Thomas B. Reverdy : Climax

Climax       par    Thomas B. Reverdy.

Flammarion (2021) 333 pages.

 

J’avais particulièrement apprécié L’hiver du mécontentement (Prix Interallié 2018), dans lequel Thomas B. Reverdy s’intéressait aux années Thatcher, socialement féroces et destructrices. Aussi, après avoir écouté l’auteur lors des Correspondances de Manosque 2021, je n’avais qu’un souhait, lire Climax. D’autant que le sujet portait sur le réchauffement climatique, un thème qui m’intéresse particulièrement, et, je pense,  peut, ou du moins devrait intéresser tout un chacun.

 

L’action se situe autour d’un village de pêcheurs niché au creux d’un bras de mer qui s’enfonce comme une langue, à l’extrême nord de la Norvège, au nord de Tromsø et du cercle polaire où la nuit dure presque trois mois. Ces dernières années, grâce à l’exploration pétrolière, a été construit sur l’autre rive tout un port de commerce moderne, un des premiers ports de l’arcoil, le pétrole de l’Arctique.

 

Deux évènements se produisent : un accident sur la plateforme de forage au large, dans lequel deux Russes perdent la vie avec un troisième dans un état critique et une fissure qui menace dangereusement le glacier. Et si tout était lié ?

 

Ces faits vont remettre en présence la bande d’amis des années 1990.

 

Noah, devenu peu à peu spécialiste de l’offshore pétrolier et des forages en eaux profondes, revient au pays, en mission pour expertiser le plancher océanique et ses couches géologiques, suite à l’accident survenu sur la plateforme Sigurd, la première de ce type à passer l’hiver dans une mer possiblement recouverte de banquise. Il retrouve  Anå, son amour de jeunesse qui va voir 43 ans et est mère de deux garçons.

 

Quant à Anders, géologue lui aussi, glaciologue plus exactement, lui n’a jamais quitté le nord, le Spitzberg et la banquise. Il analyse, écoute, observe, surveille le glacier, consacrant son expertise à la recherche, tenant des carnets dans lesquels il fait l’inventaire, garde la trace  des animaux qu’il voit peu à peu disparaître sur la banquise. Il y a aussi Knut, revenu un peu fou de l’armée, qui vit isolé avec des chiens qu’il dresse comme une armée secrète.

 

Dans Climax, ce récit de fin du monde dans  le contexte de réchauffement climatique , Thomas B. Reverdy alterne le déroulement des faits et l’action des divers protagonistes avec les jeux de rôle dans lesquels ceux-ci ados se racontaient les vieilles légendes nordiques de la mort des mondes et du crépuscule des dieux, Noah en était alors le « maître du jeu », tout en intercalant des  éléments scientifiques montrant comment l’élévation de la température perturbe le fragile équilibre d’un territoire et menace un certain nombre d’espèces. « La banquise fracturée se met à dériver dangereusement. Menaçant le territoire naturel des ours blancs, le lieu de reproduction des phoques et de la morue arctique, elle-même proie de plus gros poissons, ainsi que de nombreux oiseaux migrateurs comme le macareux, le mergule, la fonte de la glace de mer est un désastre ».

 

J’ai le regret d’avouer que je me suis passablement perdue dans les passages concernant ces légendes nordiques. Elles m’ont empêchée de savourer pleinement ce bouquin.  Je les ai trouvées beaucoup trop détaillées et je n’ai même pas apprécié le côté humoristique qui clôturait ces passages conseillant de se rendre par exemple au chapitre 7 pour connaître la suite. Dommage pour moi de ne pas en avoir saisi la portée…

 

Véritable interrogation sur l’avenir de notre planète, Climax pourrait se lire comme un livre d’aventures mais l’enjeu est trop grave et il est difficile après sa lecture de rester optimiste.

 

Non seulement, le changement est en cours, mais certains ont compris tout le profit qu’ils pouvaient tirer du réchauffement et vont encore l’accentuer à seul but de profit, mettant tout l’écosystème en péril…

 

Non seulement l’homme est responsable du réchauffement climatique, mais, plutôt que d’en tirer la leçon et de faire le maximum pour le limiter, continue à l’aggraver. Évidemment, Climax est une fiction, et peut-être tout n’est pas irrémédiable, mais l’urgence est là.

 

Par bonheur, le personnage de Anders qui garde toujours  un œil rêveur et émerveillé sur la beauté qui l’environne apporte une note poétique. Il aime la solitude et la nature, affirmant « La solitude, dans la nature, ce n’est pas pareil… Dans la nature, on a pour soi la beauté du monde » : une belle note lumineuse dans ce monde déréglé ! Quant à Knut nous savourons par procuration sa vengeance avec ses chiens sur ce Russe trafiquant et son équipe.

 

Climax est un roman très contemporain et un roman à suspens, même si l’on en pressent l’issue, roman dans lequel Thomas B. Reverdy effectue un constat écologique pour le moins alarmisteCe magnifique décor du grand Nord  dans lequel se déroule l’aventure apporte une splendide touche lumineuse avec la beauté de la nature mais,  malheureusement,  avec le réchauffement climatique et la fonte des glaces,  prend une dimension crépusculaire.

 

Lorsque j’avais visité ces fjords, en allant jusqu’au Cap Nord, j’avais été époustouflée par ces paysages enchanteurs à couper le souffle, loin de me douter des conséquences apportées par la présence de l’homme sur terre. C’est terrifiant de savoir que ces contrées magnifiques sont sans doute amenées à terme à être complètement bouleversées…

Ghislaine

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