Prix Clara 2017 : Nouvelles d'ados

Nouvelles d’ados      Prix Clara 2017.

Éditions Héloïse d’Ormesson (2017), 188 pages.

 

Connaissez-vous le Prix Clara ?

 

 

 

Je dois avouer que je ne connaissais pas ce prix littéraire créé en mémoire de Clara, décédée subitement à l’âge de 13 ans des suites d’une malformation cardiaque. Elle aimait lire et écrire. C’est pourquoi le Prix Clara est ouvert aux adolescents (moins de 17 ans). Pour participer, il suffit de rédiger une nouvelle, sans l’aide de personne et de l’adresser aux Éditions Héloïse d’Ormesson avant une date limite fixée en mai de chaque année. Les bénéfices de la vente du livre sont versés à l’Association pour la recherche en cardiologie, du fœtus à l’âge adulte, de l’hôpital Necker-Enfants malades.

 

 

Je remercie Lecteurs.com et les Éditions Héloïse d’Ormesson de m’avoir permis cette belle découverte (édition 2017), une lecture passionnante, étonnante de huit nouvelles, chacune étant introduite par une page de présentation par l’auteur(e) elle-même ou lui-même.

 

 

Amélie Gyger (17 ans) ouvre ce livre avec Le rôle d’une mère. Au début, il semble que ce soit une femme qui s’adresse à ses enfants mais… J’ai été impressionné par le déferlement du vocabulaire, de situations, d’éléments du monde entier. Je cite juste ce passage éloquent : « Chaque jour vous me foulez de vos pieds. Chaque jour vous pillez un peu plus ce qui, d’après vous, vous revient de droit. Sans jamais me remercier. »

 

 

Suit RER A, la nouvelle qui m’a le plus impressionné tellement Chloé Kerlau rend bien la banalité de plusieurs vies qui se croisent, se rencontrent sans se douter du pire, toujours possible : « Le train, lui, avance paisiblement. Il est la constante de l’équation, le pilier de ces milliers d’existences. » Excellente nouvelle conclue ainsi : « La douleur est subie mais la souffrance est une accusation. Je vous en prie, ne survivez pas, vivez. »

 

 

Claire Kozlow se présente de façon originale avant de débuter Imagine Girls like Girls, une belle histoire d’amitié entre Rose et Lily, menée tout en délicatesse et subtilité : « La beauté de Rose n’a pas besoin d’artifice, elle se distingue des autres par son éclat. Elle a quelque chose qui subjugue et hypnotise les humains, hommes et femmes. » Mais aussi : « Lily, ça fond dans la bouche comme un bonbon… Lily est d’une rare pureté. Lily est tout simplement féerique. »

 

 

La pie a été écrite par Cléa, nom de plume de Corinne (16 ans). Elle nous plonge dans le roman que Violette est en train d’écrire. Cela dure six ans et la voilà qui défend son texte devant l’éditeur alors que ses personnages lui parlent dans sa tête.

 

 

Chili 73 de Maélis Letté-Branche (14 ans) m’a vraiment touché. Elle donne la parole à Sebastián Melior, 20 ans le 4 octobre 1973, à Santiago du Chili où il est arrêté parce que membre d’un club communiste. Salvador Allende est mort depuis une semaine : « C’est maintenant le général Augusto Pinochet qui occupe le palais présidentiel, même si ce titre ne convient plus. » La suite est terriblement réaliste et remet justement en mémoire les horreurs commises en toute impunité. Saisissant et tellement important de ne pas oublier !

 

 

Lilou Marbais, à peine 16 ans, a écrit Jusqu’au bout, encore une nouvelle qui prend aux tripes avec l’histoire de Laura, « l’intellote », prise en grippe par les autres filles de sa classe, harcelée, brutalisée, insultée, moquée sur les réseaux dits sociaux : « Et je me raccroche à l’idée de tenir jusqu’au bout, je me raccroche à l’espoir de sortir un jour de ce cauchemar. » Pendant tant de souffrances, les adultes ne voient rien ou minimisent…

 

 

Le Chaperon rouge de Gabrielle Mpacko Priso, une bachelière de 16 ans, donne la parole à une femme qui parle d’un mari qui chasse et ramène des proies à la maison. Un climat très malsain jusqu’à une fin stupéfiante !

 

 

Enfin, voici le garçon de la sélection : Victor Plantefève, élève de Terminale S, qui livre Une vidéo. Avec un microscope électronique surpuissant qui produit une vidéo dans laquelle chacun peut deviner ce qui l’attend plus tard, ce jeune écrivain fait œuvre de science-fiction. Simon, son héros, n’en revient pas : « Il n’avait jamais ressenti autant d’émotions en si peu de temps. Haine, pitié, jalousie, tristesse, joie, reconnaissance et même mansuétude. » Après bien des déboires et une vague de suicides sans précédent, Simon prouve que rien n’est prédestiné, qu’il faut se battre pour arriver, pour réussir sa vie. Une leçon à retenir.

 

Je souhaite à ces jeunes écrivains de réussir à publier, un jour, leur premier roman car ils débordent de talent.

Jean-Paul

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