Yasmina Khadra : L'Olympe des infortunes

L’Olympe des infortunes    par  Yasmina Khadra.

Julliard (2010) 232 pages ; Pocket (2011) 192 pages.

 

 

 

 

 

 

 

Après Dieu n’habite pas la Havane et surtout Les hirondelles de Kaboul qui m’avait chamboulée par son réalisme bouleversant,  L’Olympe des infortunes est le troisième roman que je lis de Yasmina Khadra.

 

 

 

 

 

Ils sont nombreux ces laissés-pour-compte à tenter de survivre sur une bande de terre délaissée proche d’une décharge publique bordée d’un côté par la mer et de l’autre par une ville qui à la fois attire et terrorise ces réprouvés. 

 

 

 

 

 

On y trouve Le Pacha, ce briscard tonitruant, qui ne peut vivre sans la présence à ses côtés de son amant Pipo, Mama et son vieux compagnon Mimosa, mais aussi Négus, Clovis, Bliss, Haroun le Sourd, Aït Cétéra, Les frères Zouj, Einstein, sorte d’alchimiste s’évertuant à créer des élixirs à partir des médicaments périmés trouvés dans les poubelles, Dib et puis les Autres, les clodos de passage…

 

 

Parmi ces marginaux, sur ce terrain vague, vit aussi un duo : Ach le Borgne  et Junior le Simplet. Ach, musicien, poète, philosophe, s’est pris d’affection et protège Junior l’innocent qui l’accompagne, extatique. Il s’évertue à le mettre en garde contre les dangers de la ville voisine, ce lieu de perdition, lui interdit de s’y rendre et lui fait l’apologie de ce qu’est leur vie : une vie de liberté sur cette terre des Horr, le Horr étant un clodo qui se respecte, où tout est permis, où rien n’est interdit.

 

 

L’arrivée d’un géant, Ben Adam, envoyé par la providence selon ses dires et se déclarant la voix de leur salut, va semer le doute dans les esprits et finir même par ébranler les convictions du vieil Ach.

 

 

Cet homme affirme qu’ils sont les seuls artisans de leur malheur, qu’il faut lutter, ne jamais renoncer, garder l’espoir de se reconstruire, tant la vie vaut le coup d’être vécue.

 

 

Cette vie que Ach qualifie de meilleur des mondes, Ben Adam la nomme un mouroir. En choisissant de ne rien devoir aux autres et de ne rien en attendre, on cesse de vivre, telle est sa pensée.

 

 

L’Olympe des infortunes s’apparente à un conte philosophique sur la marginalité et l’exclusion dont la lecture laisse abasourdi.

Les différences, les inégalités, la pauvreté, l’alcool, la violence, la folie, l’emprise sont quelques-uns des thèmes évoqués dans ce court roman.

Est-il possible de faire table rase de son vécu et de repartir à zéro est aussi une des questions soulevée par Yasmina Khadra (photo ci-dessous) ?

 

 

Ce roman est là pour nous ouvrir les yeux sur la vie de ces exclus de la société, qui, où qu’ils aillent sont toujours rejetés et bannis.

 

 

Si j’ai été révulsée par la scène de la noyade de Haroun le Sourd, consternée par les crises de despotisme du Pacha, j’ai été profondément émue par l’affection et la tendresse que Ach porte à Junior pour le protéger et réciproquement.

 

 

Yasmina Khadra sait à merveille nous faire découvrir les pensées de cet innocent qu’est Junior tout comme il sait manier avec dextérité l’humour pour restituer les exploits hélas, pas souvent couronnés de réussite, de l’inventif Einstein.

 

 

Dans L’Olympe des infortunes, Yasmina Khadra raconte avec talent et non sans ironie la rudesse du monde qui nous entoure. Poésie et tendresse émaillent ce récit sur la cruauté et la terrible réalité de la vie de ces laissés-pour-compte que personne ne veut voir.

 

Ghislaine

 

 

 

 

 

 

 

 

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Mes préférés de cet auteur :<br /> L'attentat<br /> Les hirondelled de Kaboul<br /> Les cerf-volant de Bagdad<br /> <br /> Et <br /> ce que le jour doit à la nuit ( auquel je mets au moins ***** 😉) <br /> <br /> Après ceux-là j'ai trouvé qu'il se répétait ou m'avait beaucoup moins embarquée à la fois dans ses intrigues, ses personnages et les situations sociales et politiques des pays dont il parle.
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