Éric Fottorino : Dix-sept ans

Dix-sept ans       par      Éric Fottorino.

nrf, Gallimard (2018) 262 pages ; Folio (2020) 288 pages.

 

 

Dix-sept ans, titre du livre d’Éric Fottorino (photo ci-contre), est également l’âge qu’avait sa mère quand il est né. Dix-sept ans est un très beau roman autobiographique. Cet auteur en avait déjà commis d’autres mais sur son père ou plutôt ses pères (naturel et biologique) avec L’homme qui m’aimait tout bas.

 

 

Un dimanche de décembre, donc, se retrouvent dans la maison familiale acquise au début des années 1980, à vingt minutes de La Rochelle, conviés  par leur mètre à déjeuner, Éric, ses deux frères plus jeunes, plus exactement ses demi-frères, François et Jean, leurs compagnes et enfants. Éric est venu avec Sylvie et leur fille Apolline (11 ans), leur fils Théo étant retenu à Bordeaux pour un tournoi de foot avec les poussins Girondins.

 

Dès le début du repas, leur mère, Lina, annonce qu’elle souhaite parler à ses fils et à eux seuls. Stupeur ! « Ce déjeuner était un Waterloo. »

 

 

Elle va alors leur dévoiler ce secret qu’elle a tu jusque-là, à savoir que, très jeune, à 23 ans, le 10 janvier 1963, elle a accouché d’une petite fille qu’elle a été forcée d’abandonner dès sa naissance. Si François et Jean, ses frères, sont très émus à l’annonce de cette révélation, Éric, lui, reste de marbre.

 

 

Il rentre chez lui croyant que tout allait bien mais en fait, ne cesse de se poser des questions sur son désamour pour sa mère. Il tente de reprendre ses cours à la fac mais en véritable automate. Il annonce alors aux siens qu’il a décidé de partir quelques jours à Nice où il s’envole.

 

 

Et c’est à Nice où le narrateur Éric est né, qu’il va tenter de résoudre l’énigme de son existence et percer le mystère de cette mère quand elle avait dix-sept ans.

 

Pour cela, il va arpenter les rues de Nice, monter jusqu’au village d’Ascros où elle logeait, marchant à sa rencontre, dans ses pas. Il va peu à peu comprendre qu’on l’a dépouillé de son identité, qu’on lui a volé sa mère, son père et même sa judéité.

 

Cette quête du passé va lui permettre de retrouver la paix avec lui-même. C’est un roman très personnel dans lequel il réajuste la réalité au gré de sa plume, un roman touchant, émouvant, bouleversant, écrit avec beaucoup de justesse, de poésie et beaucoup d’amour.

 

 

Quelle écriture ! C’est un véritable cri d’amour pour sa mère, un roman qui, bien que très personnel, touche tout un chacun par l’universalité des sentiments.

 

 

La dernière phrase de cet ouvrage est absolument magique et m’a bouleversée !

 

Ghislaine

 

Dix-sept ans       par      Éric Fottorino.

nrf, Gallimard (2018) 262 pages ; Folio (2020) 288 pages.

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Retrouver Éric Fottorino (photo ci-dessous) est toujours un plaisir. Avec Dix-sept ans, il est encore une fois très émouvant car il traite de son histoire familiale peu ordinaire. La forme est romancée, certes, les noms de famille sont changés mais impossible, en cours de lecture, de ne pas être touché, interrogé, dérangé par cette quête pour retrouver ce que fut une mère dont la vie n’a pas été facile du tout.

 

Dans L’homme qui m’aimait tout bas, il m’avait fait partager la vie de son père d’adoption qui lui a fait aimer le vélo mais qui a mis un terme tragique à son existence. Dans Dix-sept ans, c’est avec Lina, sa mère, qu’il tente des retrouvailles qui déclenchent une cascade de souvenirs.

 

Elle avait 17 ans quand elle a mis Éric au monde mais celui-ci parle d’abord de cette fille, cette sœur née trois ans après lui. Cela permet tout de suite de voir le rôle joué par sa grand-mère qui est pieds et poings liés avec les représentants de la religion, les religieuses et les curés.

 

Déjà, pour Éric, elle n’a pas accepté que sa fille, mineure soit enceinte de Moshé, un étudiant en médecine juif et Tunisien. Alors, pour cette fille : « À cette époque, l’Église trafique à qui mieux mieux les bâtards des filles perdues. Des femmes stériles, une épreuve envoyée par le Seigneur, se font confectionner ces prothèses. Le simulacre est total. Le jour venu, le plus naturellement du monde, elles récupèrent l’enfant d’une autre qui devient aussitôt le leur puisque la mère, méprisable pècheresse, a été rejetée. Hosanna au plus haut des cieux. »

 

 

La situation familiale est des plus compliquées mais c’est à Nice où sa mère l’a mis au monde que se rend le narrateur. De nombreux chapitres s’y déroulent avant un retour à Bordeaux et sa région où leur vie s’est poursuivie.

 

Dix-sept ans est un roman d’une sensibilité exacerbée, riche d’amour, d’une recherche désespérée de l’autre avec quantité d’éléments familiaux et une observation du réel très pertinente.  Le quotidien, les ruptures familiales et leurs dégâts irréversibles ne peuvent s’effacer totalement mais les vies filent vite et il ne faut jamais attendre qu’il soit trop tard pour parler enfin.

 

Jean-Paul

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