V. Correspondances de Manosque 2022
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24ème édition
Dimanche 25 septembre
Et voilà, nos vingt-quatrième Correspondances de Manosque se terminent. Pour nous, ce n'est que notre septième participation (Merci Maëlle et Gwen) mais nous n'avons qu'un souhait : participer à la prochaine édition !
En attendant, voyons ce que cette journée du dimanche nous a proposé comme découvertes.
Anna Hope : Le rocher blanc.
Comme nous avions bien apprécié La salle de bal et Nos espérances, nous étions impatients de rencontrer Anna Hope, une autrice britannique. Comme elle s'exprime en anglais, Lionel Fintoni assure la traduction et Yann Nicol pose les questions.
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Dans Le rocher blanc (Le bruit du monde), Anna Hope nous emmène dans un lieu mythique et réel à la fois. Elle nous fait partager quatre époques avec quatre personnages. Se basant sur la déportation d'une jeune fille, sur un bateau, emmenée vers le Yucatan, elle se dirige elle aussi vers ce mythique rocher blanc. C'est là qu'elle fait une offrande à ce rocher blanc, au Mexique, et rencontre un chaman alors qu'elle cherche désespérément d'avoir un enfant et... la voilà enceinte !
Anna Hope mêle donc les époques, reprenant l'appropriation du Mexique par les Espagnols, la violence et la prédation qui en découlent. Elle parle aussi de Jim Morrison et des Doors, des problèmes dans son couple et de ce fameux Rocher blanc qui fut, selon la légende, le premier objet solide du monde...
Rachel Cusk : La dépendance.
Nous n'avions pas prévu de rencontrer Rachel Cusk mais, grâce à un changement de lieu, place de l'Hôtel de Ville au lieu de la place d'Herbès, nous avons découvert une autre autrice britannique : Rachel Cusk et c'est encore Lionel Fintoni qui assure la traduction avec Élodie Karaki à l'animation.
Dans La dépendance (Gallimard), Rachel Cusk s'attache aux pas d'une écrivaine qu'elle nomme M.
L'autrice nous confie que, dans ce livre, elle tente de comprendre le problème de l'existence de la femme.
Dans sa réalité, elle doit choisir entre la sécurité et le danger.
Justement, le rôle de l'art permet la liberté d'expression, soit elle reste une artiste marginale, soit elle se met au même niveau que les hommes artistes. Finalement, Rachel Cusk avoue : "Le monde s'est mis à ressembler au roman que j'écrivais."
Christophe Ono-dit-Biot : Trouver refuge.
Christophe Ono-dit-Biot écrit depuis vingt-deux ans. Son dernier roman, Trouver refuge (Gallimard), se projette cinq ans plus tard, en 2027. La France est dirigée par un président extrémiste, surnommé Papa, qui a instauré un régime autoritaire, rejetant la culture. Pourtant, il avait été élu en affirmant son obsession pour la vérité.
Régis Pénalva anime la rencontre.
Dans ce culte de la force, cette tyrannie douce, la vie d'un enseignant, Sacha, devient très compliquée. Des appels, des menaces sournoises à cause d'une phrase prononcée en public : "Papa n'a pas toujours été comme ça." Tout cela l'oblige à Trouver refuge au Mont Athos avec sa petite fille, Irène, qui a été élevée dans le culte de la beauté de la nature. Contrairement à ce qui était prévu, la femme de Sacha, Mina, ne part pas.
Sur ce mont Athos, avec ses monastères, comme dans les contes de fées, les femmes ne sont pas admises. Se pose alors la question : pourquoi ces hommes, les moines, vénèrent-ils une femme et son fils ? Malgré cela, Sacha réussit à y vivre avec Irène...
Précision importante, Trouver refuge se déroule sur six jours.
Olivier Adam : Dessous les roses.
Retrouver Olivier Adam, à Manosque, est toujours un plaisir. Lui, qui fit partie de l'équipe ayant lancé ce formidable événement autour du livre, publie, cette année, Dessous les roses (Flammarion), une histoire très familiale.
Une fratrie se trouve réunie pour l'enterrement de leur père. Le roman se déroule sur trois jours et les conflits, les rancœurs, les secrets refont surface. Même en ayant lu Dessous les roses avant ces Correspondances 2022, il était très intéressant d'écouter son auteur répondre aux questions d'Élodie Karaki.
La jalousie éprouvée par Antoine, le plus jeune, envers Paul qui a réussi en réalisant des films, en mettant en scène des pièces de théâtre, cette jalousie, cette haine s'expliquent parce que Paul a utilisé leur histoire familiale en la déformant, en la modifiant.
Comme le reconnaît Olivier Adam, quand un livre sort, quand un film ou qu'une pièce de théâtre est jouée, son autrice ou son auteur n'est pas mort. Son œuvre risque de blesser autour de lui et son entourage peut reprocher une violation de leur vie privée.
S'ajoute à cela la conduite du père, celui qui va être enterré, vis-à-vis de Paul. De plus, comme Claire, l'aînée, chacun des enfants remet en cause sa vie familiale. Les dialogues sont d'une force incroyable, facilités par l'alcool. Observatrice la plus neutre possible, la mère tente de colmater les brèches car ils ont tous de bonnes et de mauvaises raisons de se détester.
Comme dans toutes les familles, les enfants sont cimentés par un passé commun mais ont pris des chemins différents.
Bref, Olivier Adam est toujours passionnant à lire.
Lecture : "Cher connard", de Virginie Despentes.
Comme chaque année, les Correspondances de Manosque se terminent au Théâtre Jean-le-Bleu. Cette année, c'est une lecture de quelques pages du roman très controversé de Virginie Despentes.
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Anna Mouglalis qui excelle aussi bien au cinéma qu'au théâtre et en tant que réalisatrice, était accompagnée, sur scène, par Félix Maritaud et Louise Orry-Diquéro.
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Enfin, nous remercions chaleureusement toute l'équipe dirigeante des Correspondances de Manosque ainsi que l'équipe extraordinaire des bénévoles - petit clin d’œil amical à Dominique... - avec l'infatigable Gwen, sans oublier Maëlle qui nous a motivés, il y quelques années, pour venir assouvir notre passion pour les livres et leurs autrices et auteurs, à Manosque.
Ghislaine et Jean-Paul