Wajdi Mouawad : Anima

Anima      par     Wajdi Mouawad,

Léméac/Actes Sud (2012) 394 pages; Actes Sud poche (2015) 512 pages.

 

 

 

 

Auteur de pièces de théâtre, metteur en scène et comédien libano-canadien qui a vécu aussi en France, Wajdi Mouawad, avec Anima, a livré un second roman extra - ordinaire, mêlant la vie animale à l’activité humaine, faisant vivre au plus juste les instants les plus dramatiques comme les plus anodins de la vie courante.

 

 

 

C’est le chat de la maison qui ouvre le récit, à Montréal, en nous présentant Wahhch Debch découvrant sa femme assassinée de la manière la plus horrible qui soit, lorsqu’il rentre à son domicile. Léonie était enceinte et je vais suivre une quête infernale permettant d’aller au bout de l’horreur et de révéler des secrets profondément enfouis.

 

Chaque en-tête de chapitre annonce, en latin, le nom de l’animal qui va être témoin ou parfois acteur de ce qui se passe. Si le chien qui peut être parfois sécurisant ou très menaçant, revient très souvent, l’auteur donne la parole à des oiseaux, un poisson dans son aquarium, un écureuil, un rat, une fourmi très curieuse, une mouffette terrible, une araignée dans un bar : « Il était sa propre proie, son propre piège. » Beaucoup d’autres animaux entrent en scène et se révèlent de très fins observateurs de l’espèce humaine. Souvent, je me demande comment Wajdi Mouawad (photo ci-contre) peut décrire aussi bien ce que réalise un animal, un insecte. C’est à chaque fois savoureux et bouleversant.

 

 

Toujours à la poursuite de l’assassin de sa femme, Wahhch arrive dans une réserve indienne et tout se complique : « Moi, je voudrais tellement être quelqu’un d’autre qui aurait vécu autre chose et qui serait en ce moment ailleurs. » Il se confie ainsi à un âne : «  Il s’adresse à moi sans s’inquiéter de l’abîme qui nous sépare. »

 

 

Maintenant aux États-Unis, Wahhch vit des moments très difficiles mais l’auteur est capable de faire raconter par un corbeau sa façon de dévorer un raton-laveur percuté par une voiture… Ressort aussi cette loi de l’intégration nord-américaine où il faut « apprendre à l’Indien à avoir honte de sa tribu et de sa terre. »

 

Les équidés ont un rôle important dans l’histoire de Wahhch et une scène psychédélique décrit tous ces chevaux libérés d’une bétaillère et semant la panique sur une autoroute. Une exposition, à Carthage (Missouri) fait remonter à la surface le massacre de Chatila, au Liban, le 17 septembre 1982 : « La mort de Léonie, dans sa monstruosité, a ouvert une brèche d’où ont surgi des visages et je ne parviens pas à savoir si ces visages relèvent du souvenir ou du délire. »

 

 

Tout se termine avec Homo sapiens sapiens. Aubert Chagnon, médecin coroner à Montréal chargé de l’enquête sur l’assassinat de Léonie, conclut un ouvrage que l’auteur a mis dix ans à écrire avec un résultat à nul autre pareil.

Jean-Paul

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