Dan Franck : L'arrestation

L’arrestation   par  Dan Franck.

Grasset (2023) 293 pages.

 

 

 

 

Dan Franck est un fameux romancier, un écrivain recherché qui a prêté sa plume pour rédiger des biographies, mettre au point des scénarios, écrire pour des journaux, des magazines. Son père avait été rédacteur en chef de L’os à moelle.

 

 

 

C’est son engagement politique contre toute oppression et sa lutte pour préserver la liberté qui l’ont entraîné dans cette spirale qu’il reconstitue avec précision et émotion, en écrivant L’arrestation.

 

 

 

 

Comme j’avais apprécié cet écrivain dans Les champs de bataille, je n’ai pas hésité pour le lire à nouveau et cela commence par l’évocation de sa fiche Wikipédia qui rappelle les quarante jours passés en prison, en 1984. Cette détention préventive impossible à effacer est liée au groupuscule terroriste Action directe dont L’arrestation tente d’expliquer les liens et les mouvements.

 

 

Le fait que Dan Franck utilise des pseudos comme Le Garçon, Blond-Blond, le cousin ou encore le Bordelais ne facilite pas la compréhension de l’histoire mais j’en admets la nécessité. Afin de bien saisir les relations de Dan Franck avec les mouvements contestataires, il faut revenir en arrière, à mai 68, période qui a fortement marqué celles et ceux qui l’ont vécue. Dan Franck n’avait que quinze ans et regardait les plus grands mener le mouvement à Paris où il vit.

 

 

Plus tard, il gagne sa vie en écrivant pour lui et pour d’autres. En 1979, il anime la collecte de fonds pour Pierre Goldman (photo ci-dessous) et il est profondément bouleversé lorsqu’il apprend son assassinat par un commando d’extrême-droite, quelques mois après son acquittement.

 

 

Dan Franck (photo ci-dessous) ne le sait pas mais la police le file depuis huit mois. Son arrestation est causée par une lettre anonyme dont l’explication n’arrive qu’à la fin du livre… suspense bien maîtrisé.

 

 

 Les écoutes téléphoniques permettent de suivre tous les contacts entre les membres d’Action directe. Une première garde à vue montre que l’étau se resserre mais c’est l’attentat de la rue Trudaine, le 31 mai 1983, qui fait s’emballer l’enquête : deux policiers sont tués et un troisième grièvement blessé. S’ajoutent à cela des braquages permettant de financer le mouvement.

 

 

Dan Franck raconte alors ces mois difficiles, explique son souci de ne rien balancer, préférant mentir plutôt que de compromettre des personnes qu’il considérait, à tort, comme des amis et qui se servaient de lui pour se loger afin de préparer leurs actions.

 

 

Tout cela est remis en scène de façon vivante, animée, précise, détaillée sans la moindre condescendance. Lorsqu’il est incarcéré, à l’isolement, dans la prison de la Santé (photo ci-dessus), il se rend bien vite compte de ce que ressent un être humain en prison alors qu’il n’a rien à y faire.

 

 

C’est dans sa cellule, sur une petite table scellée au mur, qu’il écrit, qu’il ne peut s’empêcher d’écrire et que cela le sauve de la folie alors qu’autour de lui, on hurle, on manipule les serrures, les targettes, les verrous, sans ménagement afin de bien rappeler à ceux qui sont enfermés, leur privation de liberté. Il n’oublie pas de mentionner aussi cette forte lampe qui l’éblouit à plusieurs reprises au cours de la nuit, surveillance oblige.

 

 

Les événements, les péripéties ne manquent pas dans ce récit. Dan Franck cite tous les amis qui lui apportent un soutien infiniment précieux. Ces lettres venues de l’extérieur sont indispensables au moral de celui qui ne comprend pas pourquoi il doit subir une chose pareille !

 

 

L’écriture a permis à Dan Franck de sortir de ce cauchemar, même si on n’en émerge jamais complètement indemne. Longtemps après, il a cherché à comprendre, à retrouver celle et ceux qui l’avaient impliqué malgré lui dans cette mouvance terroriste. Il a même rencontré ce policier qu’il appelle le Bordelais et cela permet de mettre fin au suspense, révélant enfin la source de L’arrestation.

 

Jean-Paul

 

 

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