Amélie Nothomb : Premier sang

Premier sang    par  Amélie Nothomb.

Albin Michel (2021) 180 pages.

Prix Renaudot 2021.

 

Avec Premier sang, c’est la première fois que je lis Amélie Nothomb et je ne l’ai pas regretté. Il faut bien un début à tout.

 

 

Dès la première scène, je suis très intrigué car un homme raconte qu’il est devant un peloton d’exécution… qu’il va être fusillé. Ensuite, l’autrice me laisse là et il faudra attendre la fin du livre pour que cette énigme soit résolue.

 

S’ensuit alors un récit mené avec brio par un homme qui m’apprend que son père est mort alors qu’il n’avait que 8 mois. Ce père était en apprentissage pour être démineur. Hélas, il est tombé sur une vraie mine alors qu’il pensait avoir affaire à une fausse.

 

 

 

C’est donc avec Claude, sa mère que ce gosse aurait dû grandir mais celle-ci le confie aussitôt à sa propre mère pour se livrer tranquillement aux mondanités. Son gosse, le narrateur, s’appelle Patrick mais elle le nomme Paddy. Cela fait plus snob car Claude est une adepte de la mode anglaise. Même ses parents, elle leur donne le nom de Mommy et Daddy.

 

 

Patrick a 4 ans lorsque débute la seconde guerre mondiale. À Bruxelles, c’est le meilleur portraitiste de la ville, M. Verstraeten, qui réalise un tableau avec Claude et son fils. Celle-ci, une fois le tableau terminé, affirme ne pas l’aimer car elle est amoureuse du peintre…

 

Arrive alors un temps fort de Premier sang. Comme Patrick est trop gentil, agréable mais top mou, Dadddy décide de l’envoyer chez les Nothomb, dans sa famille qui habite Pont d’Oye, au cœur des Ardennes belges (photo ci-dessous). J’ajoute que Daddy est militaire, du grade de général, et que, pour emmener son fils à Pont d’Oye, il a revêtu son uniforme…

 

 

Après quatre heures de train, de Bruxelles à Arlon, Patrick qui n’a que 6 ans, découvre avec ravissement la forêt puis son grand-père, le baron, Pierre Nothomb. Ce dernier n’a eu que treize enfants…

 

Patrick est ébloui par l’édifice où vit sa famille mais quand les cinq enfants qui vivent encore à Pont d’Oye (photo ci-dessous), débarquent, c’est une véritable horde de Huns ! Sans coup férir, ils se jettent sur les gâteries préparées par Mommy. Ils dévalisent aussi ses vêtements et on comprend vite pourquoi.

 

À table, c’est encore pire puisque le baron se sert d’abord et que les plus grands suivent jusqu’au plus jeune qui n’a plus rien. Alors qu’il aurait dû être désespéré, Patrick s’adapte, souffre de la faim, se salit et doit se contenter d’un peu de rhubarbe car c’est la guerre.

 

 

En plus, il doit subir les vers écrits par le baron qui se prend pour un grand poète. Surprise, quand les deux mois de vacances se terminent, il quitte Pont d’Oye avec regret.

 

Ensuite, il n’a qu’un seul souhait, y retourner, même pendant les vacances de Noël. Là, il est époustouflé en admirant la forêt sous la neige.

 

C’est au cours de l’été 1951 que Patrick découvre enfin son point faible lorsque Lucie, autre fille du baron, saigne du nez : il s’évanouit. Ainsi, je comprends la signification du titre : Premier sang. On le traite de femmelette et ce sera pour lui un vrai handicap.

 

Avec le talent d’écriture qu’on lui connaît, Amélie Nothomb me régale de son style efficace, précis et sans temps mort.

 

Suit l’adolescence, la découverte des filles. Patrick est bien conseillé par son ami Jacques. Sa phobie du sang lui joue alors un bien mauvais tour.

 

Les fameuses lettres qu’il écrit pour son autre ami, Henri.  Tour cela crée un épisode savoureux alors que Patrick étudie le droit à l’Université de Namur, la seule ville belge aimée par Baudelaire, comme le précise l’autrice.

 

Quand Patrick veut se marier, Pierre Nothomb, le baron, se manifeste encore. Des années s’écoulent avec une brillante carrière diplomatique, à Kinshasa avant d’être nommé Consul de Belgique à Stanleyville, toujours au Congo (carte ci-dessus). Depuis 1966, cette ville s’appelle Kisangani.

 

 

Là, je vous abandonne car les dernières pages de ce roman comportent un épisode dramatique avant la révélation finale concédée par Amélie Nothomb dans l’épilogue.

 

Comme je l’ai bien laissé entendre, Premier sang m’a beaucoup plu, je me suis régalé, j’ai souffert aussi, j’ai ri au cours de certains épisodes de ce roman fort bien mené par une Amélie Nothomb impressionnante de maîtrise et à l’écriture excellente de bout en bout.

 

Aussi, je remercie vivement Cathy qui m’a poussé à enfin découvrir une autrice qui ne m’attirait pas jusque-là. À retrouver, peut-être ?

Jean-Paul

 

 

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Incontestablement un de mes préférés!
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