Laurent Bénégui : Retour à Cuba

Retour à Cuba     par   Laurent Bénégui.

Julliard  (2021) 308 pages.

 

« Les livres servent d’écrin aux vies, ils les tiennent à l’écart de l’amnésie, de la violence et de la désorganisation du monde. Voilà pourquoi il est nécessaire qu’ils n’en fassent qu’à leur tête. »

 

C’est avec cette si juste conclusion que Laurent Bénégui termine son extraordinaire quête familiale, du Béarn à Cuba, en passant par les champs de bataille de la Première guerre mondiale.

 

D’emblée, je suis impressionné par l’arbre généalogique inséré avant que ne débute le livre. J’y suis revenu souvent à cause du nombre élevé d’enfants, de petits-enfants et d’arrière-petits-enfants, souvent gêné par ces prénoms qui reviennent souvent : Léopold, Jean, René, Robert…

 

La couverture du livre édité chez Julliard est ornée d’une superbe photo montrant Léopold et Madeleine avec leurs cinq enfants. Le sixième, René, est encore dans le ventre de sa mère et Léopold, le père de Laurent Bénégui, est assis sur les genoux de son père.

 

Auteur déjà apprécié dans La part des anges, Laurent Bénégui sait que son grand-père, Léopold, celui de la photo avec une belle moustache, a émigré en Oriente, à Cuba, au début du XXe siècle. L’auteur lui-même, à 8 ans, est allé là-bas, avec ses parents, pour voir son oncle Jean, sa tante Louisette et leurs enfants.

 

Cette même famille a débarqué en France en 1977, avec deux valises, ayant tout abandonné. Léopold, son père, un des six enfants du Léopold parti à Cuba en août 1920, avec Nicole, sa femme, ont accueilli ceux qui avaient tout laissé là-bas puis, soudainement, les deux frères, Jean et Léopold, se sont fâchés. Pour une histoire d’argent ?

 

Cela paraît un peu compliqué mais l’auteur décrit tout cela très bien et, je me répète, l’arbre généalogique est un précieux auxiliaire. Trouver la cause de la fâcherie motive Laurent Bénégui (photo ci-contre) mais sa quête familiale va bien au-delà. Elle implique le contexte social et politique de ce qui a été l’environnement d’une nombreuse famille au cours d’un siècle pris dans le tourbillon de la révolution castriste.

 

En fait, avant Léopold, un autre Bénégui, Jean-Baptiste, son demi-frère, s’était installé près de Guantánamo, en Oriente, et avait réussi à monter une exploitation agricole florissante. C’est avec cette branche de la famille Bénégui que l’auteur devra prendre contact pour renouer le dialogue car Jean-Jospeph, petit-fils de Jean-Baptiste, marié à Magdelín, vit toujours à Guantánamo. C’est cette dernière qui sera décisive pour permettre à Laurent Bénégui - accompagné par Stéphane-France, son épouse, plus Lilou et Ilona, leurs deux filles -  de retrouver, dans la sierra, le site abandonné de la finca Santo Domingo.

 

Là, Jean et Louisette avaient repris et développé la production de café, prenant le relais du régisseur installé après la mort de Léopold, le grand-père de l’auteur.

 

C’est un message reçu via Facebook, de la part d’une certaine Sandra, pas de la famille, ni membre de son cercle d’amis, que la quête familiale envisagée par Laurent Bénégui prend une tournure s’achevant avec beaucoup d’émotion dans un cimetière de Guantánamo. Sandra avait trouvé par hasard un triangle de métal, dans un chemin, à Bezannes, près de Reims. Sur cette pièce triangulaire, est gravé Léopold Bénégui, le grand-père de l’auteur, gazé en mai 1918, parti à Cuba deux ans plus tard et décédé le 17 septembre 1931.

Tout cela donne un livre passionnant, très instructif, plein de rebondissements. Il m’a permis de confronter ma vision de Cuba, en mars 2020, avec les observations de l’auteur. Moi aussi, j’ai constaté les conséquences du blocus étasunien sur la vie quotidienne des Cubains et c’est une honte qui n’est pas assez dénoncée.

 

On peut apprécier ou non le type de société mis en place par la Révolution castriste car elle a ses avantages et ses inconvénients mais les Cubains aiment leur pays, dégagent une joie de vivre toute simple et j’espère vraiment pouvoir retourner là-bas pour finir ma découverte de l’île, interrompue brutalement par la pandémie. Il nous restait à explorer l’Oriente, justement, cet Oriente que détaille si bien Laurent Bénégui dans Retour à Cuba. Tout un symbole pour moi !

 

Jean-Paul

 

 

 

 

 

 

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