La malédiction du pétrole par Jean-Pierre Pécau et Fred Blanchard
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La malédiction du pétrole.
BD par Jean-Pierre Pécau (texte) et Fred Blanchard (dessin).
Delcourt (2020) 103 pages + épilogue.
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S’il est un BD noire, c’est bien celle-ci : noire comme le pétrole, noire comme l’état dans lequel se retrouvent les lieux investis par La malédiction du pétrole.
Il faut dire que Fred Blanchard (photo ci-dessous) s’est magistralement mis au diapason du texte signé Jean-Pierre Pécau. Ce dernier, après un prologue qui m’emmène à Bakou, conte toute l’histoire de ce qui fut pompeusement appelé « l’or noir », une ressource de notre planète dont nous ne savons plus nous passer et qui, pourtant, ne peut que disparaître, laissant, après extraction, des dégâts irréversibles.
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C’est donc à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan aujourd’hui, que les frères Nobel ont découvert par hasard l’utilisation de ce fameux pétrole. Aujourd’hui, dans le sanctuaire d’Atchgah, une flamme brûle encore… pour les touristes, alimentée par une conduite car celle qui brûlait naturellement depuis 2 000 ans s’est éteinte à l’aube du XXIe siècle.
Là-bas, Robert Nobel a créé la Branobel sur ce premier centre d’extraction du pétrole. Dès 1880, plus de trois cents puits existaient autour de Bakou, devenue la ville noire. Transporté d’abord en charrette puis dans des tuyaux pour remplir les cuves des bateaux, il commençait à bien se vendre.
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Les barons Rothschild investissent. Une ligne de chemin de fer est créée puis un pipe-line de soixante-huit kilomètres à travers le Caucase.
Photo ci-contre : Jean-Pierre Pécau.
Bon, il ne faut pas oublier les USA où 1859 constitue l’année zéro de l’industrie pétrolière avec « la folie de Drake ». Oil Creek (Pennsylvanie) devient le nouvel Eldorado, une ville noire comme Bakou. Quand les puits sont épuisés, c’est la ruine mais entrent en jeu des noms connus comme Rockfeller car le pétrole sert à s’éclairer, à se chauffer, à faire tourner les machines, à les lubrifier, à les entretenir.
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Pour se jouer des lois anti-trust, Rockfeller crée les sept sœurs dont certaines sont encore connues comme Esso, Texaco, Royal Dutch Shell. Les pétroliers se partagent le monde et les deux grands conflits mondiaux du XXe siècle sont favorables à leur développement avec les puits du Moyen-Orient. C’est à Ghouar (Arabie saoudite), en 1948, qu’est découvert le plus grand gisement de pétrole du monde : 300 km de long sur 30 km de large !
Le Vénézuela s’y met, la CIA intrigue, l’OPEP entre en scène, écarte les gêneurs et les pétro-monarchies sont de plus en plus riches. Trois géants, trois sœurs, s’affirment : Exxon mobil, BP-Amoco et Shell.
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En épilogue, les auteurs prouvent que la malédiction frappe encore car des découvertes de nouveaux gisements mettent en péril des régions intactes de toute pollution comme en Alaska, au Mexique, en Chine ou en Iran car le pétrole est un formidable accélérateur pour le capitalisme.
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Si Barack Obama avait un peu freiné ces explorations visant les schistes bitumineux, Trump a tout balayé. Est-ce que Biden aura le courage de rectifier cette course folle, course folle qui ne dérange pas les trois sœurs qui se moquent de la fonte des glaciers et du réchauffement climatique. D’abord, le profit !
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La malédiction du pétrole est un roman graphique qui ne manque pas d’inquiéter mais se révèle très instructif sur l’histoire de cette matière première surexploitée polluant toujours plus notre planète Terre et je remercie Simon qui m'a permis de le lire.
Jean-Paul