Jean-Noël Blanc : Parler du pays

Parler du pays       par    Jean-Noël Blanc.

Le Réalgar (2021) 155 pages.

 

Quelle délicieuse lecture que ce roman-par-nouvelles, forme très personnelle inventée par Jean-Noël Blanc, qui consiste à rassembler des nouvelles pour rédiger un roman.

 

Pour nous Parler du pays, il commence avec Amédée, un taiseux, qui vit seul avec son père dans une ferme isolée. « Avant la mort du père, on lui arrachait quelques phrases. Depuis, il est comme une porte fermée ». Et pourtant, à la fin de cette première nouvelle, après un acte héroïque, quand on l'interrogera sur l'occupant nazi qui est passé par la ferme, il aura cette répartie : « un petit péteux ».

 

D'autres portraits, celui de Mademoiselle Martineau qui fait « sa petite couture », de Gros-Pif qui doit faire face aux moqueries de Raoul sur son acné, d'Igor le sculpteur qui modèle la glaise en s'adaptant au goût des touristes, de ce peintre amateur qui trouvera peut-être la gloire, de Massoud, ce SDF qui squatte l'ancienne ferme de Symphorien et sur qui le Marcel et le Loulou, à l'arrivée de la neige lancent le pari de savoir combien de temps il va tenir, et d'autres encore comme l'instituteur ou Michel ou Madame Chastaing.

 

 

Les pauvres, les riches comme ceux qui vivent à la Maladrerie, une nouvelle est d'ailleurs consacrée à son propriétaire à qui le curé vient donner l'extrême-onction, le bistrot, le bal, les saisons, un ensemble de récits qui sont là pour Parler du pays, raconter la vie de ce village un peu perdu.

 

 

Jean-Noël Blanc saisit des instants de vie et parvient à les restituer à merveille. Les paysages, l'environnement, les personnages semblent présents : on voit, on respire, on sent, on entend … On a l'impression de faire partie du tableau. Il évoque avec poésie le vent ou l'orage, les saisons et notamment la rudesse de l'hiver montrant, comment ils façonnent le paysage tout comme les hommes.

 

Certaines descriptions de paysages ou l'évocation de l'exode rural m'ont parfois fait penser à la magnifique chanson Jean Ferrat « La montagne ».

 

 

J'ai aimé ce regard ironique, très pertinent que Jean-Noël Blanc porte sur la société. C'est toujours par petites touches, comme un peintre, qu'il avance dans ses descriptions pour rendre au final d'excellents tableaux. D'ailleurs, outre ses qualités d'écrivain, il fait preuve d'un talent certain pour le dessin et la peinture, en illustrant superbement lui-même son bouquin, rajoutant ainsi de l'âme à son texte.

 

Si l'auteur est stéphanois, il n'en connaît pas moins, très bien, la région lyonnaise. Preuve en est lorsqu'il décrit les tribulations de cet instituteur ayant fui le village, et cherchant refuge à Lyon où il a déjà vécu.

Des sourires, des peines, des moments heureux, d'autres malheureux, beaucoup de malice et d'ironie mais aussi de tendresse, de délicatesse et de poésie, composent ce roman-par-nouvelles empreint de chaleur humaine, rédigé avec une écriture précise, ciselée, au style très personnel, bref, un délice !

 

Si j'avais beaucoup apprécié Le nez à la fenêtre, de Jean-Noël Blanc, je me suis à nouveau régalée avec Parler du pays, sa dernière publication, que j'ai pu découvrir grâce à Babelio et aux Éditions le Réalgar que je remercie infiniment.

 

Ghislaine

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