Christophe Neyrinck : Beckenbauer

Beckenbauer   par  Christophe Neyrinck.

 Éditions Vendeurs de Mots (2024) 197 pages.

 

 

 

 

Beckenbauer, une biographie du célèbre footballeur allemand surnommé le kaiser ? Que nenni.

 

 

Si Christophe Neyrinck a choisi ce titre pour son premier roman, c’est plutôt comme un pied de nez à cette terrible maladie neurodégénérative pour laquelle n’existe encore aucun remède.

 

 

 

Ce récit de vie romancé m’a captivée de bout en bout.

 

 

 

 

Paul, le narrateur, a voulu s’amuser à toiser la maladie et lorsque la question lui a été posée : « - Qu’est-ce qu’elle a ta mère ? », la réponse a jailli « - Alzheimer… ? Hölzenbein ? Ou Beckenbauer alors ? Je ne sais plus, un joueur de foot allemand en tout cas. » Il n’a pas pensé à mal, se défend-il.

 

 

Comment est-ce possible et depuis quand, exactement, sa mère, véritable « mère-poule » avec ses deux enfants, lui et sa sœur Fanny, est-elle devenue cet être froid et déconnecté de tout ?

 

 

Au début de la maladie, Paul s’en sort avec l’humour, et fait un peu le malin, une manière de botter en touche même si on doit l’origine de l’expression au rugby. N’y tenant plus, il fuit, s’éloigne de sa mère en quittant Boulogne, sa région, pour le sud de la France, avec l’assentiment de sa sœur.

 

 

Un texte très aéré, des phrases et des chapitres courts, une écriture sobre et pudique et des flashbacks judicieusement insérés confèrent à ce récit beaucoup de rythme et de justesse.

 

 

 

L’amour et la tendresse que Paul porte à sa mère, la douleur qu’il éprouve,  le désarroi face à cette maladie qui chamboule tout, les regrets qu’il peut avoir, la culpabilité qui l’envahit parfois, tous ces sentiments sont superbement rendus, talentueusement transcrits au moyen de cet humour caustique que l’auteur déploie avec maestria, permettant une dédramatisation d’un contexte terrible et évitant ainsi un récit oppressant.

 

 

 

 

J’ai beaucoup apprécié cet humour un peu décalé qui a permis à l’auteur de prendre un peu de recul face à cette situation cauchemardesque qui est  de voir la personne aimée dont on se souvient, «  définitivement portée disparue ». Les retours en arrière donnent l’occasion à l’auteur de revenir sur son enfance avec un gamin parfois bien malicieux, sur le couple formé par ses parents, ses relations avec eux, d’évoquer aussi  l’avenir dont il aurait rêvé pour lui et sa famille. En outre, de nombreuses réflexions émaillent et enrichissent la narration.

 

 

Christophe Neyrinck (photo ci-dessous) a fait preuve de beaucoup d’originalité et d’audace en personnifiant cette maladie, n’hésitant pas, tout au long du roman, à faire des allusions très pertinentes à cet illustre sportif.

 

 

Avec Beckenbaueur, publié chez Vendeur de mots, Christophe Neyrinck signe un premier roman bouleversant, tout en sensibilité et pétri d’humanité, une belle réussite.

 

Beckenbauer de Christophe Neyrinck : un récit personnel à la portée universelle !

 

Lu et chroniqué en Service Presse.

Ghislaine

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M
Un titre que je ne comprenais pas en effet...je comprends que ce témoignage soit bouleversant, c'est une maladie terrible qui touche quasiment toutes les familles...mais là tu vois je passe mon tour, j'ai vécu durant mon adolescence avec ma grand-mère atteinte d'Alzheimer alors des décennies plus tard je n'ai plus envie d'en entendre parler. A l'époque il n'y avait pas de structures d'accueil adaptées...
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