Jean-Daniel Baltassat : Le divan de Staline

Le divan de Staline       par      Jean-Daniel Baltassat.

Seuil (2013), 309 pages ; Points (2014) 312 pages.

 

 

 

Pour son neuvième roman, Jean-Daniel Baltassat (photo ci-contre) nous emmène dans une drôle d’aventure, nous faisant partager l’intimité de Staline, trente mois avant sa mort. Le divan de Staline ayant été adapté au cinéma (sortie en janvier 2017) par Fanny Ardant, cela a motivé la lecture de ce roman très bien écrit.  

 

 

 

Nous sommes à la mi-novembre 1950, d’abord dans la datcha préférée de Iossif Vissarionovitch Staline, Guide et Petit Père du Monde Nouveau. Cette datcha,  avec sa « vue sur la mer scintillante est une merveille. » Pourtant, il doit quitter ce lieu enchanteur pour rejoindre, toujours en Géorgie, près de la ville de Borjomi, la villa Likani, ancien palais du grand-duc Mikhailovitch.

 

 

C’est là qu’il retrouve Lidia Semionova, la belle Vedovia, qui lui lit des pages du « Charlatan viennois » pendant qu’il s’allonge sur un divan identique à celui utilisé dans le cabinet de Sigmund Freud. Avec beaucoup de détails, l’auteur montre l’incroyable déploiement de précautions pour assurer la sécurité de Staline. Celui-ci, devant quelques témoins, affecte une immense révérence envers Lénine mais l’auteur décrit bien, un peu plus loin, tout le ressentiment qu’il éprouve.

 

 

 

Au même moment, nous sommes au bord d’un troisième conflit mondial avec la guerre de Corée. Chou En-Laï réclame des avions russes pour contrer les offensives américaines mais Staline dit non, ce qui ne l’empêche pas de suivre de près les opérations.

 

 

 

Ce séjour dans le palais Likani est destiné à présenter à Staline un projet devant le rendre éternel, projet que doit mener à bien Danilov, peintre bien en cour au contraire de Kandinsky dont « les barbouillages de fainéant de l’abstraction » ne sont pas bien vus. Ce n’est pas de l’art, pas de la peinture…

 

 

 

Avec un constant souci du détail, l’auteur suit Lidia qui rend visite à Danilov pour l’encourager dans son projet idolâtrant un peu plus l’homme qui dirige d’une main de fer l’Urss. Les descriptions toujours très soignées nous apprennent que « Le camarade Staline est insomniaque. Tant qu’il est debout, personne n’a le droit d’éteindre les lampes ni de se coucher. »

 

 

 

Les noms de ceux qui ont accompagné Staline dans ses combats reviennent mais les qualificatifs sont sans pitié :

« la vipère erratique Béria et l’obèse Malenkov… l’arrogance de Trotsky… » Puisqu’il y a un divan,  Staline confie des rêves à sa compagne pour « jouer au Charlatan viennois. » Ainsi, le passé remonte à la surface avec tant d’horreurs et de souffrances. Staline s’offre même une séance de cinéma avec des films américains !

 

 

 

Le général Vlassik interroge Danilov sans concession. Staline lui dit ce qu’il pense de son projet en lui faisant toucher le masque mortuaire en bakélite de Lénine : « voilà le vrai monument d’éternité. Ça et la momie d’Ilitch dans son tombeau de la place Rouge. »

 

 

 

Après ça, il lui confie un dossier confirmant les massacres de millions de déportés et révélant une vérité terrible avec d’horribles et d’inimaginables souffrances.

 

Jean-Paul

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