Nina Bouraoui : Grand Seigneur

Grand Seigneur     par    Nina Bouraoui.

 JC Lattès (2024), 220 pages.

 

 

 

Nina Bouraoui, confrontée aux derniers jours de la vie de son père, a réussi à confier ses sentiments et ses souvenirs pour faire vivre à ses lecteurs ces moments si difficiles. Au travers de ces lignes, elle réalise un magnifique et émouvant hommage à cet homme entré en soins palliatifs le 28 mai 2023.

 

 

 

J’avais déjà lu Nina Bouraoui dans Tous les hommes désirent naturellement savoir et je retrouve son homosexualité assumée dans Grand Seigneur. Ce Grand Seigneur, c’est bien sûr son père qui, malgré ses absences longues et fréquentes à cause de ses responsabilités, a su accepter sa fille telle qu’elle est pour qu’elle vive heureuse et qu’elle s’épanouisse.

 

 

Proche de la fin de sa vie à cause d’un cancer généralisé, son père se trouve dans la maison médicale Jeanne-Garnier, dans le XVe arrondissement, à Paris.

 

 

 

Le nom de cet établissement dont je  n’avais jamais entendu parler me permet d’apprendre que Jeanne Garnier, portrait ci-contre, (1811 – 1853) est la pionnière dans le domaine des soins palliatifs. C’est à Lyon où, à 24 ans, elle vient de perdre son mari et leurs deux enfants, qu’elle a fondé les Dames du Calvaire, une association de femmes. Animée par une foi et un amour sans pareils pour l’humanité, elle a décidé de s’occuper des malades incurables, délaissés. Plus tard, d’autres femmes, comme Aurélie Jousset, à Paris, en 1874, ont poursuivi son œuvre.

 

 

Je reviens à ma lecture de Grand Seigneur pour indiquer que Nina Bouraoui ne cache pas que l’argent n’est pas un problème dans cette famille qui a quitté Alger alors qu’elle n’avait que 14 ans. Si sa mère est française, Rachid, son père, haut fonctionnaire international pour l’Algérie, voyait sa sécurité menacée. Celui-ci lui avait appris que Bouraoui signifie le conteur en arabe… tout un programme pour Nina devenue une écrivaine qui compte.

 

 

Alors, l’autrice écrit encore remarquablement, réussit une impressionnante plongée dans ses sentiments, ses souvenirs, avec beaucoup de très justes et de très émouvantes réflexions.

 

 

Entre ses visites et le temps passé auprès de son père, elle rend hommage à son Amie précieuse et, surtout, elle rappelle l’existence de celle qu’elle nomme A et qu’elle aime. Au passage, elle n’oublie pas une certaine Hélène avec laquelle les relations n’ont pas été simples. J’ajoute qu’elle ne néglige aucunement sa mère et sa sœur ainsi que d’autres relations.

 

 

Ce qui m’a le plus touché dans ce récit, c’est l’amour entre ce père et sa fille : c’est énorme et la qualité de l’écriture de Nina Bouraoui (photo ci-dessous) permet d’aller au-delà des apparences pour cultiver ce monde des souvenirs souvent enjolivés mais quelle importance ?

 

 

 

 

Dans Grand Seigneur, l’autrice réalise une recherche approfondie sur son père, ses origines, ses goûts, son enfance et sa jeunesse. Si les phrases sont longues, elles sont parfaitement maîtrisées. Au passage, beaucoup de questions essentielles sur la mort sont posées et méritent que nous y réfléchissions, ce que Grand Seigneur m’a permis.

 

Jean-Paul

 

 

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