Arturo Pérez-Reverte : Le tango de la Vieille Garde

Le tango de la Vieille Garde   par  Arturo Pérez-Reverte.

 Seuil (2013) 533 pages ; Points (2014) 552 pages.

 

 

Comme le laisse supposer le titre : Le tango de la Vieille Garde, c’est cette danse qui tient la vedette pour une bonne partie du roman qui devient de plus en plus addictif avec un suspense réussi.

 

 

En fait, c’est Max Costa le héros du livre. Cet Argentin qui a grandi dans les faubourgs de Buenos Aires, est un danseur mondain, un fameux danseur de tango qui séduit toutes les femmes, ou presque.

 

 

Arturo Pérez-Reverte, dans ce roman, me fait découvrir une société qui m’est complètement étrangère. Ces gens baignent dans le luxe, vivent dans les meilleurs hôtels et méprisent le personnel, celui qui est aux petits soins et consacre toute son énergie pour leur faciliter la vie. Il y a bien quelques pourboires mais…

 

 

En 1928, Armando de Troye (43 ans) se rend à Buenos-Aires, avec son épouse, la belle Mecha Inzunza, pour y composer un tango qui lui permettrait d’éclipser le fameux Boléro de Ravel.

 

 

Nous sommes donc sur le Cap Polonio, un transatlantique. C’est là que se produit la rencontre électrique entre Mecha et Max qui lui fait danser le tango, danse qui devient vite sensuelle et érotique.

 

 

En parallèle, l’auteur me fait retrouver le fameux Max, à 64 ans. Il est chauffeur du docteur Hugentobler qui a fait fortune en soignant les riches juifs traumatisés par les camps. Nous sommes à Sorrente, Italie, de l’autre côté de la baie de Naples, avec le Vésuve en toile de fond. Max profite du départ de son patron pour aller vivre dans le grand luxe des hôtels de Sorrente. Là, il reconnaît une femme…

 

 

Amour, tango, échecs, services secrets, ce roman est dense, surtout dans sa seconde partie qui permet de connaître davantage le fameux Max. Celui-ci, à Buenos Aires, avait accepté de piloter de Troye et son épouse dans les quartiers populaires où il a grandi. Là, le musicien s’était encanaillé et surtout, avait découvert les origines du tango dont l’auteur détaille l’évolution. C’est le fameux Tango de la Vieille Garde.

 

 

Comme je l’ai signalé, l’autre pôle d’attraction du roman s’attache aux échecs puisque, à Sorrente, le jeune Jorge Keller affronte le champion russe, Sokolov. Arturo Pérez-Reverte, comme pour le tango, s’est minutieusement documenté et en fait profiter ses lecteurs sans toutefois les noyer dans trop de technique.

 

 

Entre Buenos Aires et Sorrente, prend place l’épisode niçois, en 1937. Max a 29 ans. Il est marqué par son passé de soldat, passé qu’il a tenté d’oublier en tant que danseur mondain.  À ce moment-là, le monde est en ébullition. Les nazis prospèrent en Allemagne. Mussolini a mis l’Italie à sa botte… et Franco met l’Espagne à feu et à sang pour renverser le gouvernement républicain démocratiquement élu.

 

 

Voilà un minimum pour situer ce roman et cadrer ses principaux personnages. Arturo Pérez-Reverte (photo ci-dessous) utilise souvent des mots en français que François Maspero, le traducteur, fait ressortir en italiques. Les descriptions très sensuelles peuvent aller jusqu’à un érotisme torride, fort compréhensible, vu les relations entre les deux principaux personnages. Caractères et tenues sont parfaitement décrits. Cela donne une excellente étude psychologique de chacun et de très pertinentes réflexions sur la vie même ; le luxe dans lequel évoluent les protagonistes est souvent indécent.

 

 

Je note aussi un grand talent d’écriture pour mener dialogues et sous-entendus, laisser planer des menaces sourdes, des implications politiques révélatrices pour chaque époque. Le passage habile du dialogue direct au style indirect rend les discussions très vivantes.

 

 

Enfin, je suis ému au final par cette tendresse énorme ressentie au moment où Mecha et Max tentent de faire le bilan de leur amour ; lui le voleur, elle la grande dame à qui rien ne manque, ont réussi à m’emmener au bout d’une histoire folle, une histoire qui m’a tenu en haleine jusqu’au bout.

Jean-Paul

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J
Allez-y toutes les deux pour un tango endiablé mais... sans moi qui suis un piètre danseur...
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M
Amusant je viens de terminer du même auteur "le cimetière des bateaux sans nom" et je me suis régalée (mais ma chronique n'est pas encore rédigée!). Tu me donnes envie de poursuivre ma découverte de cet auteur avec ce titre-là...je le note du coup avec plaisir !
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D
ah, trop longtemps que je n'ai pas lu de livre de cet auteur que j'aime bien ! merci d'en parler, ça donne envie
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