Cécile Coulon : Seule en sa demeure
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Seule en sa demeure par Cécile Coulon.
L’Iconoclaste (2021) 333 pages ; Voir de près (2021) 600 pages.
Après m’avoir régalé avec Trois saisons d’orage puis Une bête au Paradis, je retrouve avec grand plaisir l’écriture délicieuse de Cécile Coulon qui avait su bien présenter son dernier roman, Seule en sa demeure, aux Correspondances de Manosque 2021 (photo ci-dessous).
Avec un souci constant du mystère et du suspense, cette jeune autrice me plonge au cœur du sort des femmes, en plein XIXe siècle, dans le Jura.
Un homme doux, très croyant, mène d’une main très ferme un vaste domaine forestier, la forêt d’Or. Il se nomme Candre Marchère. Il avait 5 ans quand sa mère est morte d’un arrêt cardiaque juste avant de communier dans l’église des Saints-Frères. Alors, c’est Henria, la fidèle servante qui a pris le relais pour élever Candre comme son fils, un fils qu’elle a d’ailleurs et qui se prénomme Angelin. Cécile Coulon a de l’imagination pour prénommer ses personnages…
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À 26 ans, Candre est déjà veuf. Il courtise Aimée, fille d’Amand et Josèphe Deville, qui, elle, a grandi avec son cousin, Claude. Ce dernier rêve de carrière militaire en espérant un meilleur sort que son oncle, Amand, revenu fortement handicapé de sa première campagne. Autour d’Aimée, il voit juste dans ce qui se trame et son rôle sera important au cours de cette histoire qui, peu à peu, devient très angoissante.
Cécile Coulon, peu à peu, nous amène donc jusqu’au mariage entre Candre et Aimée puis sait à merveille faire partager les doutes, les interrogations d’une jeune femme attendant les assauts de son mari alors qu’ils ne partagent pas la même chambre.
Henria, la servante au physique imposant, est toujours là mais son fils, Angelin est muet. Aimée apprend, horrifiée, qu’on lui a coupé la langue parce qu’il passait, disait-on, son temps à jouer dans des lieux mal famés.
Enfin, et surtout, il y a l’histoire d’Aleth, la première épouse de Candre, morte après quelques mois de mariage, dans un sanatorium, en Suisse.
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Alors que le père d’Aimée décède subitement, Candre décide de payer des cours de musique à son épouse qui s’ennuie. Pour cela, il fait venir, à grands frais, la meilleure professeure du Conservatoire de Genève : Émeline Lhéritier, pour qu’elle lui apprenne à jouer de la flûte traversière.
Débutent alors des séances de maintien qui font grand bien à Aimée. C’est à partir de là que tout s’accélère et se dégrade, même si cela semble bien fonctionner, au lit, entre les jeunes époux.
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Le cousin Claude, Angelin, Émeline, Henria et Aimée jouent un rôle important et décisif permettant d’expliquer tous ces mystères alors que l’autrice fait bien revivre le monde rural et surtout cette nature omniprésente. Candre Marchère est un propriétaire aisé qui mène son domaine d’une main de fer dans un gant de velours, bien abrité derrière une pratique religieuse très confortable. On se déplace en berline tirée par des chevaux mais Aimée, Seule en sa demeure, doit se montrer très forte pour décrypter tout ce qui s’est passé et se passe encore autour d’elle.
Cécile Coulon, sans négliger le petit monde des domestiques et des ouvriers du grand propriétaire et exploitant forestier, a réussi un nouveau grand roman au cœur d’une époque déjà lointaine où chaque femme mariée pouvait subir son sort ou tenter de savoir, de mettre au jour les secrets d’un monde masculin tout puissant.
Jean-Paul