Christy Lefteri : Le Livre du feu

Le Livre du feu    par  Christy Lefteri.

Traduit de l’anglais par Karine Lalechère.

Titre original : The Book of Fire.

Seuil (2024) 342 pages.

 

 

 

Christy Lefteri m’avait captivé, enchanté avec L’Apiculteur d’Alep puis Les Oiseaux chanteurs. Aussi, je me suis lancé avec beaucoup d’envie dans la lecture de son dernier roman : Le Livre du feu.

 

 

Son récit est mené sur deux temporalités : l’une en direct, au moment présent, l’autre est intitulée à chaque fois, à chaque retour en arrière « Le Livre du feu », le titre du roman.

 

 

Aussitôt, je retrouve, sous la traduction de Karine Lalechère, la verve, le sens de l’écriture fluide, agréable à lire, de Christy Lefteri.

 

 

 

Un promoteur que la narratrice appelle Monsieur Moine - de son vrai nom Michael Trachonides – est sans délai identifié comme l’auteur d’un terrible incendie dont les conséquences s’étalent dans la partie que j’appellerais actuelle.

 

 

Quand la narratrice, Irini, reprend la parole, j’apprends qu’elle a un mari, Tasso, une fille, Chara, et un chien, Rosalie. Elle est musicienne, spécialiste du bouzouki, et son mari est un artiste peintre qui excelle à représenter la forêt, cette si belle forêt en train de partir en flammes.

 

 

C’est dans les passages intitulés « Le Livre du feu » que l’action est la plus intense, la plus stressante. Là, je suis en apnée car il faut suivre Irini et Chara qui tentent d’échapper aux flammes dévorant tout ce qui vit : êtres humains, animaux, insectes et végétaux. Dans cette fuite éperdue, j’apprends que les plus riches ont construit leurs villas au bord de l’eau, barrant tout accès à la mer.

 

 

Ensuite, je suis un peu déçu car Christy Lefteri adopte un style feutré, remonte dans les souvenirs de ces Grecs revenus de Londres, pour vivre au pays. Bien sûr, les dégâts causés par le feu font frémir, désolent vraiment. Si l’on connaît le coupable, si l’on incrimine le gouvernement, si l’on reproche aux pompiers une organisation défectueuse, si la police a préféré protéger les biens des plus riches, personne n’évoque le principal responsable de ces gigantesques incendies qui ont dévasté, dévastent encore d’immenses territoires de notre planète : le réchauffement climatique. Cela, Christy Lefteri (photo ci-dessous) le détaille très bien dans sa Postface.

 

 

Je n’oublie pas le rappel de ces déplacements de populations entre Grèce et Turquie, bien remis en situation, après la chute de l’empire ottoman. D’ailleurs, ces exilés se sont même croisés en chemin… enfin ceux qui ont pu échapper à la violence meurtrière inhérente à ce genre d’évacuation forcée.

 

 

Christy Lefteri réussit à mettre un peu de suspense, de tension avec une mort suspecte et l’intervention de la police. Pourtant, ce sont les scènes de la vie familiale, les tentatives pour rétablir la communication dans le couple après le traumatisme de l’incendie qui occupent l’essentiel du roman. Les contes, les histoires racontées aux enfants, à Chara en particulier, par sa maman, révèlent toute leur importance comme celle, si nécessaire, de la nature.

 

 

L’autrice décrit très simplement la vie quotidienne de la petite famille. Elle aborde même la question des greffes pour les grands brûlés avec beaucoup de délicatesse mais était-ce nécessaire de placer cette histoire de jeune chacal recueilli par Chara ?

 

 

Aussi, en dehors des moments intenses, Le Livre du feu donne un ensemble poétique, doux et émouvant, souvent empreint de nostalgie. Au final, ce roman me déçoit un peu mais je respecte le choix de l’autrice qui a privilégié l’intime, le familial par rapport au spectaculaire et au clinquant.

 

 

Je remercie Babelio et les éditions du Seuil qui m’ont permis de continuer l’aventure littéraire avec Christy Lefteri.

 

Jean-Paul

 

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Je n'ai lu d'elle que les oiseaux chanteurs et j'attend toujours que "l'apiculteur d'Alep" soit dispo à la médiathèque...depuis le temps que je veux le lire, alors celui-ci attendra un peu !
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