Pierre Rivory : Le Sorcier du Pilat

Le Sorcier du Pilat        par    Pierre Rivory.

Les éditions de Phénicie (2021) 269 pages.

 

 

En lisant Le Sorcier du Pilat, j’ai repris la roue de Pierre Rivory, un homme, un champion, un éducateur qui a bien fait de raconter tout ce qu’il a entrepris et réussi dans sa vie, sans en masquer les échecs.

 

Si j’ai eu la chance de porter le même maillot que lui à l’AC Annonay, en 1970, j’ai surtout beaucoup apprécié sa période pélussinoise. En effet, Rivory-Sports, le magasin qu’il avait ouvert dans ce gros bourg niché au pied du Mont Pilat, dans la Loire, a été un lieu très apprécié d’approvisionnement en matériel cycliste mais aussi en équipement de ski de fond. De plus, le club cycliste que j’avais créé collabora un temps avec l’UC Pélussin avec participation aux interclubs et une aide indispensable de Rivory-Sports figurant sur nos maillots.

Photo ci-dessus : L'AC Annonay 1970. Au premier rang, à droite, votre serviteur avec, juste derrière, Pierre Rivory et Christian Blain.

Ensuite, l’élan pris par l’UC Pélussin, son envergure nationale et internationale, a fait bifurquer nos destinées mais la passion pour le cyclisme et l’éducation des jeunes est restée la même.

 

Préfacé par Vincent Lavenu, le directeur sportif de l’équipe professionnelle AG2R Citroën, Le Sorcier du Pilat débute par un rappel utile : Pierre Rivory inculquait les fondamentaux à ses coureurs et appliquait avec rigueur ses principes pour la diététique, l’entraînement et le matériel.

 

Si Vincent Lavenu, membre de l’équipe professionnelle Saint-Étienne-Pélussin, est passé pro, c’est grâce à Pierre Rivory.

 

Comment ce garçon, né le 22 septembre 1945 à Pélussin, est arrivé à s’imposer dans le cyclisme amateur, à passer professionnel, à faire le Tour de France puis à réussir un parcours extraordinaire d’éducateur, de directeur sportif, de dirigeant ? Ce serait trop long à détailler mais ce huitième enfant d’une famille de dix qui a commencé à travailler dès l’âge de 14 ans, emprunte le vélo de ses sœurs, réussit à se payer son premier vélo de course avec ses premiers salaires d’ouvrier au Péage-de-Roussillon. Il prend sa première licence au VC Dorlay, s’entraîne après l’usine, joue au foot, refait du vélo et remporte un premier bouquet à Bourgoin-Jallieu (Isère).

 

Seize mois de service militaire sont une parenthèse lui permettant de s’endurcir encore. Dès son retour, il reprend les courses mais démontre déjà son intérêt pour les méthodes d’entraînement des cyclistes et des sportifs. Les stages qu’il suit avec Daniel Clément, un fameux formateur dont j’ai pu apprécier aussi les qualités au CREPS de Voiron, lui permettent d’apprendre pour restituer son savoir aux plus jeunes.

 

Avec un souci admirable du détail, sans négliger les anecdotes, Pierre Rivory conte ses années chez les amateurs, années inoubliables, pour moi, avec la fameuse triplette constituée avec Charly Genthon et Christian Blain, à l’AC Annonay.

 

Sa carrière professionnelle est marquée par son douloureux abandon, le lendemain de l’étape Saint-Étienne Grenoble du Tour 1971, étape qui devait lui apporter la gloire mais qui lui causa une amère désillusion. Le grand Merckx et les cadors du peloton, vexés par son échappée fleuve alors que le Tour passait chez lui, lui font payer cela d’une manière qui n’ajoute rien à la gloire du cyclisme. Ce jour-là, j’étais au somment d’une petite côte, près de Beaurepaire (Isère), et j’ai eu la chance de voir passer Pierre Rivory, seul en tête. J’étais loin de savoir ce qui se tramait pour lui faire payer son audace ! Le lendemain, très malade, il dut abandonner, apprenant par la suite que, la veille, à Grenoble, on lui avait « salé sa soupe »…

 

Pierre Rivory met un terme à sa carrière de coureur cycliste professionnel après deux saisons et ouvre Rivory-Sports à Pélussin où commence une formidable aventure avec l’Union Cycliste Pélussin, un club qu’il va mener au firmament du cyclisme amateur, révélant quantité de talents. Rigueur, sérieux, discipline, respect des consignes, stages pour la cohésion du groupe permettent à Pierre Rivory d’emmener ses coureurs dans de nombreuses courses à étapes un peu partout en France et à l’étranger. Cela débouche même sur une équipe professionnelle avec Saint-Étienne-Pélussin-Manufrance. Hélas, l’expérience tourne court suite au changement de municipalité à Saint-Étienne.

 

 

La vie sportive et familiale de Pierre Rivory se passe dès lors de l’autre côté du Mont Pilat, à Saint-Étienne mais cela n’empêche pas des voyages pour des courses à étapes, en Martinique, en Égypte et en Colombie. Après avoir développé le cyclisme à l’école, organisé des manifestations, siégé dans les instances dirigeantes de la Fédération Française de Cyclisme, tâté à nouveau du haut niveau avec l’Espoir Cycliste Saint-Étienne-Loire, il n’hésite pas à apporter son savoir-faire au Critérium du Dauphiné, au Tour de l’Ain, etc…

 

 

Quand il peut prendre sa retraite, à 56 ans, avec toutes ses annuités, il s’adonne à la marche à pied avec Denise, son épouse. Ils ont même deux ânesses, accueillent des marcheurs qui les motivent pour rallier Compostelle à plusieurs reprises par différents chemins.

 

J’ai beaucoup aimé lire Le Sorcier du Pilat, cette autobiographie d’un homme que j’ai pu apprécier à une époque de ma vie et je remercie beaucoup Denis Sonier qui m’a permis, par l'intermédiaire de Chirat Blanc, de la lire alors que des impératifs familiaux m’avaient empêché d’être présent à la présentation du livre par l’auteur dans la librairie Le Coin des Livres (photo ci-dessus : le débat était animé par Yves Rivory, neveu de Pierre, à droite) de Davézieux (Ardèche).

 

Ainsi, dans cet ouvrage illustré par de nombreuses photos dont un cahier central en couleurs, j’ai pu redécouvrir toute une période vécue mais apprendre aussi quantité de choses sur celui qu’un journaliste dénomma « Le Sorcier du Pilat », un homme que j’admire.

 

Jean-Paul

 

 

 

 

 

 

 

 

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