Joachim Schnerf : Cette nuit

Cette nuit       par    Joachim Schnerf.

Zulma (2018), 145 pages.

Prix Orange du Livre 2018.

 

 

En refermant ce livre, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Marceline Loridan-Ivens, décédée le 18 septembre 2018. Elle affirmait à François Busnel qui la recevait dans une Grande Librairie spéciale : « Je suis profondément athée. »

 

 

Alors, quand Joachim Schnerf écrit un roman axé sur la religion juive pour faire ressentir tous les tourments d’un homme, rescapé des camps de la mort, après le décès de sa chère Sarah, son épouse, c’est un peu trop et pourtant, je me laisse prendre car cette intimité avec la personne disparue est tellement intense et bien décrite que l’émotion gagne.

 

 

Cette nuit, c’est celle de Pessah, la Pâque juive, et Salomon souffre terriblement de l’absence de son épouse car c’est la première fois qu’il s’apprête à vivre ce moment fort de l’année sans elle. Remontent sans cesse les souvenirs de la Shoah. Salomon a été déporté à l’âge de 13 ans, avec ses parents qui ne sont pas revenus. À Auschwitz, c’est par l’humour qu’il repoussait l’horreur de ce qu’il vivait et c’est toujours par ce procédé qu’il écarte les mauvais souvenirs : « Nos peurs les plus profondes se mélangeaient à nos larmes railleuses, nécessaires. ».

 

 

Nous faisons connaissance avec sa famille : Michelle et Denise, ses deux filles et les deux gendres dont Patrick, époux de la première, se distingue par des maux de ventre, de célèbres diarrhées dans les moments importants. Michelle et Patrick ont deux enfants : Tania et Samuel.

 

 

 

Denise a épousé Pinhas, un juif séfarade. Ils n’ont pas d’enfant et sont toujours en retard : « Le génie séfarade réside peut-être dans cette jovialité à toute épreuve, cette insouciance parfois énervante. » Malgré tous ces soucis familiaux, la peine de Salomon est immense et le deuil très réglementé dans la religion juive balise une année complète.

 

 

Photo ci-dessus : Au Centre Jean Giono, à Manosque, en 2018, nous avions eu la chance de rencontrer Joachim Schnerf grâce à Dominique Sudre et à Lecteurs.com.

 

 

 

Les souvenirs d’une vie remontent et tout se mélange dans l’esprit alors que Tania remet en cause l’existence de « D'ieu » comme l’écrit l’auteur pour montrer qu’un juif n’a pas le droit de nommer Dieu, ni d’écrire son nom, s’évertuant à le désigner par d’autres formules., comme l’a expliqué Joachim Schnerf (photo ci-contre) lors de notre rencontre aux Correspondances de Manosque.

 

 

 

 

 

Petit bijou de délicatesse, ce livre est le second d’un auteur prometteur car l’humour et la finesse de son roman laissent espérer encore de belles pages.

Jean-Paul

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C
Je ne connaissais pas et ça pourrait bien me plaire ! je prends note.<br /> Bonne journée !
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