Fiona Mozley : Dernière nuit à Soho

Dernière nuit à Soho     par   Fiona Mozley.

Traduit de l’anglais par Laetitia Devaux.

Titre original : Hot Stew.

Éditions Joëlle Losfeld (2022) 347 pages.

 

Grâce à Fiona Mozley, bien traduite en français par Laetitia Devaux, j’ai plongé dans ce  Hot Stew : ragoût fumant (traduction littérale) mais aussi bordel chaud bouillant, situation difficile, pénible et même, si j’ose, merdier impossible (merci Liz pour cette aide précieuse afin de décrypter cette expression). Finalement, toutes ces définitions correspondent à ce que fait vivre Fiona Mozley (photo ci-dessous) dans Hot Stew. Ainsi, je comprends mieux pourquoi un titre plus neutre a été choisi pour la version française….

 

Ce roman qui se déroule la plupart du temps dans Soho, ce quartier emblématique de Londres,  est une vraie mosaïque. Les personnages qui, apparemment, n’ont rien à voir entre eux, se rencontrent, s’affrontent, s’évitent et révèlent peu à peu leurs liens. Qu’ils soient sympathiques ou non, leur rôle est important dans un roman tellement addictif que j’aurais aimé qu’il se poursuive encore…

 

 

 

J’essaie de ne rien révéler d’important. Certains utilisent un mot d’origine anglaise, justement, mais je préfère divulgâcher, tellement plus parlant. Merci à nos cousins québécois ! Pourtant, il faut bien présenter cette intrigue nouée autour de Soho.

 

 

Finalement, le personnage principal de cette histoire édifiante, est un immeuble. Au rez-de-chaussée, se trouve le restaurant Des Sables et j’apprends que syphilis, choléra ont sévi ici, que Karl Marx et son épouse ont habité le quartier, que les bombes l’ont frappé durant la Seconde guerre mondiale et que des disques, des films l’ont fait connaître bien au-delà du Royaume-Uni.

 

Bon, je m’égare car j’en étais à cet immeuble, élément essentiel du roman. Sans tarder, voici Tabitha et Precious qui ont aménagé un jardin clandestin tout en haut. Ces deux femmes exercent ou ont exercé ce qu’on appelle le plus vieux métier du monde. Elles se prostituent comme d’autres femmes qui résident dans ce même immeuble. Leurs clients, de tous âges et de toute condition, sont fidèles, des habitués, et ces femmes sont indépendantes.

 

 

Intervient alors Agatha Howard, 25 ans, propriétaire de tout le quartier. C’est à son père qui, grâce  à des opérations le plus souvent liées à la corruption, qu’elle possède tout cela et veut faire place nette afin de construire des immeubles de standing pour attirer une population bien plus fortunée.

 

 

Seulement, Soho a une âme,  une vie enracinée autour du commerce du sexe mais aussi des plaisirs offerts par les restaurants, les pubs. Dans ce quartier, vit une population aux moyens plus que modestes payant ou non leur loyer.

 

 

Autres personnages croisés durant ma lecture, Lorenzo et Robert Kerr, ont un rôle secondaire mais non négligeable. Il y a Bastian et Rebecca son épouse mais leur couple bat de l’aile car Bastian renoue avec d’anciennes relations : Glenda et Laura.

 

 

Quand Tabitha reçoit une lettre de Howard Holdings, dirigée par la fameuse Agatha, elle découvre une forte augmentation du loyer destinée à faire partir les locataires.

 

Après le rez-de-chaussée, les étages et même la terrasse tout en haut de l’immeuble, Fiona Mozley me fait plonger dans la cave où je rencontre deux personnages affublés de surnoms empruntés au grand ou au petit écran. L’une se fait appeler Debbie McGee et l’autre, Paul Daniels. Avec d’autres paumés, émerge l’Archevêque, censé régner sur ce monde souterrain.

 

 

Toute cette histoire débute  un jour d’été pour se terminer au printemps suivant. Parmi les quelques personnages principaux, Precious est, de loin, la plus sympathique. Elle prend même la tête de la manifestation sévèrement réprimée par la police agissant au service des puissants.

 

Ces puissants, justement, possèdent l’argent acquis légalement ou non. Ils se chargent, avec l’aide des autorités le plus souvent corrompues, de faire valoir leurs intérêts.

 

 

 

Dernière nuit à Soho est une fiction passionnante et éloquente qui révèle non seulement des manipulations honteuses, toujours au détriment des plus démunis et, par conséquent, des plus faibles. Fiona Mozley m’a fait vivre une histoire palpitante au cœur d’un quartier emblématique de Londres.

 

Je remercie Babelio et les éditions Joëlle Losfeld pour ces inoubliables moments de lecture.

 

Jean-Paul

 

 

 

 

 

 

 

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