Donadille et Réglat-Vizzanova : Djemnah, les ombres corses

Djemnah. Les ombres corses. 

BD par Philippe Donadille (scénario)  et  Patrice Réglat-Vizzanova (Dessin).

Delcourt (2022) 105 pages.

 

 

Magnifique, très belle, émouvante, superbement dessinée, Djemnah, la première BD signée Philippe Donadille et Patrice Réglat-Vizzanova est un régal !

 

Si je l’ai choisie chez Vincent que je remercie, c’est d’abord grâce à son format et surtout à sa couverture où tout le talent du dessinateur, Patrice Réglat-Vizzanova s’exprime. De plus, je dois avouer n’avoir pas été insensible à la silhouette de cette jeune femme qui regarde monter un jeune homme, avec la Méditerranée en arrière-plan.

 

Très vite, j’apprends que cette jeune femme se nomme Casilda et qu’elle est prof d’histoire-géo dans un lycée de Bastia.

 

 

Quant au jeune homme, il s’agit d’Ange Pizarti,  un collectionneur passionné toujours à la recherche de documents anciens, sans négliger l’espoir d’une revente à un bon prix.

 

 

Comme les deux auteurs de Djemnah, les ombres corses, Ange Pizarti fait partie de ces nombreux Corses qui n’ont jamais mis les pieds sur l’île dont est originaire leur famille.

 

 

C’est un hasard – heureux ? – qui met dans les mains d’Ange un vieux dessin représentant une belle inconnue. Sous ce dessin, un mystérieux message finit d’intriguer notre collectionneur : « Djemnah, je t’imagine au pied de la tour génoise. Tant de mystère et un trésor en toi. Protège-le. 7 juillet 1918. »

 

Il n’en faut pas plus pour décider Ange à quitter Paris et embarquer pour Bastia. Il se dit que si ses recherches sont vaines, il y aura toujours quelques brocantes pour fouiner.

 

 

Son but, c’est Ogliastro (photo ci-dessus), un village du Cap Corse, avec sa tour génoise, un peu à l’écart de la route qui fait le tour du Cap. Ses recherches sur internet, grâce à quelques indices, lui ont permis de localiser Djemnah…

 

 

Débute alors une quête faite de rencontres, de mystères, de surprises pour Ange qui découvre que, justement, sa famille est originaire de ce village et renoue avec son père vivant sur le continent. « Chi và è volta, bon’ viaghju faci » Celui qui part et revient a fait un bon voyage.

 

 

La première surprise, je peux la révéler : Djemnah n’est pas le nom de la belle jeune fille du dessin mais le nom d’un bateau torpillé au large de la Crète, en 1918. D’ailleurs, dans l’église d’Ogliastro, un ex-voto, une belle maquette, représente ce bateau, sous la statue de Saint-Érasme, patron des marins.

 

Petit à petit, Ange tente d’assembler les pièces du puzzle dont la belle Casilda est une pièce essentielle. Quel rôle joue-t-elle ? Que vient faire Toussaint, son cousin ? Pourquoi le curé tourne autour d’Ange… ? Ange va-t-il au bout de ses découvertes ? Pourquoi parle-t-on de trésor ? Les questions ne manquent pas et le plaisir d’avancer dans le scénario concocté par Philippe Donadille plonge dans l’histoire corse avec Paoli et un certain Bonaparte

 

Photo ci-contre : Patrice Réglat-Vizzanova et Philippe Donadille.

 

Pour finir, j’insiste à nouveau sur la beauté du dessin de cette BD. Certaines pages sont de véritables tableaux qui me font regretter de ne pas avoir fait halte à Ogliastro lorsque, il y a quelques années, mon épouse et moi, nous avions fait le tour du Cap Corse à vélo, au départ de Bastia.

 

Sens du mouvement, finesse des traits, délicatesse des couleurs, pages en noir et blanc pour les sauts dans le passé, Patrice Réglat-Vizzanova m’a régalé jusqu’au bout. Grâce à Casilda, il a même glissé quelques images érotiques au moment du bain dans un charmant coin secret de la petite rivière, près du village…

 

 

Je n’oublie pas les dernières pages dans lesquelles les auteurs remettent en place Histoire et fiction puis font part de l’historique qui a permis de créer Djemnah, les ombres corses, une belle réussite !

 

Jean-Paul

 

 

 

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