Hubert Haddad : Opium Poppy

Opium Poppy    par  Hubert Haddad.

Zulma (2011) 170 pages ; Folio (2013) 192 pages.

 

 

Dans Opium Poppy, Hubert Haddad relate le terrible destin d’un enfant afghan de douze ans qui a été arrêté sur un quai de gare, à la descente d’un train et conduit au Camir, Centre d’accueil des mineurs isolés et réfugiés.

 

 

Avant de se retrouver dans ce centre de rétention à Paris, celui à qui ils ont donné le nom d’Alam, était un petit garçon paysan né dans le désastre informe des guerres, dont on va découvrir la terrible histoire au fil du récit, dans ce pays en proie à la folie des hommes et à l’obscurantisme.

 

 

On le découvre sous le sobriquet de « l’évanoui », sobriquet qui lui a été donné parce qu’il a perdu connaissance lors de sa circoncision. Suprême déshonneur. Pouvait-il exister une plus grande violence pour lui ?

 

 

Hélas, alors que le convoi formé par les trafiquants d’opium venaient récupérer la récolte annuelle au village, une attaque des insurgés exigeant leur part de la tractation, détruit des masures du village et son père victime d’un accident cérébral, devient invalide.

 

 

La famille se voit contrainte de partir se réfugier dans une ville proche de Kaboul

Comme on aimerait prendre ce gosse dans ses bras et lui donner toute l’affection dont il manque cruellement !

 

 

Opium Poppy révèle le terrible destin et l’impitoyable destruction de cet enfant abandonné à lui-même, pris entre la guerre et le trafic d’opium, entre son désir d’apprendre et les intimidations de toute sorte, entre son admiration pour son frère véritable tête brûlée et l’admiration qu’il porte à une trop belle voisine, dont l’issue tragique laisse sans voix.

 

 

L’auteur alterne avec habileté le présent, c’est-à-dire l’errance de Alam dans la banlieue parisienne, une errance d’enfant réfugié sans papier dans le froid et toujours la drogue, avec le passé dans son pays en guerre.

 

 

Bien qu’écrit en 2011, c’est un roman, hélas, toujours d’actualité qui traite avec talent et concision et sans aucune concession, de thèmes qui prennent de plus en plus de place dans notre monde contemporain, à savoir, la guerre, l’immigration, le trafic de drogues, l’insensibilisation des êtres et la déshumanisation.

 

 

On ne peut être qu’être effaré et pétrifié en découvrant ces enfances saccagées, ces enfances volées, ces enfances broyées issues de la tragédie de la guerre, de même qu’on est suffoqué en lisant le sort réservé aux femmes et notamment à celles qui tentent de braver le sort et cherchent à s’instruire.

 

 

Hubert Haddad (photo ci-dessus) s’attache à décrypter le processus qui conduit inexorablement ces enfants à  perdre toute trace d’émotion et de sentiment, et à devenir prêts aux pires excès. Un engrenage qui semble sans possible retour en arrière.

 

 

J’ai été dès le début prise aux tripes par ce récit très dépaysant, absolument bouleversant et terrifiant sur ces enfances sacrifiées qui n’ont par conséquent aucun futur, aucun avenir.

 

 

Opium Poppy de Hubert Haddad est un roman plein de réalisme, qui interpelle, qui révolte, qui reflète la folie des hommes et qui laisse désemparé…

 

 

Ayant déjà lu Un monstre et un chaos de Hubert Haddad, me voilà à nouveau conquise par la plume acérée de cet auteur.

 

Ghislaine

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M
Je découvre ce livre (et miracle il est dans ma médiathèque). Je connais l'auteur dont j'ai lu deux livres seulement. J'avais adoré "le peintre d'éventail" et je me suis ennuyée à la lecture de "la condition magique" que j'avais trouvé beaucoup trop littéraire bien qu'intéressant mais lu pendant le confinement d'avril 2021...ceci explique peut-être mon ressenti, je n'avais pas l'esprit à ça, du coup je ne me suis pas précipitée sur un troisième titre mais celui-ci devrait me plaire. Je vais le noter. Merci pour ta chronique encore une fois très intéressante.
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D
Je ne connais pas les 2 titres que tu cites. J'avais seulement lu Un monstre et un chaos qui m'avait bien plu, c'est pourquoi quand j'ai trouvé celui-ci parmi les bouquins que ma médiathèque avait "désherbés", je n'ai pas hésité. Je n'ai pas été déçue...
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