Mateo Askaripour : Buck & moi
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Buck & moi par Mateo Askaripour.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Stéphane Roques.
Titre original : Black Buck.
Buchet - Chastel (2022) 411 pages.
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Mateo Askaripour (photo ci-dessous), né aux États-Unis, d’un père jamaïcain et d’une mère iranienne, après avoir travaillé comme directeur des ventes dans une start-up s’est tourné vers l’écriture et œuvre aujourd’hui à l’intégration des minorités dans le monde de l’entreprise.
Buck & moi, son premier roman entré dès sa sortie sur la liste des best-sellers du New York Times, m’a beaucoup plu tant il est frais, drôle et unique dans son genre.
L’auteur dédicace son livre « À tous ceux qui se sont fait traiter un jour comme des moins que rien, je sais ce que c’est ».
Darren Vender, 22 ans, vit avec une mère aimante, à Bed-Stuy, un quartier de New-York situé dans l’arrondissement de Brooklyn. Il a une petite amie très attentionnée, Soraya, qu’il appelle « sa wonder woman » et son meilleur pote est Jason, toujours prêt à le soutenir.
Bien qu’étant sorti Major de sa promotion, démotivé, il a abandonné ses rêves universitaires et travaille comme barista dans un Starbucks de Manhattan.
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Mais voilà qu’un truc incroyable se produit avec un client du café. Instinct ou hasard ? Alors que celui-ci lui demande sa boisson habituelle, Darren parvient à le convaincre d’en choisir une autre. Impressionné, l’homme d’affaires, Rhett Daniels, lui propose de le rejoindre chez Sumun pour un entretien d’embauche.
Darren finit par accepter à contre cœur de rejoindre l’équipe.
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Après un entretien surréaliste, il subit une semaine de formation et de tests qu’il qualifiera comme semaine de l’enfer, découvrant qu’il est non seulement le seul vendeur noir mais aussi la seule personne de couleur de toute l’entreprise. Il intègre enfin l’équipe de commerciaux de cette start-up au succès fulgurant, pour qui il est devenu Buck.
Il se métamorphose en vendeur impitoyable, et atteint son objectif, à savoir, le pouvoir, le statut, et bien sûr l’argent, mettant par la même occasion sur le bas-côté sa vie d’avant.
Mais, peu à peu, il se rend compte qu’il ne veut plus être le quota de minorité de son entreprise, et va œuvrer alors dans ce sens.
Si Rhett lui avait donné la chance de sa vie, cela lui avait coûté sa liberté.
Ce roman est bien plus qu’un manuel de parfait vendeur. Il nous apprend que tout commence dans notre cœur, que la vente c’est d’abord un échange d’idées, le fait d’essayer de faire comprendre notre point de vue, de défendre nos intérêts et ceux des gens qu’on aime. Il faut avant tout croire dans notre message pour pouvoir le formuler de façon à ce qu’il résonne auprès des autres.
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Si on ne croit pas vraiment en ce qu’on vend surtout quand il s’agit de la vision d’un monde différent, personne ne l’achètera, tel est le message que délivre Buck & moi.
Beaucoup d’action, de rebondissements, d’amour, de trahison, d’humour aussi et des personnages attachants comme le héros Darren-Buck, ce jeune homme complexe dont la verve peut être intarissable, mais aussi cette maman qui force l’admiration tout comme la sublime Soraya, rendent ce roman, absolument original, parfois presque déjanté, au vocabulaire branché, à l’humour corrosif qui, tout en nous tenant en haleine, nous laisse comme hypnotisé.
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Mateo Askaripour fait preuve également d’audace dans son récit en intercalant dans sa narration quelques apartés de Buck s’adressant directement au lecteur pour lui donner quelques clés ou conseils, et ce, en caractères gras.
J’ai été admirative face à la force, la détermination et à la volonté dont fait preuve le héros à partir du moment où il comprend que ce qui l’a motivé depuis le début c’est la liberté ; «j’ai compris que c’était la liberté qui m’avait motivé depuis le tout début. Pas l’argent, pas le pouvoir, pas le besoin de me prouver des choses, ni même de rendre Maman fière de moi, mais la liberté de respirer où je veux, quand je veux, comme je veux, et avec qui je veux dans ma belle peau noire ».
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Admirative surtout de le voir partager et transmettre son savoir pour permettre à d’autres d’être LIBRES !
Buck & moi est un roman social très contemporain qui montre combien encore, le comportement de la police n’est pas le même selon la couleur de peau. Si le Noir est forcément coupable, tout riche blanc n’a qu’à faire usage de ses relations lorsqu’il se fait pincer par un flic. En épilogue, Mateo Askaripour décrypte également les lois sur les stupéfiants, montrant comment elles peuvent être un piège pour les Noirs ou les Latinos.
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Une couverture colorée et attrayante avec un dessin très représentatif du contenu ne peut que vous inciter à entrer dans cette satire inoubliable !
Un grand merci à Babelio et aux éditions Buchet - Chastel pour cette étonnante et agréable découverte !
Ghislaine