Illana Cantin : Rose rage

Rose rage   par  Illana Cantin.

Hachette (2020), 285 pages.

Ameline Brillant élève de 1^ère S, victime d'agression sexuelle au lycée Olympe de Gouges, est renvoyée de l'établissement suite à une altercation avec son agresseur. Une injustice de plus  dans ce lycée pense Rachèle. Martin qui travaille avec elle au journal du lycée, veut qu'ils écrivent  un truc dessus et donner la parole à Ameline. Pour cela, c'est Rachèle qui ira l'interviewer. Elle en revient secouée et décide de s'occuper seule du numéro spécial. Elle va, en fait durant la nuit composer un tract imprimé sur papier rose qui sera distribué dès l'ouverture, le lendemain, à toutes les filles, toutes les femmes de l'établissement, les appelant à faire grève : Toute sa rage imprimée sur papier Rose, d'où le titre : Rose rage.

Illana Cantin (photo ci-dessous) délivre dans ce roman un message féministe à l'attention des jeunes.

Un beau clin d'œil déjà, d'avoir choisi comme nom pour le lycée celui d'Olympe de Gouges, celle-ci, une des pionnières du féminisme français étant l'auteure de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. En effet, les filles vont devoir mener une rude bataille pour faire honneur à ce nom !

J'ai trouvé intéressant la manière dont Rachèle et les quelques filles qui vont la soutenir dès le début vont progressivement trouver les moyens de mener ce combat qui consiste à dénoncer l'injustice dont a été victime Ameline et comment par de nombreuses discussions entre elles, elles vont élargir le débat. La misandrie, ce sentiment négatif à l'égard de la gent masculine dans son ensemble est même à l'ordre du jour, lorsque Manon refuse la participation de Martin, qui s'était porté volontaire pour les aider. Leur position évoluera un peu au fil du roman.

L'autre point très important mis en avant est la solidarité, solidarité entre elles qui leur permet d'affronter la hiérarchie et leur permet de prendre confiance en elles.

Le harcèlement sexuel, le harcèlement sur les réseaux, l'importance prise par ces mêmes réseaux dans la transmission des infos, le poids de l'éducation parentale, de l'opinion publique, la couleur de peau, le regard des autres et les complexes qui peuvent découler des moqueries sont autant de thèmes abordés dans ce bouquin. Chaque chapitre est amené par une page entière où est inscrit le titre en gros caractères, titre définissant bien l'action qui va suivre. Tous commencent par "Les filles ...", ainsi, on trouve : Les filles parlent, Les filles réagissent, ... Les filles paniquent...

Un sujet tout à fait actuel si l'on veut briser le silence sur toutes les violences faites aux femmes.

Un seul fait m'a néanmoins fait tiquer : lorsqu'Immane dit à Rachèle qu'elle aimerait porter son voile et que cette dernière lui dit que c'est à elle de juger. Ne plus vouloir la domination de l'homme, et se soumettre à une religion sont pour moi antinomiques.

Ghislaine