Céline de Roany : De si bonnes mères
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De si bonnes mères par Céline de Roany.
Les Presses de la Cité (2022) 474 pages.
En juillet 2019, à la découverte du cadavre putréfié d’une femme mutilée près de La Baule, la capitaine à la PJ de Nantes, au nom imprononçable, Céleste Ibarbengoetxea et son adjoint le lieutenant Ithri Maksen sont dépêchés sur les lieux.
Deux mois plus tard, dans le parc naturel régional de Brière (photo ci-dessus), un jeune homme de vingt ans est retrouvé mort, une décharge de chevrotine en pleine tête, puis c’est le corps supplicié d’une jeune femme, une véritable boucherie.
Le duo est alors appelé en renfort de la gendarmerie par le substitut du procureur de St-Nazaire, à cause des similitudes de ce dernier crime avec celui non encore élucidé, qui les avait amenés à La Baule (photo ci-dessous) en juillet. Céleste et Ithri vont alors devoir travailler en co-saisie avec un réserviste de la gendarmerie locale et débusquer ce criminel qui mutile et assassine les femmes et pourrait bien être un tueur en série...
Dans ces marais de Brière, près de Guérande, une terre plutôt mystérieuse, riche en légendes, où une petite communauté s’abrite, les mystères vont s’accumuler de même que les fausses pistes et l’enquête va monter crescendo entraînant le lecteur dans un suspense haletant jusqu’à un final explosif.
Et, comme dans tout bon polar qui se respecte et qui se veut réussi, à la force, la qualité, la crédibilité et l’originalité de l’intrigue, la résolution de celle-ci doit être menée par un enquêteur ou, en l’occurrence, comme ici, par une enquêtrice à la personnalité bien marquée.
De si bonnes mères ne déroge pas à la règle et combine à merveille les deux.
Céline de Roany, avant de nous plonger dans l’enquête, nous place déjà dans une position très inconfortable qui annonce bien la couleur en nous présentant, en prologue, la terrible agression subie en 2018 par Céleste qui a survécu en tuant un homme à mains nues dans des conditions particulièrement atroces et dont elle est ressortie physiquement et psychiquement particulièrement marquée … Bien que fortement impactée par cette tragédie, elle est restée une femme forte et déterminée, sa personnalité particulière masquant une profonde humanité. Mariée à Marie, elles ont deux filles, formant une famille aimante. Quant à son adjoint Ithri, s’il est un as de l’informatique, il révèle aussi tout au long de l’enquête toute l’étendue de son empathie. Deux personnages bien complémentaires.
Cette enquête policière est basée sur le thème de la monstruosité et de l’humanité, thème qui résonne très fort avec le vécu de Céleste, celle-ci découvrant des horreurs qui la mettent face à sa propre histoire.
De si bonnes mères interroge également sur la filiation, la maternité et la paternité et, thème plus rarement évoqué, l’insémination sauvage, méthode moins pratiquée depuis que la France a ouvert assez récemment les possibilités de recours au don de sperme aux femmes célibataires et aux couples de femmes.
Ce polar palpitant montre aussi ce que la haine aveugle des réseaux sociaux peut provoquer.
Mais, si la tension monte inexorablement au fil de l’enquête, de bien doux et chaleureux moments ont embelli ma lecture avec la présence de Flora, cette ado atteinte de trisomie 21 qui respire la joie et une force de vie très enviable.
Céline de Roany (photo ci-contre) signe avec De si bonnes mères, un excellent roman policier dans lequel le lecteur se retrouve au plus près des doutes et des peurs des enquêteurs.
Cette très belle découverte que je dois aux Presses de la Cité que je remercie ici chaleureusement m’a donné très envie de lire le premier roman de Céline de Roany, Les Beaux Mensonges dans lequel Céleste Ibar menait sa première enquête.
Une série à suivre…
À noter que De si bonnes mères de Céline de Roany figurait parmi les six finalistes du Prix Maison de la Presse 2022.
Ghislaine