Timothée de Fombelle : ALMA tome 2, L'enchanteuse
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Alma, tome 2: L’enchanteuse par Timothée de Fombelle.
Illustré par François Place.
Gallimard Jeunesse (2021) 422 pages.
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J’avais dévoré et fort apprécié le premier tome Alma - Le vent se lève de Timothée de Fombelle et j’ai à nouveau été conquise par le deuxième Alma – L’enchanteuse.
Il m’a fallu quelques pages pour me remettre en mémoire tous les personnages aimés ou haïs lors du premier tome, mais ensuite, quelles aventures et quelle plongée dans la traite négrière de ce XVIIIe siècle !
Nous sommes début1787 et Alma et Joseph ont rejoint Saint-Domingue.
Tous deux sont sur les traces du navire La Douce Amélie, Alma pour retrouver son petit frère Lam, et Joseph, lui , pour retrouver ce fameux trésor insaisissable que le navire négrier renferme et que beaucoup convoitent. Leurs chemins vont alors se séparer, chacun étant porté par sa propre quête. Malgré des itinéraires très différents, ils espèrent cependant, se retrouver un jour, rêvant « d’une lune qui s’éteint et de retrouvailles sous un pont ».
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Notre héroïne va poursuivre la recherche de son frère dans les plantations de canne à sucre et les champs de coton de Louisiane, parmi les milliers d’esclaves qui se battent pour survivre, sous la protection au début, de Santiago Cortès, el principe del cacao.
Joseph, quant à lui traverse à nouveau l’Atlantique pour se rendre vers le Royaume de France.
De multiples aventures vont jalonner ce récit emmenant le lecteur à Saint-Domingue, en Louisiane, en France mais aussi en Angleterre grâce aux péripéties des nombreux autres personnages comme Nao, Amélie Bassac, Jean Saint-Ange, Gabriel Cook, Cortès... . Ces personnages vont d’ailleurs curieusement se frôler, se croiser, nous laissant espérer souvent pour certains, qu’ils se rencontrent enfin, mais ce n’est pas encore l’heure, semble-t-il…
C’est ainsi qu’au travers de ce roman d’aventure flamboyant, Timothée de Fombelle nous immerge au plus profond de ce qu’a pu être l’esclavage. Les conditions de vie ou plutôt de survie de ces hommes et de ces femmes sont absolument terrifiantes tant le travail demandé est harassant et la façon dont ils sont traités, inhumaine, les propriétaires étant obnubilés par le rendement, le rendement et l’enrichissement.
Avec la condition effroyable des esclaves dans les champs de coton, on assiste à l’industrialisation du travail et de la souffrance humaine.
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Ce second opus développe les réalités de l’esclavage avec maintes précisions sur cette atroce organisation tout en mettant en exergue le courage et la volonté de ces victimes de la traite.
Nouveauté, en cette année 1787, on assiste aux prémices de l’abolition de l’esclavage portées par un certain Thomas Clarkson dont l’enquête menée dans le grand port négrier qu’était alors Liverpool, vient perturber cette énorme machine aux bénéfices incalculables.
Si on parle d’abolition en Angleterre, dans le Royaume de France, en mai 1789, la situation est de plus en plus critique et le pouvoir de Versailles commence à vaciller.
Il reste à saluer le travail de l’illustrateur François Place (photo ci-dessus) dont les dessins avaient déjà magnifié le célèbre premier roman. Ici, encore ses belles et sobres illustrations pleine page apportent un plus non négligeable sur l’époque.
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La carte située en début d’ouvrage est la bienvenue, elle permet aux lecteurs plus jeunes, comme aux plus anciens, de bien situer ce périple entre Amériques et Europe.
Alma, L’enchanteuse de Timothée de Fombelle (photo ci-dessus), tout comme Alma, Le vent se lève, le premier tome, est un conte parfaitement orchestré qui allie superbement l’Histoire et l’aventure. Un souffle épique parcourt cette épopée qui, loin de s’essouffler trouve ici sa véritable envergure autour d’une intrigue savamment construite.
