Christophe Perruchas : revenir fils

revenir fils       par     Christophe Perruchas.

la brune au rouergue (2021) 278 pages.

 

 

Avec revenir fils de Christophe Perruchas, les éditions du Rouergue (la brune) ont publié un roman hors normes.

 

Dans ce livre, deux périodes bien distinctes se partagent la vie d’une famille, avec vingt ans d’écart : 1987 et 2007. Dès le début, je sens que rien n’est tout à fait normal. Ici, on garde tout. La mère conserve les boîtes de Nesquik vides, les étiquette après les avoir habillées et c’est bien utile pour conserver épices, condiments, farine, sucre, maïzena, spaghetti…

 

Le père est souvent sur la route avec sa 504 qui tracte une caravane pour les vacances. C’est bien pratique. Précision : ce père est désigné par l’Homme. D’ailleurs, il disparaît vite, tué dans un accident de la route. Le fils, principal narrateur, en classe de 4e, est fasciné par les gros seins d’Isabelle, « ses montagnes », et doit voir Mme Naigre, l’assistante sociale du collège tous les jeudis.

 

Avec l’argent de l’assurance-vie, la mère a pu acheter une 304 mais elle est hantée de plus en plus par celui qu’elle nomme « l’enfant Jean », ce grand frère d’avant, disparu tout petit.

 

Quand la mère s’exprime, elle utilise « on » ou « nous », parle de l’atelier poterie et de sa manie pour récupérer tout ce qu’elle peut. Elle entasse cela à la maison. De son côté, le fils craque pour Sofia et « ses collines ». Elle lui fait découvrir les plaisirs du sexe. Il trouve cela délicieux et charmant.

 

Brusquement, la mère ayant perdu la tête, la décision est prise de confier le fils à l’oncle Robert et à Jacqueline, son épouse. Il quitte alors Nantes pour aller vivre à Rennes, ce qui le coupe de ses amis Marc et Abdel mais surtout de Sofia et d’Isabelle. Quand la mère revient chez elle, après son hospitalisation, elle a complètement effacé son fils de sa mémoire pour ne parler que de l’enfant Jean et de l’Homme.

 

2007 me met soudain en présence d’un homme marié à Sandrine, père de jumeaux, Sacha et Louise. Ils sont en vacances à Batz-sur-Mer (photo ci-dessus). C’est la partie la plus intéressante et la plus émouvante qui commence.

 

La mère vit toujours dans sa maison encombrée au maximum et je suis pas à pas l’approche de cet homme qui tente de revenir fils auprès de cette mère vivant dans la crasse et cette multitude d’objets collectionnés, accumulés au fil des années. Moments tendres ou tendus, ce retour du fils me fait passer par tous les états car rien n’est simple pour cet homme qui laisse tout - femme, enfants, travail - pour tenter de renouer le contact et adoucir la fin de vie de celle qui lui a donnée le jour et l’a élevé.

 

Christophe Perruchas (photo ci-contre) écrit de façon percutante, donne quantité de détails impressionnants. Il m’a fait vivre avec effroi cette approche d’un fils vers une mère bien malade. C’est à la fois émouvant et repoussant mais cela donne un roman bien rythmé que j’ai aimé lire parce qu’il ne masque rien, aborde et décrit les faits crûment, avec toujours beaucoup de réalisme et sans négliger la tendresse.

 

revenir fils mérite d’être lu pour la qualité de son écriture et pour ce qu’il apporte sur notre condition humaine bien fragile, un passage d’une génération à l’autre terrible et plein d’espoir malgré tout.

 

Jean-Paul

 

 

 

 

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En cours de lecture, j'aime beaucoup pour l'instant
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