L'AJAR : Vivre près des tilleuls

Vivre près des tilleuls     par   L’AJAR.

Flammarion (2016) 127 pages ; J'ai Lu (2018) 160 pages.

 

 

Vivre près des tilleuls, petit bijou de littérature, signé par L’AJAR (Association de jeunes auteur-e-s romandes et romands) offre une sociologie du deuil basée sur un recueil d’impressions, de pensées et de souvenirs écrit par Esther Montandon dont la fille, Louise, est morte accidentellement en 1980. Elle allait avoir quatre ans.

 

 

 

Soixante-trois chapitres ou plutôt fragments se succèdent alors, pouvant faire une ligne ou aller jusqu’à deux ou trois pages. Esther confie ses états d’âme mais aussi la préparation concrète de la chambre de l’enfant à venir, un enfant désiré depuis dix ans : « une existence encore insoupçonnée occuperait cet espace. »

 

 

Le souvenir de son ventre rond qui attirait les regards, les mots des autres femmes puis l’accouchement : « Je l’ai expulsée, la douleur comme un ami intime me soufflant l’importance de l’instant… J’ai vu l’amour faire son apparition. »

 

 

Le temps passe trop vite. L’enfant grandit… Louise devient Louise et découvre l’espace puis les premiers mots arrivent et c’est Jacques qu’elle réussit à dire d’abord ce qui rend le père très fier. Dès sept mois, elle imitait les animaux.

 

 

De temps à autre, est noté qu’il manque un feuillet ou que le feuillet a été déchiré.

 

 

Louise veut une poupée noire qu’elle nomme Alice. Cela lui permet d’imiter sa mère, se montrant tendre et dure. « Petit être bien en chair », elle progresse vite mais le malheur arrive.

 

 

« L’enfance, c’est croire que la vie ne s’arrêtera jamais », cette phrase est très belle et traduit bien le malaise ressenti par le lecteur qui souffre avec la mère comprenant tout ce qu’elle éprouve, ce qu’elle ressent devant l’avis de décès, les amis trop prévenants, le choix des fleurs, la cérémonie donnant le chapitre le plus bref : « Le pasteur chuinte. »

 

 

Les questions sur la foi, la religion sont inévitables et le temps pour émerger est long : « Le chagrin est moins un état qu’une action… Le chagrin est un engagement de tout l’être. »

 

 

 

Je suis très impressionné par la délicatesse, la précision de ces pages qui se suivent, s’enchaînent. Sur un sujet aussi délicat, aussi difficile, le travail collectif de ces dix-huit jeunes auteur-e-s de Suisse romande (photo ci-dessous) est admirable. En effet, il faut le dire car rien n’est caché, les dernières pages l’annoncent : « La fiction n’est pas le contraire du réel. »

 

 

 

Dans Vivre près des tilleuls, tout est inventé et pourtant tout est si vrai, si juste. Comme il est écrit, c’est « une déclaration d’amour à la littérature », une preuve, s’il en fallait, que le roman est absolument nécessaire pour comprendre le réel. L’AJAR l’a complètement réussi.

 

 

J’adresse un grand merci à lecteurs.com qui m’a permis de découvrir ce livre qu’il ne faut pas manquer et qui annonce peut-être d’autres réussites…

Jean-Paul

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D
Oups parti trop vite,<br /> ... de cette expérience si particulière de multiples auteurs qui arrivent à écrire en nous faisant oublier leur nombre.
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D
Je ème souviens très bien de ce roman, et de cette expérience si aoaet
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