Robin Josserand : Prélude à son absence
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Prélude à son absence par Robin Josserand.
Mercure de France (2023) 167 pages.
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Prélude à son absence, de Robin Josserand est un premier roman plutôt percutant.
Dans cette autofiction homosexuelle, Robin, le narrateur, la trentaine, est écrivain ou, du moins, prétend en être un, et travaille dans le grand silo rectangulaire de dix-sept étages de la bibliothèque de la Part-Dieu où il est chargé des documents anciens. Il a récemment emménagé dans un appartement neuf d’une résidence dans le huitième arrondissement de Lyon.
Un jour, en se dirigeant vers son domicile, il reste figé en découvrant devant la pharmacie un jeune homme au visage livide et émacié qui fait la manche assis par terre. Il est subjugué par la beauté de ce sans-abri qui lui fait penser au sublime Glenn Gould.
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Le lendemain, il n’est plus là mais il réapparaîtra, disparaîtra de nouveau, acceptera l’hospitalité pour fuir encore…
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En fait, dès le début de sa rencontre avec Sven, Robin sait que c’est une histoire d’amour impossible et que ça ne va pas marcher. La relation est très déséquilibrée entre le narrateur obligé de se soumettre à Sven qui, lui, mène la danse.
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Il y a quelque chose comme du masochisme amoureux, un rapport de domination dans cette relation.
Une atmosphère très particulière se dégage de ce roman où le désir, la force du désir et la violence du désir en sont les thèmes. En entraînant Sven avec lui sur l’île de Groix (photo ci-dessous) pour quelques jours de vacances, le narrateur ne se fait pas d’illusions mais tente une dernière chance qu’il sait pourtant vaine.
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Robin Josserand sait habilement faire monter la tension tout en créant une atmosphère assez spéciale avec quelque chose d’un peu poisseux, d’un peu sale.
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Photo ci-dessus : Jean Genet.
Tout en ne nous épargnant pas certaines scènes assez crues sans pour autant tomber dans le porno, l’auteur réussit avec Prélude à son absence, un premier roman à la fois cru et romantique, sombre et lumineux et une fin comme je les aime, assez ouverte qui laisse au lecteur le loisir de conclure selon son sentiment.
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J’ai beaucoup apprécié les nombreuses références dont est truffé ce roman ; références littéraires, à Jean Genet notamment, Robin espérant pouvoir créer un lien avec Sven en lui offrant Journal du voleur, espérant le séduire avec sa culture, références musicales, à Glenn Gould (photo ci-dessus) surtout, et à ses Variations Goldberg et références également à la peinture avec Le Caravage et La Résurrection de Lazare.
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Fantasme, mirage, Sven n’aurait-il pas d’autre but, d’autre objectif pour Robin le personnage ou/et pour Robin l’auteur, que de le pousser à écrire ?
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Prélude à son absence de Robin Josserand (photo ci-contre) est un bouquin que j’ai pu découvrir grâce à L’encrier et aux éditions Mercure de France que je remercie chaleureusement.
Ghislaine