S.H. Kovski : Le peintre à deux doigts
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Le Peintre à deux doigts par S. H. Kovski.
Souffles littéraires (2021) 243 pages.
Le peintre à deux doigts, premier roman de S.H. Kovski se déroule sur la côte bretonne, dans la ville de Bertigny-sur-mer.
Au début du bouquin, nous sommes à l’été 1968 et, dans un sous-sol, où sont installés deux chevalets et exposées deux œuvres. Une femme, Mima, est en extase devant les petites mains graciles et élégantes de son neveu Arthur, lui assurant qu’il est un génie et que personne ne pourra le nier. À la question de celui-ci : C’est dur d’être peintre ?, elle répond « Poussin, je t’enseignerai. Tu seras le plus doué. »
Nous nous retrouvons ensuite en juin 2018 avec le Capitaine Enky et son assistante, une jeune policière, Gaëlle. Ils enquêtent sur des vols par effraction commis dans de belles villas inoccupées, assortis d’inscriptions « FLRS » tagués sur les murs intérieurs en rose fluo.
Enky, en se rendant ensuite au Billy’s, le bar de la plage est parcouru d’un frisson, une intuition ou plutôt le souvenir d’une enquête ancienne et non résolue à propos de disparitions d’enfants, vient de poindre en son esprit.
Il est en vacances le lendemain, aussi en profitera-t-il pour se replonger dans cette histoire, commençant par se rendre aux Archives départementales, dans le but de vérifier une coïncidence.
L’auteur fait alterner deux périodes, celle concernant les années 1968, avec la disparition du père d’Arthur, 1969 et 1970, puis 1989, 1990, 1991 ; années de certaines disparitions et celle du présent, c’est à dire l’été 2018, relative à l’enquête policière menée tambour battant par Enky Bau.
Ce roman très original baigne dans une atmosphère particulièrement spéciale et glauque avec comme personnages principaux Arthur le peintre, Mathias, son frère, leur tante Mima à la personnalité plus qu’angoissante et terrifiante et bien sûr le fameux capitaine Enky. Un autre personnage à part entière est ce sombre manoir qui surplombe la falaise et qui fait figure de véritable guet-apens.
S.H. Kovski (photo ci-dessus) entraîne son lecteur dans les méandres psychologiques d’êtres gagnés par la folie. Un véritable délire les conduit dans des voies impénétrables ou presque, pour le commun des mortels. Le talent de cet auteur est à deux doigts de réussir à nous convaincre de l’existence de ce monde imaginaire. Il parvient à maintenir un suspense allant crescendo jusqu’au dénouement final absolument époustouflant où j’ai découvert entre autre ce qu’était le sokushinbutsu (photo ci-dessous)...
Le peintre à deux doigts se révèle être un polar sombre, malgré la présence de ce bel art qu’est la peinture, mais surtout un polar dans lequel S.H. Kovski se délecte à nous décrire des personnages torturés très énigmatiques vivant dans un monde aux frontières du réel, et mène avec brio une étude psychologique très fine de tous les protagonistes, avec même parfois un brin d’humour.
Par bonheur, le capitaine Enky et ses petites facéties avec son agente Gaëlle, son goût marqué pour le russe blanc, ce cocktail mêlant lait doux sirupeux, vodka percutante et liqueur de café amer, sa boisson favorite et son amour immodéré pour sa ville, surtout sans les touristes, apporte la touche stabilisante et rassurante.
Comme son auteur me l’a gentiment dédicacé, le peintre à deux doigts va apprécier vous croquer, alors n’hésitez pas à vous préparer à le rencontrer et à faire sa connaissance !
Je remercie les Éditions Souffles Littéraires pour cette superbe découverte.
Ghislaine