Colombe Schneck : Les guerres de mon père

Les guerres de mon père        par      Colombe Schneck.

 Stock (2018) 340 pages ; Le Livre de Poche (2019) 336 pages.

Prix Marcel Pagnol 2018.

 

 

« Il avait survécu aux destructions et aux rafles, aux morts injustes et à la torture, aux terreurs, à l’humiliation et à la peur, à la honte, à l’exil, à la perte encore ; il avait été confronté, enfant, adolescent, jeune homme, à la violence et l’inhumanité. » Ces quelques mots donnent le ton de la quête menée par Colombe Schneck (photo ci-contre), partie à la recherche de son père, mort trop jeune et dont la vie a été marquée par tant de traumatismes.

 

 

 

Les guerres de mon père me rappelle un peu la façon dont Philippe Jaenada mène ses enquêtes avec ces rencontres réussies ou non, ces recherches dans les archives, ces questions posées pas toujours résolues et ce souci du détail si important quand on est sur les traces d’un passé qui s’enfuit trop vite.

 

 

 

Ce travail, détaillé avec talent, ne fut pas simple car Pierre, son oncle, ne mit pas beaucoup d’enthousiasme pour l’aider. Petit frère de sa mère, il avait présenté Catherine à son ami Gilbert qui en était tombé aussitôt amoureux. Or, Gilbert était déjà marié à Hélène, sa sœur... Avec elle, ils avaient deux enfants, un garçon et une fille qui venait de naître : Colombe Schneck.

 

 

 

Pour mieux connaître ce père « amoureux de plusieurs filles en même temps, refusant de choisir », sa fille remonte dans le passé de la famille, grands-parents paternels et maternels. Elle note : « Le passé de Gilbert, avant la guerre, avant sa naissance, était déjà lourd de destructions et de fantômes.»

 

 

 

Majer Schneck, le grand-père, né en 1902, en Galicie, aujourd’hui en Pologne, déjà obsédé par les filles, a vécu les mesures contre les magasins juifs, les pillages, les meurtres, les viols, en 1918 et 1919. Ses parents, tués parce qu’ils sont juifs laissent Majer seul. Il a 16 ans et fuit. En 1920, il est en France, à Strasbourg mais continue à parcourir l’Europe comme voyageur de commerce.

 

 

 

Ce passé, bouleversé par la haine, se poursuit en France où le calme enfin trouvé ne dure pas. Les nazis qui n’ont rien inventé en matière d’antisémitisme, pousseront cette horreur au paroxysme, trouvant chez nous bien trop d’échos favorables.

 

 

 

Colombe Schneck, journaliste que j’aimais écouter sur France Inter, ne suit pas un parcours linéaire. Elle fait des retours en arrière, se projette dans le présent, parle de sa vie à elle, puis revient avec son père mettant en valeur les gens qui l’ont sauvé durant l’occupation allemande.

 

 

 

Elle souligne aussi l’ignominie commise par ces hauts fonctionnaires faisant du zèle pour fournir des listes aux nazis, se réfugiant lâchement derrière l’obéissance aux ordres. Il n’y a pas eu beaucoup de Jean Moulin.

 

 

 

Puis il y a la guerre d’Algérie où il soigne et découvre la torture. Ensuite, à Paris, une vie familiale coupée en deux et ce constat : « La littérature nous a sauvés et nous a aussi protégés de ceux qui jugent sans comprendre. » Enfin, Colombe Schneck avoue : « Il y a très peu de temps, j’ai accepté qu’il était mortel, faillible et infidèle. »

Jean-Paul

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