Yves Montmartin : Brindille
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Brindille par Yves Montmartin.
La chouette à lunettes (2022) 247 pages.
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Yves Montmartin (photo ci-contre), artisan-écrivain, comme il aime à se définir, réussit magistralement à se glisser dans la peau de cette jeune et frêle enfant Marie, née prématurément, si fragile que son entourage l’appelle Brindille.
À Maucoules, petit village, naissent une certaine année quatre enfants, promesse d’une renaissance du village. Ces quatre filles, mascottes du village, vont devenir très rapidement inséparables.
Souvent appelées les quatre saisons car chacune est née à une saison différente, toutes ont un surnom sauf Vanille arrivée d’une île en avion durant l’été et dont c’est le vrai prénom qui « correspond parfaitement à la couleur et à la douceur de sa peau ». Outre Vanille, il y a donc Neige, pour l’aînée des quatre filles car elle est née le 1er janvier, Coccinelle pour Camille, qui, pour son père Germain est une petite bête à bon Dieu et a apporté le bonheur dans leur maison et enfin Brindille, la petite Marie née prématurée en automne d’un père Vincent, menuisier-ébéniste et d’une mère Jacqueline, infirmière. Ce surnom lui va à ravir tant elle est la plus légère et la plus petite des quatre.
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C’est elle qui, au rythme des saisons, avec son regard plein d’innocence mais ô combien plein de bon sens, nous raconte le monde qui l’entoure.
Grâce à ses parents mais aussi à son grand-père, cet attachant Papi Chandelle, à sa grand-mère, Mamie Confiture dont les joues sont de véritables pièges à bisous, Brindille va apprendre le goût des choses simples et des petits bonheurs qui font que la vie est belle.
D’autres personnages auront leur importance dans son éducation. Bien évidemment, l’école aura une place prépondérante avec ce nouveau maître qu’est Victor Massardier, d’autant qu’elle est certaine d’être avec ses trois amies, puisqu’il n’y a qu’une classe par niveau.
Les réparties et les interventions de Jonathan, le fils du boucher, un peu lourdaud, de Nicolas, le fils du plombier, de Simon le fils du poissonnier ou de Maxence l’intello de la classe ne feront qu’apporter plus de profondeur et d’intérêt aux propos de l’instituteur et souvent beaucoup d’humour.
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C’est avec grand plaisir que j’ai assisté avec Brindille aux résultats de l’élection présidentielle et revécu l’élection du 10 mai 1981 avec ce souvenir inoubliable de l’apparition de « ce crâne dégarni ».
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J’ai été profondément touchée par quelques magnifiques pages consacrées aux arbres et au respect que son père lui enseigne vis-à-vis de ces derniers.
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C’est un roman d’apparence simple mais qui pourrait parfois quasiment s’apparenter à un petit traité de philosophie dans lequel la poésie aurait une place primordiale.
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Impossible de ne pas être touché en effet, et emporté avec Brindille lorsque son père lui apprend à écouter le silence, à arrêter sa lecture quand elle lit un livre, à passer du temps à réfléchir et à rêver entre les lignes, ou bien lorsqu’elle découvre les bocaux de son papi dans lequel celui-ci dit avoir mis tous les petits riens qui font que la vie est belle…
Quelques échappées sur sa vie d’adulte entrecoupent le récit et montrent combien ces choses-là l’ont touchée et lui ont enrichi le cœur. Son souhait le plus cher étant de les transmettre à sa fille.
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Brindille, cette charmante fillette qui a prêté son nom au petit roman de Yves Montmartin (La mauvaise herbe) incarne de façon modeste mais réelle, ce que l’on nomme la sobriété heureuse chère à Pierre Rahbi, cette nouvelle pensée écologique, sobre et respectueuse de la planète tout en étant accueillante et conviviale avec l’ensemble du vivant, humain et non-humain.
Et comme me l’a aimablement noté dans sa dédicace Yves Montmartin que je remercie sincèrement : « Et si le bonheur était tout simplement de garder notre âme d’enfant » !
Ghislaine