Namwali Serpell : Mustiks (une odyssée en Zambie)

Mustiks (Une odyssée en Zambie)    par   Namwali Serpell.

Traduit de l’anglais (USA) par Sabine Porte.

Titre original : The Old Drif.

Seuil (2022) 697 pages.

 

 

 

Si je devais résumer en quelques mots mon ressenti après la lecture de Mustiks de Namwali Serpell, premier roman de cette femme de lettres zambienne, ce serait : Une épopée particulièrement époustouflante et audacieuse, une fresque historique politique et humaniste où histoire réelle et magie s’entremêlent.

 

 

 

Le premier narrateur de ce vaste roman de fiction historique et de science-fiction est Percy M. Clark, un aventurier, photographe, originaire de Cambridge, arrivé en Rhodésie dans les premières années du XXe siècle,  tombé sous le charme des Chutes Victoria et de ce fleuve Zambèze, et qui décida d’y rester comme d’autres colons. Il monte la première boutique de curiosités, de souvenirs.

 

 

 

Il est l’aïeul par qui tout commence. En effet, une série d’événements a lieu et les actions de ce premier colon dans The Old Drift, personnage ayant existé, sont à l’origine de l’entrelacement de  trois familles installées en Zambie, sur quatre générations, du début du XXe siècle à nos jours, et que l’auteure nous révèle peu à peu.

 

À travers le destin de ces trois familles, une zambienne, une italienne et une indienne, mêlées à leurs voix, un chœur de moustiques, véritables commères, « bourdonnant comme un chœur allemand » commente ironiquement les décisions ou les prétentions humaines.

 

Namwali Serpell dévoile plus d’un siècle d’histoire, du passé précolonial de la Zambie jusqu’à un futur proche où un nouvel appareil numérique est intégré dans la paume de la main de chacun.

 

C’est à la fois historique, ironique, parfois surréaliste et de plus en plus addictif à mesure que l’on avance dans la lecture.

 

Je me suis parfois un peu perdue dans les personnages, mais un arbre généalogique en début d’ouvrage permet de vite se repérer si besoin.

 

 

 

 

Je me suis rapidement laissée emporter par ces personnages zambiens, la plupart très attachants et notamment par ces femmes extrêmement courageuses et astucieuses. La question du féminisme est d’ailleurs omniprésente au cours de cette saga et comme la question du racisme et de l’identité d’une nation et des générations qui l’ont composée, questions également abordées dans le roman, elles sont toutes approchées avec une infinie subtilité.

 

 

 

J’ai souri et même ri  en découvrant l’entraînement de cette première Astronaute dont le professeur Edward Makuka Nkoloso (photo ci-dessous), rêvait d’être le premier à poser le pied sur la Lune. Mais quelle n’a pas été ma surprise en découvrant que cet homme, dans les années 1960, a réellement tenté de convaincre son gouvernement de créer un programme spatial national afin d’essayer d'envoyer un homme dans l'espace, puis, à terme douze afronautes, terme qu’il a inventé, et dix chats sur la planète Mars ! Mais, n’était-ce pas pour cet idéaliste excentrique une manière de faire réagir et réfléchir, susciter le débat, faire avancer les choses…

 

 

J’ai beaucoup appris sur ce pays qu’on, ou du moins que « je » connaissais si peu, ce pays dont l’indépendance est proclamée le 24 octobre 1964Kenneth David Kaunda (photo ci-dessous) en devenant le premier président de la République, un chef d’état modéré, prônant une « société multiraciale » ; l’ancien protectorat britannique de Rhodésie du Nord sera désormais connu sous le nom de Zambie, ce nouveau nom tiré de son fleuve Zambèze.

 

 

Namwali Serpell (photo ci-dessous) excelle à faire vivre l’histoire dense, richissime et souvent complexe de son pays par le biais de destins familiaux, nous contant l’amour, les désirs, les rêves mais aussi les trahisons, les drames qui traversent ces lignées.

 

 

Si j’ai parfois été quelque peu déroutée par le fantastique présent dans le roman, la poésie et la beauté qui s’en dégagent me l’ont ensuite fait apprécier.

 

 

Namwali Serpell ne pouvait envisager un roman aussi complet sans évoquer ce terrible fléau qui ravagea le continent africain, ce VIH, le virus responsable du sida.

 

 

La prouesse et le talent de l’auteure, est de nous donner à entendre différentes voix, permettant ainsi au lecteur de voir l’histoire sous différents angles, restituant un récit totalement politique, fortement instructif, un récit déchirant, époustouflant et pourtant parfois hilarant !

 

 

Merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour m’avoir permis de découvrir cet extraordinaire et fabuleux roman dont la couverture est déjà éblouissante !

 

Ghislaine

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Thème Magazine -  Hébergé par Overblog