Jean-Christophe Rufin : La Princesse au petit moi

La Princesse au petit moi     par   Jean-Christophe Rufin.

 Flammarion (2021) 400 pages ; Éditions de Noyelles (2021) 379 pages.

 

 

La princesse au petit moi est le quatrième épisode des aventures insolites du vice-consul de France Aurel Timescu, d’origine roumaine, diplomate pas comme les autres, très atypique,  dont les excentricités vestimentaires associées à un physique ingrat n’ont d’égales que sa paresse méthodique. Ceci lui vaut d’ailleurs d’être nommé dans les postes les moins intéressants. Il a cependant un talent reconnu, celui de résoudre les intrigues les plus inextricables.

 

Contrairement aux précédentes enquêtes, notre anti-héros, sur les recommandations d’un ancien ambassadeur, ne va pas agir clandestinement mais être bel et bien appelé pour mener une enquête dans la principauté de Starkenbach,  petit pays fictif niché au beau milieu des massif alpins, entre la Suisse, l’Autriche et l’Allemagne, et ce, par le prince lui-même. Il est donc officiellement sollicité pour retrouver la princesse régnante Hilda qui a fâcheusement disparu.

 

Il apprend que celle-ci s’est évaporée  déjà, depuis plus d’un mois, en Corse, où elle était allée passer quelques jours comme elle a l’habitude.

 

Depuis quelques années, outre la Croix-Rouge starkenbachoise qu’elle préside, la princesse a décidé de s’attaquer à une grande cause, celle des enfants-soldats sur laquelle elle prépare une conférence. Son investissement sur le sujet est mal vu par le gouvernement et notamment par la Première ministre même si Hilda a fait appel à des financements privés, sans recevoir un sou de l’État.

 

Mais avant tout, il faut la retrouver. Shayna, collaboratrice de la princesse, avec qui Aurel a tout de suite senti une certaine complicité de par sa simplicité et son recul vis-à-vis du protocole va l’aider dans sa recherche et bientôt cette dernière sera retrouvée mais pour Shayna et Aurel, un autre défi les attend. Ils vont devoir essayer de résoudre les problèmes dans lesquels elle s’est empêtrée et les compétences de chacun seront bien nécessaires.

 

Si l’Europe ne compte que cinq micro-États : Andorre, San Marino, le Liechtenstein, Monaco et le Vatican, Jean-Christophe Rufin (photo ci-contre et ci-dessous), en inventant ce sixième, déroge à son habitude de faire dérouler ses enquêtes dans des lieux réels. Une enquête royale en quelque sorte. Toutefois cette principauté de Starkenbach n’est pas sans rappeler celle de Monaco dont il confie d’ailleurs s’être plus ou moins inspiré. Il est assez original de sa part, d’ailleurs, de nous embarquer dans ce monde de princes et de princesses pour apprécier comme Aurel en arrivant, le faste  et les décors mais surtout pour réaliser que ces altesses ne sont pas toujours aussi libres de leurs faits et gestes qu’on peut le croire, du moins dans la fiction,  et que les palais peuvent parfois se transformer en prison dorée tant le protocole est fastidieux.

 

L’auteur n’oublie pas d’évoquer que très souvent, ces micro-États sont des paradis fiscaux et pour cela des lieux où  les trafics, la débauche et les crimes peuvent prendre place.

 

Plus que l’enquête elle-même, c’est surtout le personnage d’Aurel qui donne toute sa saveur au roman. Il ne faut pas oublier que c’est par ses yeux et par ses réflexions que tout nous est donné à voir et à ressentir. Aussi, quand on connaît un peu ce détective hors-normes, on ne peut qu’être emporté dans cette vision  souvent naïve mais pertinente de son environnement et éberlué et souvent décontenancé par sa perception des autres individus.

 

L’humour est omniprésent et je me suis particulièrement délectée à la lecture de ce voyage en Fiat 500 avec la plantureuse Shayna au volant. Sachant qu’elle a fui la Syrie et qu’elle a étudié le français seulement dans le foyer de réfugiés où elle a séjourné, les dialogues avec Aurel, ce héros phénomène, relèvent à eux seuls de bons moments de rigolade.

