Lydie Salvayre : 7 femmes

7 femmes       par    Lydie Salvayre.

Perrin (2013), 230 pages ; Points (2014) 240 pages.

 

 

« Sept folles. Pour qui vivre ne suffit pas… Sept allumées… Sept insensées… Sept imprudentes pour qui écrire ne consiste pas à faire une petite promenade touristique du côté de la littérature et puis, hop, retour à la vraie vie, comme on l’appelle... »

 

Lydie Salvayre (photo ci-dessous), Prix Goncourt 2014 avec Pas pleurer, avait écrit, un peu avant, à propos de ces femmes : Emily Brontë, Djuna Barnes, Sylvia Plath, Colette, Marina Tsvetaeva, Virginia Woolf et Ingeborg Bachmann, 7 femmes pour qui « écrire et vivre étaient une seule et même chose. » Même si elles « vécurent presque toutes un destin malheureux », leur parcours méritait bien d’être rappelé ou tout simplement sorti de l’oubli, avec talent, ce qui ne gâte rien.

 

 

Elle commence avec Emily Brontë (1818 – 1848), qui a écrit Les Hauts du Hurlevent, lu par l’auteure à l’âge de 15 ans, un livre qui horrifie les salons londoniens car traitant d’amour passionné. Emily Brontë a écrit cela à Haworth (Yorkshire), en 1846, depuis un village triste, même quand il fait beau… Son père était pasteur et sa mère est morte alors qu’elle avait 3 ans. Comme ses sœurs Charlotte (Jane Eyre) et Anne, elle écrit des poèmes mais « Emily, l’obstinée parvient toujours à ses fins » et son chef-d’œuvre sera qualifié, un siècle plus tard, de « plus grand roman d’amour de tous les temps » par Georges Bataille.

 

 

Djuna Barnes (1892 – 1982) est beaucoup moins connue. Elle suit l’École des Beaux-Arts de New York, devient journaliste et dessinatrice de talent. « Belle comme la nuit, élégante et sombre, toujours enveloppée dans sa fameuse cape noire, elle séduisit les hommes en nombre. » Installée à Paris à partir de 1920, elle écrit Le Bois de la nuit mais sombre dans l’alcoolisme et la détresse. « Elle devint une emmurée », avant de mourir à 90 ans.

 

 

Sylvia Plath (1932 – 1963) est née près de Boston et reste célèbre pour ses poèmes toujours d’une ironie féroce : « La poésie est un jet de sang. » Son talent ne sera reconnu qu’après sa mort qu’elle se donne à Londres. Le Prix Pulitzer lui est accordé à titre posthume, en 1982.

 

 

Le talent de Colette, prénommée Sidonie-Gabrielle (1875 – 1954) n’est pas discuté. L’autrice est fascinée par elle depuis son adolescence malgré les défauts qu’elle lui trouve : « Colette est ambigüe, retorse, merveilleusement complexe et femme de tous les paradoxes. » Elle ajoute qu’elle est « l’écrivain des éclosions. »

 

 

Poète russe, amie de Boris Pasternak, Marina Tsvetaeva (1892 – 1941) est inclassable, hors de toute caste, de toute profession, de tout rang. Considérée par les Bolcheviks comme la pire ennemi de la Révolution : « Puisque n’appartenant à aucun camp, elle devint la pestiférée de tous » avec « une liberté d’esprit que rien ni personne ne pouvait museler. »

 

 

Quand sa mère meurt, Virginia Woolf (1882 – 1941) ne montre aucune émotion. Elle a des difficultés à publier, elle qui travaille, lit, écrit sans relâche. Enfin, Orlando (le livre préféré de Lydie Salvayre), Flush et Trois guinées sont des jaillissements mais, trop dépendante des critiques, elle sombre vite dans la mélancolie : « L’œuvre est toujours en défaut, toujours décevante au regard de la perfection de son projet. »

 

 

Enfin, Ingeborg Bachmann (1926 – 1973) est née à Klagenfurt, en Autriche et son père est membre du parti nazi. Elle écrit des poèmes, des nouvelles, des pièces radiophoniques et connaît le succès. Elle a compris très tôt « que la bête immonde était loin d’être morte, que le nazisme gangrenait encore la société viennoise. » Elle a vécu à Paris, Londres, Berlin, Francfort, Zurich, Naples et Rome où elle mourut.

 

Jean-Paul

 

Voir aussi Hymne de Lydie Salvayre, livre publié en 2011.

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