Sarah Barukh : Elle voulait juste marcher tout droit
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Elle voulait juste marcher tout droit par Sarah Barukh.
Albin Michel (2017) 426 pages ; Le Livre de Poche (2018) 416 pages ; Libra diffusion (424 pages).

Pour son premier roman, Sarah Barukh (photo ci-contre) n’a pas hésité à se lancer dans une longue histoire toujours très agréable à lire, maintenant le suspense jusqu’au au bout. Le plaisir de la narration est total. De temps en temps, cela fait du bien de lire un récit où la chronologie est la règle même si quelques retours en arrière, au final, permettent d’expliquer les choses.
Alice raconte l’histoire qu’elle a vécue entre l’âge de 5 ans, jusqu’à ses 9 ans. Si le récit commence à Salies-de-Béarn, en mai 1943, il nécessitera, plus tard, des explications pour les années précédentes.
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« C’est la guerre » et Jeanne, la nourrice d’Alice lui interdit de parler à d’autres personnes, même si on lui offre une glace, un rêve pour elle. Sa vie se déroule à la ferme où la fillette doit respecter des règles strictes car il se passe de drôles de choses pour lesquelles elle n’a pas d’explications. Elle assiste même à une scène traumatisante avec quatre soldats allemands en pleine chasse à l’homme.
Elle voulait juste marcher tout droit mais les problèmes ne manquent pas, à l’école par exemple où elle ne se sent pas « normale ». Quand Jeanne lui montre la valise laissée par sa mère, Alice commence à découvrir certaines choses sur ses origines, elle qui est déclarée de père inconnu. Lorsque des soldats allemands viennent trier les enfants, à l’école, l’horreur de la guerre prend encore plus d’ampleur car ils emmènent Thomas qui est juif.
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Le magazine Regards, trouvé dans la valise, et la page intitulée No pasarán avec cette signature, Vago, lui laissent espérer des découvertes mais sa vie change brusquement lorsque deux femmes viennent la chercher : une assistante sociale et une autre très maigre. « Je suis Diane », sa mère ! Dans le train, Alice découvre un tatouage sur son avant-bras mais elle n’ose pas demander des explications.
À Paris, la ferme lui manque : « Elle était étrangère à cet endroit. » M. Marcel occupe aussi l’appartement et va voir, chaque jour, les listes à l’hôtel Lutetia, pour retrouver qui ? Lui aussi a un tatouage sur le bras. Heureusement, elle s’est fait un ami dans l’immeuble, Jean-Joseph…

Ainsi, les scènes de la vie s’enchaînent pour Alice qui découvre et aime le métro, rêve de s’acheter une flûte traversière et effectue de mini-travaux pour se l’acheter mais son destin bascule subitement quand Mme Bajon, l’assistante sociale, lui apprend que son père, Paul d’Arny, vit à New York et qu’elle doit le rejoindre.
Une part importante du récit se déroule de l’autre côté de l’Atlantique, dans un grand appartement au 12ème étage d’un immeuble comme il y en a tant dans cette ville immense. Ici, personne ne l’aime mais il y a Vadim, le demi-frère de son père, et la suite de l’histoire est émaillée de rebondissements et d’aventures jusqu’à ce qu’une évidence s’impose : « ce monde en guerre a fait de nous des pions et ne nous a jamais remboursés de ce qu’il nous a volés. »
Un grand merci à Babelio et aux Éditions Albin Michel pour m’avoir permis de me régaler avec Elle voulait juste marcher tout droit.
Jean-Paul