 

Le goût démesuré qu’éprouve notre consul pour le Tokay et le piano, deux éléments qui lui sont indispensables dans ses enquêtes, associé à son allure dépenaillée et souvent grotesque, s’ils décrivent bien ce personnage un peu déjanté ne doivent pas nous faire oublier toute la poésie et l’émotion qu’il dégage et qu’il sait si bien nous faire partager.

 

La princesse au petit moi est un polar savoureux, sans prétention mais  amusant qui m’a divertie et réjouie. J’ai trouvé sa lecture plaisante, agréable et intéressante.

Ghislaine

 

La Princesse au petit moi     par   Jean-Christophe Rufin.

 Flammarion (2021) 400 pages ; Éditions de Noyelles (2021) 379 pages.

 

Avec La Princesse au petit moi, quatrième roman consacré aux aventures d’Aurel Timescu, Jean-Christophe Rufin (photo ci-dessous) réussit à se renouveler encore.

 

Son anti-héros m’avait surpris dans Le Suspendu de Conakry, Les Trois Femmes du Consul puis Le Flambeur de la Caspienne, histoire situées dans des lieux bien réels ; mais, dans La Princesse au petit moi, l’auteur ose créer un état imaginaire : la Principauté de Starkenbach.

 

Ici, Aurel Timescu ne subit pas une nomination visant à le rabaisser mais bénéficie de l’invitation du prince Rupert, époux de la princesse Hilda qui règne sur ce micro-état faisant penser au Liechtenstein, à Andorre, à San Marino ou encore à Monaco ou au Vatican.

 

Dans ce Starkenbach créé en 1428 par Sigismond 1er, une Première ministre ambitionne de renverser la dynastie princière au pouvoir. Seulement voilà : depuis trois semaines, la princesse, âgée de cinquante-quatre ans, a disparu et ne répond plus à aucun message. Où est-elle ? Que fait-elle ? Pourquoi ne répond-elle pas ?

 

Pour résoudre ces questions cruciales, un diplomate français, Jocelyn de Neuville, ami du prince Rupert, a vivement recommandé Aurel, le décrivant comme un enquêteur très subtil, capable de résoudre les énigmes les plus embrouillées.

 

Voilà donc notre Aurel Timescu dans le palais de Starkenbach. Il découvre les fastes princiers, se renseigne, s’informe, boit beaucoup de Tokay, joue du piano et sympathise vraiment avec Shayna Khalifa, une Kurde syrienne, orpheline de guerre, devenue collaboratrice personnelle de la princesse. Dans son pays, elle était une opposante héroïque au régime Assad. Son aide efficace sera très précieuse à Aurel qui reviendra en France car le couple princier possède un immeuble à Paris et une belle propriété en Corse, près de Bonifacio.

 

À Paris, le prince Rupert était client d’une psychothérapeute qui avait conseillé un confrère pour Hilda, très mal à l’aise dans son rôle de cheffe d’État. De plus, elle a du mal à assumer  ses origines, son enfance, et a besoin de se confier à une tierce personne.

 

Dans ce Starkenbach à la fiscalité attractive, la princesse Hilda se consacre donc à des œuvres humanitaires. Sa dernière initiative est destinée à venir en aide aux enfants-soldats. Pour cela, elle a décidé d’organiser une grande conférence internationale pour laquelle il lui faut de l’argent que refuse de lui accorder la Première ministre. Hilda cherche alors des mécènes et c’est là le nœud du problème que Jean-Christophe Rufin réussit à dénouer avec le talent qu’on lui connaît.

La Princesse au petit moi n’est pas satisfaite par la vie qu’elle mène à la tête de ce petit pays de 52 000 habitants et préfèrerait, de loin, vivre une vie tranquille à l’abri des regards maintenant qu’elle a élevé ses trois enfants et que, Helmut, l’aîné, est en âge d’assumer les plus hautes responsabilités.

 

Dans ce quatrième roman qui lui est consacré, Aurel Timescu surprend encore, même s’il est toujours aussi mal habillé, même s’il boit beaucoup de vin blanc. Ses maladresses sont largement compensées par ses inspirations inattendues et son entente avec Shayna se révèle très efficace.

 

Réussiront-ils à retrouver la princesse Hilda ? Parviendront-ils à ramener la sérénité dans la principauté de Starkenbach ? Pour le savoir, une seule solution : lire La Princesse au petit moi !

 

Jean-Paul

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Toujours pas lu cette série, il serait temps que je commence !
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