je recommande vivement.

Ghislaine

 

 

Ce qu’il faut de nuit      par     Laurent Petitmangin.

La Manufacture de livres (2020) 187 pages.

Prix Femina des Lycéens 2020.

Grand Prix SGDL (Société des Gens de Lettres) du 1er roman 2020.

 

Laurent Petitmangin, pour son premier roman, m’a fait partager la vie d’une famille modeste, en Lorraine. Avec Ce qu’il faut de nuit, pas de grandes envolées, pas de luxe ostentatoire ni d’esbroufe. C’est le quotidien de beaucoup de gens, ceux dont on ne parle jamais.

 

Le père travaille à la SNCF, sur les caténaires, travail difficile et dangereux en haut des pylônes supportant les câbles électriques. Avec Fus, son fils aîné, surnommé ainsi pour sa passion du football, Fußbal en allemand, ils partagent une même passion. D’ailleurs, le narrateur ne manque jamais un match de son fils aîné ainsi que ceux du FC Metz, leur club favori.

 

Avec la moman, ils ont un autre garçon, Gillou, un an de moins que Fus dont le vrai prénom est Frédéric, on l’apprendra plus tard. Hélas, dans cette famille unie qui milite à la section locale du Parti socialiste, la maladie, le cancer, frappe la moman, emportée à quarante-quatre ans.

 

Fus grandit et se met à fréquenter une bande qui semble l’influencer négativement, l’entraînant sur les plates-bandes de l’extrême-droite. Pourtant, à la maison, Fus reste un fils parfait, s’entendant bien avec Gillou qui réussit dans ses études.

Dans ce roman qui distille quelques mots ou expressions du terroir comme « nous fermer la schness », la vie suit son cours mais les événements se précipitent et basculent dans le drame. Règlements de compte entre militants du FN et antifas, procès, prison, rien n’est épargné à ce père vite dépassé par les événements.

 

Je n’en dis pas plus pour ne rien divulgâcher mais Laurent Petitmangin (photo ci-dessous) n’est pas dans le polar, plutôt dans le registre intimiste des sentiments, des émotions et des choix de vie.

 

 

Ce court roman est une très émouvante tranche de vie écrite simplement mais de façon percutante. L’auteur fait bien prendre conscience des dangers, des fractures qui peuvent traverser une famille unie. D’ailleurs, la lettre finale est d’une force incroyable, un moment impressionnant de lucidité et d’amour.

 

Ce qu’il faut de nuit est en lice pour le Prix des Lecteurs des 2 Rives 2021.

Jean-Paul

 

 

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Bien aimé ce roman, et surtout la vision donnée par le père, ça me paraissait assez rare.
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