Joy Sorman : La peau de l'ours

La peau de l’ours        par     Joy Sorman.

nrf, Gallimard (2014) 156 pages ; Folio (2016) 192 pages.
 
 
Tout au long de ce livre, le lecteur se demande où cela peut bien se passer. Jamais l’autrice ne le précise et c’est très bien comme cela puisque ce qu’elle raconte avec simplicité et talent, est une fable révélatrice de la nature humaine, de toutes ses contradictions et surtout de ses rapports avec les animaux, êtres si proches que nous maltraitons tellement.

 

 

L’histoire commence dans les montagnes, dans un village où un pacte a été conclu avec les ours : au moindre problème, on chasse et on abat. Interdiction donc, pour l’ours, de s’approcher des enfants et des jeunes filles… mais il y a Suzanne que tous les hommes veulent épouser et qui ne pense qu’à s’occuper de la ferme et de ses 50 agneaux. Voilà qu’un soir, elle ne rentre pas : elle a rencontré l’ours, un ours brun de 3 mètres : « un lutteur trapu et massif, un monstre de robustesse : un torse, un dos, des pectoraux extraordinairement développés. »

 

L’ours l’emmène dans sa tanière et Suzanne pense qu’elle va mourir mais l’animal la garde captive pendant 3 ans et la viole régulièrement. Lorsqu’elle est enfin délivrée par des bûcherons, elle est avec un enfant-ours, mi-homme, mi-bête ! Le retour au village est terrible, la cruauté des hommes n’ayant pas de limites.

 

Passé ce début cruel, sauvage et rude, c’est l’enfant-ours qui raconte. Vendu à un montreur d’ours qui le rôde au spectacle en quelques jours, il confie : « Je deviens ours, dressé, montré, enchaîné, un ours pour les hommes » Il réalise la déchéance de l’ours détrôné par le lion pour le titre de roi des animaux. Il sent qu’il ne peut rien pour remédier à cela : « la lassitude a vitrifié chaque recoin de mon cœur. »

 

 

Passant d’un propriétaire à un autre, notre narrateur connaît toutes les vicissitudes de la vie animale avec le combat dans une arène, un voyage en bateau : « l’océan bien plus hostile et imprévisible que toutes les forêts. » Revenu à terre, il raconte une longue pérégrination avant de découvrir la vie du cirque qui lui permet d’approcher des femmes, de les connaître et d’apprécier leur tendresse.

 

Tout cela finit sur du béton : « Un paysage dur, qui écorche et abrase, un paysage froid qui a perdu la douceur de la piste, la chaleur de la paille qui tapissait ma cage, la souplesse de la terre boueuse du campement. » Devenu « un animal sous cloche », il note les réactions de visiteurs, entre provocation et cruauté avant l’arrivée d’Esther…

 

Après avoir lu La peau de l’ours, grâce à Joy Sorman (photo ci-dessus) il est impossible de ne pas changer de regard devant notre façon de traiter les animaux … même avec les meilleures intentions du monde.

Jean-Paul
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