Karine Giebel : Glen Affric

Glen Affric      par    Karine Giebel.

Plon (2021) 758 pages.

 

Lorsque je referme Glen Affric, le roman, le thriller superbement mené par Karine Giebel, des frissons parcourent tout mon corps. Tout au long de ma lecture de ce pavé impressionnant, j’ai tremblé, été effrayé, horrifié aussi, savourant tout de même les rares moments de bonheur ou de paix vécus par Jorge et Léonard.

 

Léonard est  un enfant trouvé par Mona, dans un fossé, couvert de boue, en haillons, alors qu’il n’a que 5 ans. Il a ensuite découvert Joseph, le mari de Mona, pendu dans le garage. De plus, Léonard croit que Jorge, le fils de Mona, est à Glen Affric, en Écosse.

 

Léonard a été catalogué attardé mental. Avec Mona, il habite à l’écart de Granviller, un village où il travaille, chaque samedi, dans l’atelier de Sacha, un ébéniste vraiment sympathique. À 15 ans, Léonard est  un colosse, mesure près de 1,90 m et il est d’une force extraordinaire. Il a promis à Mona qu’il appelle Mo, de ne pas utiliser cette force.

 

De son côté, Jorge Mathieu n’est pas du tout à Glen Affric, même s’il y a vécu un an. Il est en prison, condamné à seize ans d’enfermement pour deux meurtres qu’il n’a pas commis. Sans cesse, il crie son innocence mais le capitaine de gendarmerie, Solers, a réussi à prouver sa culpabilité par des moyens pas du tout corrects et, une fois de plus, l’institution judiciaire a condamné un innocent, salissant pour toujours sa personne comme le prouve la suite de l’histoire.

 

 

Débute alors une terrible partie consacrée à la vie carcérale. Karine Giebel décrit avec justesse et précision toutes les souffrances infligées aux condamnés, innocents ou non. C’est d’ailleurs entre eux que les personnes détenues se font le plus de mal sous l’œil indifférent, la plupart du temps, des surveillants.

 

Dans cet univers carcéral inhumain, Jorge se fait un ami précieux, Cisco, qui lui explique comment éviter les mauvais coups, les traquenards. Hélas, Cisco est transféré en centrale.

 

De son côté, Léonard (16 ans) se retrouve en classe avec des élèves ayant quatre ans de moins que lui. De plus, il ne comprend rien aux cours de français. C’est seulement en EPS qu’il est le plus fort. Le plus terrible, c’est l’attitude d’un petit groupe qui suit un certain Jules et traite Léonard de triso, le rackette, menace de tuer Arsène, son chat.

 

Ainsi, le décor est planté. Mais Léonard est poussé à bout, passé à tabac par cette horrible bande composée entre autres du fils du médecin, du fils du pharmacien… À partir de là, Léonard n’est plus un enfant et décide de montrer à ces petits merdeux qu’il en a assez et leur prouve qu’il est le plus fort. Hélas, c’est lui qui se retrouve menotté, en garde à vue, et finalement en prison pour mineurs.

 

Au même moment, Jorge, son frère, obtient la liberté conditionnelle. Ainsi, Mona perd un fils tout en retrouvant l’autre. C’est donc au tour de Léonard de découvrir les horreurs du monde carcéral, le bruit, les cris, les menaces, la peur omniprésente. Heureusement, Achour et Nanosh, le gitan, le soutiennent, ce qui n’évite pas bagarres et règlements de compte. Léonard ne tient le coup qu’en pensant sans cesse à Mona et en rêvant à Glen Affric qui se trouve dans le nord de l’Écosse, tout près du Loch Ness.

 

 

Karine Giebel (photo ci-contre) m’emmène aussi chez un certain Maréchal qui a recueilli sa nièce, Angélique. Hélas, cet oncle est un pervers, un tortionnaire qui fait subir d’horribles sévices à la jeune femme.

 

 

Voilà Jorge, dans Granviller, en butte aux sarcasmes, aux ragots, aux menaces avant de retrouver enfin Léonard qui a connu la terrible épreuve du mitard, un lieu immonde où seul Nanosh, dans la cellule voisine, lui permet de tenir le coup.

 

En trois grandes parties, Karine Giebel me tient en haleine avec son thriller très addictif, un livre que j’ai eu beaucoup de mal à refermer lorsqu’il se faisait tard.

 

Les renversements de situation, les coups de théâtre ne manquent pas alors que Glen Affric reste  une obsession pour le jeune Léonard qui lie une forte amitié avec Vicky, plus jeune que lui mais très mature.

 

 

 

Jusqu’au bout, je redoute le pire, j’espère que Jorge et Léonard (Lennie) vont enfin connaître le bonheur. Avec ça, le rôle de la gendarmerie, l’attitude scandaleuse du capitaine Solers est révoltante alors que le lieutenant Meyers fait montre d’une humanité admirable.

 

Glen Affric est donc un terrible récit, une plongée dans ce qu’il y a de plus trouble et de pervers chez certains humains qui ne méritent pas d’être ainsi qualifiés.

 

Ce thriller restera longtemps dans ma mémoire grâce au talent de Karine Giebel déjà appréciée dans Toutes blessent, la dernière tue.

Jean-Paul

 

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