Carola Dibbell : The Only Ones

The Only Ones      par    Carola Dibbell.

Traduit de l’anglais (USA) par Théophile Sersiron.

Le Nouvel Attila (2017). 398 pages ; J'ai Lu (2020) 512 pages.

 

 

J’ai eu beaucoup de mal à m’y faire. Ce style parlé bourré de fautes grammaticales, de formules toutes faites, d’abréviations ou de raccourcis difficilement compréhensibles et ce texte pratiquement privé de subjonctif afin de montrer l’inculture de Moïra, la narratrice appelée Moi, ce style était-il bien nécessaire pour toucher le lecteur et l’emmener dans ce futur improbable daté vers la fin du livre, en 2079 ? Pas sûr que cela fasse envie de vivre jusque-là…

 

 

The Only Ones, un beau livre publié par Le Nouvel Attila, est signé Carola Dibbell (photo ci-dessous) qui s’est distinguée, aux États-Unis, comme précurseur du journalisme rock et punk féminin. The Only Ones (les seules) est une dystopie. Cela se passe dans une société imaginaire régie par un pouvoir totalitaire, une société ravagée par les épidémies, à la fois très en avance technologiquement mais avec des retours en arrière terribles et des humains à la recherche de solutions les plus extrêmes pour survivre.

 

 

Théophile Sersiron qui a adapté ce roman en français, a eu beaucoup de mérite. Quel travail pour faire passer le style de l’auteur dans un français de la rue, parlé par une certaine jeunesse et qui dénature beaucoup notre belle langue, comme je l’ai dit en préambule !

 

 

Pourtant, il faut aller plus loin que ce mal-être ressenti tout au long de la lecture car l’autrice trouve un angle vraiment original pour rendre hommage à la maternité, au rôle de la mère et à son dévouement qui va jusqu’à l’extrême pour son enfant, même s’il n’est pas venu au monde de manière traditionnelle : « Si tu te demandes pourquoi t’es née, c’est peut-être parce que c’était une Opportunité commerciale pour quelqu’un ou peut-être parce qu’il a changé son avis ou qu’ils ont eu des rapports sexuels non protégés, qui sait ? C’est peut-être juste un coup de chance. »

 

Moi donne des ovules, son sang, des cellules de son corps pour que Rauden, dans sa ferme où il se livre à des expériences en principe interdites, parvienne à donner vie à un être humain : « Là c’était plus une viable, c’était plus un embryon ou je ne sais pas c’était quoi avant. C’était un enfant maintenant. Un enfant ça doit habiter quelque part. Ça a besoin d’une maison, un enfant. » Ainsi, Moi raconte sa vie avec Ani « toujours vivante », cette enfant dont elle s’occupe jusqu’à l’épuisement, sacrifiant tout pour elle, travaillant nuit et jour, surmontant des obstacles incroyables pour lui donner cette éducation qu’elle n’a pas eue.

 

 

Si Moi se révèle une mère admirable, son passé ressurgit peu à peu quand il faut dire enfin la vérité à Ani, devenue une ado très rebelle parce que marginalisée dans les différentes écoles de New York et de la région où sa mère parvient à l’inscrire.

 

 

Malgré toutes ces péripéties, c’est un peu long et mon soulagement a été réel lorsque je suis parvenu au point final, content quand même d’avoir découvert un tel livre poussant au paroxysme la réflexion sur la naissance, la maternité et les évolutions technologiques qui bousculent les traditions en matière de transmission de la vie sur notre bonne vieille Terre.

 

 

Merci à Lecteurs.com et aux éditions Le Nouvel Attila pour ce livre qui sort des sentiers battus.

 

Jean-Paul

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Thème Magazine -  Hébergé par Overblog