V. Correspondances de Manosque 2021
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V. Correspondances de Manosque 2021.
23e édition : Parrainée par Emmanuel Guibert.
Dimanche 26 septembre
Les prévisions météo étaient formelles : orages annoncés ce matin sur Manosque et la région.
Pourtant, au réveil, le ciel semble clément. Ça se couvre bien un peu lorsque nous gagnons la place de l’Hôtel de Ville mais ce n’est pas trop inquiétant. Tiens ! Quelques gouttes… Nous nous mettons bien à l’abri sous la grande bâche qui protège l’ensemble des chaises disposées devant la scène mais ça se gâte à vitesse grand V. Le vent se met à souffler et il pleut de plus en plus fort. Même la foudre s’y met et pas très loin…
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Agnès Desarthe et Maria Pourchet, les deux autrices que nous venions écouter sont même présentes, courageuses. Comme l’orage empire de plus en plus on nous annonce rechercher une solution de repli. Notre amie, Gwen, est aux quatre-cents coups, certains voudraient même entrer dans l’église voisine mais personne n’ose. Quand nous apprenons que la rencontre se fera au Centre Jean Giono, hôtel Raffin, il faut se décider à partir sous les trombes d’eau, les éclairs, le tonnerre, pour arriver bien trempés et se mettre à l’abri, enfin !
Agnès Desarthe, L’Éternel fiancé et Maria Pourchet, Feu :
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Bien humides mais enfin au sec, nous pouvons écouter ces deux autrices, aux cheveux mouillés aussi, répondre aux questions de Sophie Joubert.
Dans L’Éternel fiancé, Agnès Desarthe (photo ci-contre), toujours en lice pour le Prix Goncourt, parle de plusieurs histoires d’amour. On se sépare, on se retrouve et avec ça, le temps passe avec ses conséquences physiques inégales suivant les individus. Une narratrice, sans prénom, s’exprime et nous parle d’Étienne. La musique classique, pop et les chansons citées permettent de dater ce qui se passe et ce que raconte Agnès Desarthe avec le talent qu’on lui connaît.
Dans Feu, Maria Pourchet met en scène Véra, ado rebelle qui est indignée en voyant sa mère, Laure, aimer Clément qui travaille dans une banque, un homme pas éduqué à être aimé.
Pour traiter avec un maximum de justesse ce sujet éternel qu’est l’amour, Maria Pourchet (photo ci-contre) a enquêté auprès de plusieurs hommes et peut parler avec justesse de cette virilité dénoncée mais qui reste bien réelle.
Anne Berest, La Carte postale :
En début d’après-midi, sous le soleil revenu, nous voici place Marcel Pagnol.
Ghislaine avait bien apprécié Anne Berest dans Gabriële, livre qu’elle avait cosigné avec sa sœur, Claire, pour raconter la vie tumultueuse de leur arrière-grand-mère. Voici donc cette autrice, seule cette fois pour répondre à Marie-Madeleine Rigopoulos aux questions sur son dernier roman : La Carte postale.
Cette fameuse carte postale reçue par sa mère représente l’Opéra Garnier, le timbre est collé à l’envers ce qui a une signification à découvrir et, fait encore plus étrange, les noms de quatre personnes déportées et mortes à Auschwitz figurent au dos de la carte. C’est à partir de ce document, qu’Anne Berest (photo ci-contre) se lance dans une quête sur l’histoire de sa grand-mère passant la ligne de démarcation, recueillie à Biot par un agriculteur puis qui intègre le réseau de René Char. La première partie va de 1919 à 1942 et la seconde parle d’aujourd’hui, de son enquête qui lui permet de constater que le passé est souvent plus mystérieux que notre avenir. Au fond, elle se demande ce que signifie être juif quand on n’a pas la religion, une question fondamentale.
Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel entre nous
et Emmanuelle Lambert, Le Garçon de mon père :
Pour notre dernière rencontre avec les écrivains invités aux Correspondances de Manosque 2021, nous finissons avec deux découvertes présentées par Élodie Karaki. Quoique, pour Emmanuelle Lambert…
Née d’un père monténégrin et d’une mère bosniaque, Jakuta Alikavazovic (photo ci-contre) est romancière et traductrice. Avec Comme un ciel entre nous, elle passe une nuit dans le musée du Louvre, en mars 2020, dans la salle des Cariatides, pour, comme elle le confie « redevenir la fille de son père. » Elle se souvient, enfant, dans cette même salle, devant La Joconde, que son père lui avait lancé : « Et toi, comment t’y prendrais-tu pour voler la Joconde ? »
Ceux qui ont lu Nos Correspondances de Manosque 2020 se souviennent peut-être que nous étions allés voir « Giono, une âme forte », un film de Fabrice Gardel dont le livre Giono, Furioso servait de trame, un livre signé : Emmanuelle Lambert (photo ci-contre). Elle l’avait écrit en complicité totale avec Sylvie Giono, la fille du grand écrivain, justement présente, assise, là, devant nous.
Dans Le Garçon de mon père, elle conte la plus grande histoire d’amour de Giono : son propre père. Giono, Furioso et Le Garçon de mon père sont deux livres poupées gigognes, entre bonheur et chagrin, très utiles pour entrer un peu plus dans l’intimité de celui qui vivait et écrivait au Paraïs.
Sylvain Prudhomme et Albin de la Simone : Les Orages,
lecture musicale et dessinée :
La programmation ne l’a pas fait exprès mais la météo a sûrement voulu coller au plus près puisque, pour le dernier soir des Correspondances 2021, Sylvain Prudhomme nous fait vivre plusieurs nouvelles de son dernier livre paru en janvier dernier : Les Orages.
D’emblée, sa lecture nous emporte, nous captive. Comment ne pas craquer en entendant si bien parler de ces voisins qui font l’amour et en font profiter tout l’immeuble ? Et puis, il y a La nuit où un couple est en vacances au bord de la mer avec ses deux enfants. La mère retrouve enfin goût à la vie avec cette magnifique séquence de baignade au petit matin alors que son mari est déjà reparti depuis plusieurs jours pour son travail, que leurs enfants dorment et que les bagages sont prêts pour le retour…
L’appartement permet d’évoquer un tas de souvenirs alors qu’il a été vidé et que cet homme, dernier occupant, va s’en aller, l’occasion pour Albin de la Simone (photo ci-dessus) qui nous a déjà régalés de plusieurs chansons, de démontrer ses talents de dessinateur.
Quelle soirée magnifique concluant superbement nos Correspondances de Manosque 2021 !
Ghislaine et Jean-Paul