Denis Parent : Pour nos fantômes

Pour nos fantômes    par   Denis Parent.

JL Bertheson éditions  (2024) 395 pages.

 

 

Après avoir été journaliste spécialisé dans le cinéma, réalisateur puis scénariste de bande dessinée et auteur de nouvelles et de pièces de théâtre, Denis Parent publie son premier roman en 2008 et Pour nos fantômes, est son septième.

 

 

Force est de reconnaître que l’écrivain manie la plume avec dextérité. Il est parvenu à m’embarquer dans un  univers qui m’a conquise bien qu’il soit composé de mystères et de réalités parallèles, ce qui n’est pas forcément ma tasse de thé…

 

Dorian Layeul est une star. Très connu à la télévision, il incarne un rôle de profiler dans une série, sous le nom de Commandant Marek.

 

 

Victime d’un petit épisode dépressif, il quitte Paris pour un pèlerinage nostalgique dans la petite ville de Sodhaure où il a grandi. Il veut revoir la maison de son enfance.

Dans cette maison, habite maintenant un couple de personnes âgées qui n’ont plus toute leur tête.

 

 

Dès que ces gens le voient, ils le prennent pour leur enfant et se déclarent ses parents. Petit détail, cet enfant qu’ils ont eu, qui n’est plus chez eux, dont on ne sait pas ce qu’il lui est advenu, est … une fille. Qu’à cela ne tienne, Dorian, en fin comédien, se prête non sans plaisir à la confusion, éprouvant même un singulier attrait pour la situation, lui qui n’avait jamais sauté la barrière du sexe à l’exception d’une adaptation de Tootsie. Venu pour rester une seule journée, il manque d’abord son train, puis retenu par ceux qui pensent être ses parents, reste, habite la maison, ayant retrouvé la chambre où il a passé son adolescence.

 

 

Il est arrivé entre fin octobre et fin novembre comme le suggère le titre du premier chapitre : Brumaire. Entre ses fans, une météo capricieuse, une jolie chirurgienne et les fantômes de la ville,  qui le retiennent auprès de Judith et Henri,  de gré ou de force, difficile de savoir, et pourquoi, après tout, l’imposture ne lui rendrait-elle pas la grâce…

 

Le récit se déroule dans un univers très particulier fait de touches de mystères, d’ésotérisme et de magie où l’invisible se révèle très présent.

Il est difficile en effet de faire, dans les souvenirs, la part du réel et la part fantasmée. Chacun sait bien que les souvenirs ne sont pas toujours exactement la vérité, les images qu’on se représente et les rêveries se mêlant au vécu. De plus l’imagination peut facilement apporter du fantastique dans la vie courante.

 

 

Mais plus que cela, Denis Parent (photo ci-contre) nous fait évoluer parfois, au cours du récit, dans un monde à plusieurs dimensions, notamment  avec cette ville où se déplacent des gens qui ne sont plus là, des gens qui viendraient de l’au-delà…

 

Ce monde onirique dans lequel se déroule ce récit est placé sous le signe de l’humour et parfois de l’absurde, lui conférant un attrait incontestable.

 

 

Cette situation incongrue et paradoxale générée par cette résidence surveillée dans sa maison d’enfance est absolument géniale.

Par ailleurs, Denis Parent brosse des portraits sublimes du héros et de « ses parents adoptifs ».

 

Je me demande si Henri, cet ancien médecin qui se balade toujours avec son stétho autour du cou et ausculte tout un chacun,  y compris les pièces de viande qu’il achète, mais aussi joueur de rock passionné ayant hélas oublié le La, ne remporterait pas tous mes suffrages tant son personnage est richissime en cocasserie.

 

Mais les personnages secondaires ne sont pas moins hauts en couleurs. Ils sont brillamment décrits et mis en scène, que ce soit le voisin, le vieux Chanfarien, toujours là, toujours vivant, l’abbé Spirale, ce « vaste curé, noir de peau et de soutane », ou encore le greffier Zarbeul qui a épuisé ses vies depuis longtemps...

 

 

Deux autres protagonistes récurrents sont des femmes et quelles femmes sont Laura, la fille de Dorian, et  Wapassou, la fameuse Isabelle, toutes deux au cœur du roman et dans le cœur de Dorian

En outre, musique, chansons, vinyles et Woodstock rythment ce roman plein de rebondissements.

 

 

 

Si j’ai été dans un premier temps un peu freinée par ce qui me semblait un comique de situation plutôt simplet et un peu grotesque, j’ai vite revu mon jugement et fini par être tout à fait séduite par cet ouvrage, par les thèmes qu’aborde l’auteur et les questions qu’il soulève.  Le thème de la mémoire et des souvenirs m’a beaucoup interpellée tout comme les interrogations suivantes, à savoir qui sommes-nous ? Que ne voyons-nous pas de nous-même mais que les autres peuvent voir ?, interrogations abordées notamment avec le personnage d’Henri, cet ancien médecin qui, un jour, dans un bar, ne se reconnaît pas dans la glace  derrière le comptoir et croyant voir un autre demande pour qui il se prend celui-là !

 

 

Pour nos fantômes, de Denis Parent que je remercie pour sa dédicace, est avant tout un roman d’amour d’une grande originalité où le fantastique le dispute à la réalité.

 

Je remercie la maison d’éditions JL Bertheson et Babelio pour ces belles heures de détente qu’ils m’ont offertes.

Ghislaine

 

 

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M
Je connais son nom mais je ne l'ai jamais lu, et tu dis que c'est déjà son septième roman ! Je vais le noter pour plus tard
Répondre
D
Quant à moi, avant cette lecture, je ne le connaissais pas !
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