Giuseppe Catozzella : Brigantessa

Brigantessa    par   Giuseppe Catozzella.

Traduit de l’italien par Nathalie Bauer.

Titre original : Italiana.

Buchet/Chastel (2022) 384 pages.

 

 

Dans Brigantessa, mot italien signifiant femme dévouée au brigandage mais aussi femme audacieuse avec peu de scrupules, le titre italien étant Italiana (Italienne), Giuseppe Catozzella raconte la vie de Maria Oliverio dite Ciccilla née en 1841, devenue cheffe d’un groupe de brigands calabrais.

 

Ce qui fait la valeur de ce roman historique qui se déroule essentiellement sur le plateau montagneux de la Sila en Calabre, de 1848 à 1864, c’est qu’il s’agit d’une histoire véridique et que le destin de cette femme s’inscrit dans l’Histoire de la naissance de l’Italie.

 

Dans l’incipit, nous apprenons que Maria Oliverio a été présentée devant le Tribunal militaire de Catanzaro le 15 février 1864.

 

 

Après quelques phrases de description vestimentaire et la déclinaison de son identité celle-ci prend la parole et commence à raconter comment elle a échoué devant le juge militaire.

 

 

Elle décrit d’abord le déroulement de son enfance en Calabre, au milieu du 19e siècle, sa vie au sein d’une famille pauvre. Ses parents sont journaliers, au service des Morelli et assurent avec peine la subsistance de leurs six enfants.

 

Maria, élève brillante a cru un moment pouvoir aller au lycée. Cette espérance lui a procuré une véritable et intense sensation de liberté. Quand elle comprend qu’elle ne pourra s’y rendre, sa sœur aînée Teresa lui ayant promis de tout faire pour gâcher sa vie, c’est une profonde désillusion. Cette rivalité entre les deux sœurs aura beaucoup d’impact sur le destin de Maria.

 

La jeune femme va trouver l’amour auprès de Pietro et rejoindra celui-ci engagé en faveur de l’unité italienne pour assister à Naples au triomphe de Garibaldi.

 

Mais les promesses non tenues par le héros de la révolution vont pousser nombre de calabrais comme Maria et Pietro à se révolter, prendre les armes, le maquis, en quête éperdue de justice et de liberté. C’est là qu’elle deviendra Ciccilla

 

 

Ce sont donc aussi toutes ces aventures rocambolesques que la narratrice nous donne à vivre et ce jusqu’à son arrestation par les soldats, dans son repaire dans la forêt de Sila, en février 1864.

 

 

L’épopée passionnante de cette grande héroïne italienne Maria Oliviero permet de revivre les étapes qui ont conduit à l’unité italienne avec cette fameuse expédition des mille puis la déception qui s’en est suivie, en conduisant beaucoup à la révolte et à ce mouvement de résistance. Garibaldi avait suscité des espoirs fous chez les paysans et les couches les plus pauvres du sud de l’Italie qui pensaient qu’il allait les protéger, eux les opprimés, et allait améliorer leurs conditions de vie, mais il n’en a rien été et au contraire les conditions ont empiré.

 

 

C’est ainsi que Maria et Pietro et ceux qui rêvaient d’une Italie qui trouverait son unité dans l’égalité des paysans et du peuple, se sont retrouvés impliqués dans cette guerre civile et tout le roman dénonce cette guerre infâme menée contre ces brigands révoltés.

 

 

 

 

Giuseppe Catozzella (photo ci-contre) remonte ainsi à l’origine de cette fissure Nord / Sud qui persiste encore aujourd’hui.

 

 

Mon intérêt s’est aiguisé en apprenant que Garibaldi avait confié à cette époque la direction de son journal L’Indipendente à son ami l’écrivain français Alexandre Dumas. Ce dernier, d’ailleurs aux côtés de Garibaldi le jour de son entrée dans Naples s’est inspiré de l’histoire du couple Maria Pietro en contant leurs exploits en feuilleton de sept épisodes, dans ce même journal.

 

 

Outre l’intérêt historique qui a hautement retenu mon attention, de très belles séquences dans la forêt qui n’a plus de secrets pour Maria depuis qu’elle y a vécu avec sa tante, m’ont particulièrement touchée. Il existe une véritable symbiose entre la jeune fille et la nature que Giuseppe Catozzella a su rendre à merveille.

 

 

Je me suis laissée emporter sans retenue par la fougue et la forte personnalité de cette italienne rebelle, éprise de liberté, amoureuse de la nature, n’hésitant pas à s’engager pour honorer les idéaux de toute une nation.

 

Brigantessa, de Giuseppe Catozzella, savant mélange de drame familial et de fresque historique, est un roman d’aventures dense, convaincant et palpitant permettant de mieux connaître l’Italie.

 

Ghislaine

 

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