Santiago H. Amigorena : La Justice des hommes
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La Justice des hommes par Santiago H. Amigorena.
P.O.L. (2023) 313 pages.
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Après avoir rencontré Santiago H. Amigorena lors du récent Printemps du Livre de Grenoble, après avoir lu et apprécié Le Ghetto intérieur et Le Premier exil, j’étais impatient de découvrir La Justice des hommes et je n’ai pas été déçu.
Dès le premier chapitre, j’ai été happé par l’histoire d’Alice et d’Aurélien, histoire intimement liée à celle de leurs deux enfants : Loup (4 ans) et Elsa (6 ans). Alice et Aurélien sont de jeunes parents qui vivent aux portes de Paris. Leur couple, comme tous les couples, connaît de merveilleux moments mais aussi d’autres où tension et disputes perturbent leur relation. Si Alice travaille dans un restaurant, Aurélien s’occupe des enfants et tente de réaliser son rêve : devenir écrivain.
Ce soir-là, Alice sort, soi-disant pour un dîner lié à son boulot, mais Aurélien découvre la vérité. Le cerveau en bouillie, il perd tout contrôle, prend les enfants avec lui et tente de récupérer Alice…
Santiago H. Amigorena (photo ci-dessus) m’emballe sans délai, me fait vivre au plus près l’affolement de cet homme, perdu après le départ de sa femme. Tout dégénère et voilà Aurélien condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis. Il est libéré au bout de neuf mois pendant lesquels il s’est muré dans un silence complet, refusant tout contact avec l’extérieur, ne répondant à aucune demande, ni au courrier d’Alice ni aux lettres de ses amis.
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Santiago H. Amigorena commence à poser beaucoup de questions par l’intermédiaire d’Aurélien qui devient un autre homme, blessé, meurtri, un père qui pense sans cesse à ses enfants, même s’il refuse de voir Alice et Elsa au parloir.
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Justement, ce qu’il ne sait pas, c’est qu’Elsa, depuis ce soir fatal, refuse obstinément de parler. De son côté, Alice, après la douleur, est très en colère contre lui.
C’est le moment choisi par l’auteur pour nous faire connaître le parcours d’Aurélien avant qu’il sorte de prison, complètement déconnecté, désespérément seul.
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Tout au long de La Justice des hommes, Santiago H. Amigorena excelle à faire ressentir l’état psychologique de ses personnages, adultes comme enfants. Il me glisse dans leurs pensées, me fait vivre leurs tourments, leurs hésitations, leurs réactions. C’est une écriture merveilleuse de sensibilité et de justesse.
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Dans le chapitre 30, Santiago H. Amigorena explique pourquoi il a écrit La Justice des hommes, une histoire prévue, à l’origine, pour être le scénario d’un film. Pour moi, aucun regret si le projet a avorté car le roman est d’une force incroyable, un force décuplée lorsque entrent en scène les avocats.
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Si l’auteur m’a fait vivre des scènes palpitantes qui auraient été très fortes sur grand écran, il pousse très loin la réflexion à propos du rôle de ces gens censés faire appliquer la justice, cette justice dite des hommes mais qui n’a rien d’humain.
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Avec son immense qualité d’écriture, Santiago H. Amigorena met en scène de terribles et émouvants moments comme ceux du téléphone ou du balcon. Il mène son récit avec tact, psychologie, tendresse. Il n’élude pas les moments d’échanges tendus, violents, si importants pour permettre à Alice et à Aurélien d’évoluer en faveur de l’intérêt des enfants. Quant aux honoraires des avocats…
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Les questions essentielles sont posées. Un couple se déchire et l’avocat de chaque partie tente de pousser à bout l’une ou l’autre des protagonistes sans chercher à savoir où est l’intérêt des enfants.
Santiago H. Amigorena dit tout cela bien mieux et c’est pourquoi il faut lire La Justice des hommes, surtout qu’une énorme surprise nous attend avant que l’auteur s’épanche dans le dernier chapitre, livrant des confidences d’une émouvante sincérité.
Jean-Paul