Douglas Kennedy : Au-delà des pyramides
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Au-delà des pyramides par Douglas Kennedy,
Éditions Belfond (2010) 310 pages ; Pocket (2011) 384 pages.

En avant-propos, l’auteur détaille la genèse de ce livre publié en 1988 et dont l’édition française n’existe que depuis 2010. Douglas Kennedy, entre ces deux dates, est devenu un auteur à succès.
Il livre ici le récit d’un voyage de trois mois, en Égypte. Il avait découvert ce pays en 1981, lors d’un premier voyage mais il décide d’y retourner, quatre ans plus tard afin de pouvoir vérifier ses premières impressions. Son souci principal est d’étudier la vie du pays en profondeur, en évitant les hauts lieux touristiques. Aussi, après le Printemps arabe de 2011 et tous les soubresauts que connaît aujourd’hui l’Égypte, la lecture de ce livre est très intéressante et fort instructive.
Douglas Kennedy commence son récit au départ de Dublin et me gratifie d’anecdotes et d’observations très pertinentes tout au long de son voyage passant par Londres, Boulogne, Innsbrück et Venise, grâce à l’Orient-Express. Ensuite, il prend le bateau pour débarquer à Alexandrie, une ville qu’il me fait découvrir en détails. Il constate qu’il doit abandonner ses préjugés, nous faisant partager la vie des expatriés en Égypte. Il constate aussi que les jeunes Égyptiens ne lisent pas.
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Quittant Alexandrie, il se lance en bus, jusqu’à Mersa Matrouh, sur les traces de Cléopâtre, de César mais aussi de Nasser et de Rommel. Pour se rendre à l’oasis de Siwa, tout près de la frontière libyenne, il doit apprendre la patience afin d’obtenir les autorisations nécessaires : « En Égypte, la patience est une religion… » Revenu au Caire, il nous fait découvrir la cité des morts, cette nécropole habitée par 40 000 êtres vivants, à l’époque, 250 000 vingt-cinq ans plus tard.
Tout au long de ce livre, Douglas Kennedy (photo ci-dessous) montre que, là-bas, la situation est explosive, que la bureaucratie, héritage du nassérisme, est tentaculaire et sclérosée et que la démographie est galopante. Il m'emmène passer quelques jours dans le monastère Saint-Macaire, Deir Abou Magar, puis rentre au Caire. Il rend bien compte de la situation impossible des Juifs dont 11 000 d’entre eux ont quitté le pays à cause du conflit Israëlo-Palestinien. À ce moment-là, les Coptes commencent à être inquiets pour leur avenir car ils sont en situation de guerre froide…
Notre homme prend alors le train pour la Haute-Égypte, s’arrête à Al-Minya, va à Assiouf, un fief intégriste musulman et constate qu’à l’université, les filles sont mises à l’écart. À Louxor, il fustige l’attitude des touristes puis se lance dans une épique remontée du Nil en felouque : « le Nil est un univers coupé du monde, et donc rassurant. »
Finalement, c’est en bus qu’il parvient à Assouan qu’il décrit comme une ville aseptisée. Avant que son voyage n’arrive à son terme, il rappelle les étapes qui ont abouti à la construction du second barrage inauguré en janvier 1971, tout juste trois mois après la mort de Nasser. Pour lui, ce barrage (photo ci-dessous) est en équilibre précaire entre deux mondes.
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Un grand merci à Elisabeth qui m’a permis de lire ce récit de Douglas Kennedy, un Voyage au-delà des pyramides qui permet bien d’éclairer ce qui se passe aujourd’hui, là-bas, de chaque côté du Nil.
Jean-Paul