C’est avec une grande impatience que j’attends le dernier tome prévu pour 2023 et qui devrait clôturer cette trilogie !
Ghislaine
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Alma, tome 2: L’enchanteuse par Timothée de Fombelle.
Illustré par François Place.
Gallimard Jeunesse (2021) 422 pages.
C’est avec grand plaisir que j’ai retrouvé Alma, de Timothée de Fombelle, pour le tome 2 de sa trilogie. Alors que j’avais été emballé, pris sous le charme complet d’Alma, Le vent se lève, je ressors un tout petit peu désenchanté de ce second volet intitulé Alma, L’enchanteuse…
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Bien sûr, j’ai retrouvé Alma, cette fillette arrachée à son Afrique natale, se retrouvant au cœur du trafic honteux d’êtres humains soumis à l’esclavage. Seulement, avec elle, se greffent de plus en plus de personnages aux intentions pas toujours bien nettes.
Nous sommes le 26 mars 1787 et Amélie Bassac, la fille du fameux armateur de La Rochelle, est à Saint-Domingue où sa présence dérange pas mal les habitudes. Avec sa gouvernante, Madame de Lô, elle va s’installer aux Terres Rouges, la propriété familiale où les esclaves noirs sont moins bien traités que des bêtes, leur force de travail exploitée au-delà des limites pour la culture de la canne à sucre.
Un nombre incalculable de péripéties jalonne le récit remarquablement illustré par François Place avec des pleines pages en noir et blanc, au dessin fin empreint de douceur.
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L’auteur m’emmène en Angleterre, même en Australie que les Anglais commencent à coloniser à Botany Bay, sur la côte orientale de ce continent où ils massacrent la nature et les peuples vivant déjà sur place. Au passage, voici deux frégates françaises, L’Astrolabe et La Boussole, commandées par le Comte de La Pérouse (1741-disparu en 1788). Marins, savants, peintres, géologues et naturalistes accomplissent un tour du monde passionnant dont, hélas, ils ne reviendront pas mais Timothée de Fombelle fait bien de mettre en lumière, au passage, cette expédition très différente de celles qui écument les mers en cette fin du XVIIIe siècle.
Alors qu’Alma cherche Lam, son petit frère, avec un courage admirable, d’autres sont obsédés par le fameux trésor caché sur La Douce Amélie : quatre tonnes et demie d’or ! Gabriel Cook, ancien cuisinier sur ce bateau des Bassac, et Jacques Poussin, maître-charpentier sont prêts à tout pour accaparer ce trésor que l’ex-comptable du père d’Amélie, Jean Saint-Ange, est certain d’avoir récupéré.
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Au passage, j’ai bien apprécié l’immense courage de Thomas Clarkson (1760-1846) - photo ci-contre - qui se bat pour faire cesser la traite des esclaves, au péril de sa vie car il menace d’énormes intérêts, à Liverpool, la capitale mondiale de cet abominable commerce. Heureusement, son action commence à avoir des échos en France où Brissot, Clavière et Mirabeau ont créé la Société des amis des Noirs. Il faut dire que chez nous ça bouge beaucoup puisque Louis XVI a enfin accepté de convoquer les États-Généraux tout en continuant à mobiliser cinq cents personnes pour ce que l’on appelle « le service de la bouche du Roi ».
Joseph Mars apprend à lire à Alma. Elle n’oublie pas sa vallée d’Isaya et son peuple Oko qui vivait heureux dans ce coin d’Afrique, en complète harmonie avec la nature. Mosi, son père, retrouvera-t-il Nao, son épouse et ses enfants ?
Pour le savoir, il faudra patienter jusqu’en 2023 et continuer à se régaler tout de même avec une trilogie classée « Jeunesse » mais qui passionne bien au-delà…
Jean-Paul