Sylvie Gracia : Nous n'étions pas des tendres

Nous n’étions pas des tendres    par  Sylvie Gracia.

L’Iconoclaste (2024) 230 pages.

 

Nous n’étions pas des tendres, cette expression qui sert de titre au dernier roman de Sylvie Gracia, s’applique à Hélène, la narratrice, et à son père, Evariste.

 

 

Dans ce roman à la fois intime et universel, Hélène retrouve ses racines, ce fameux nœud originel qui la ramène à la maison du lac, au cœur de l’Aveyron. Son frère, Michel, qui veut être appelé Miguel, a réussi à faire partager le patrimoine paternel et a récupéré la maison du lac, laissant à sa sœur celle de Montpellier où leur père vit ses dernières années. Quant à Hélène, son travail l’oblige à vivre à Paris où elle me fera quand même passer un petit moment.

 

 

En effet, l’essentiel se déroule près de ce lac où tant de souvenirs de la vie familiale résident. C’est là, qu’avec son père, Hélène vient passer quelques jours de vacances. Tous les deux, ils sont profondément choqués par tout ce qui a changé dans la maison. Beaucoup de souvenirs ont fini à la décharge grâce à Miguel et à son épouse… C’était leur maison de vacances et, apparemment, le frère qui se lance dans une carrière politique, a d’autres projets.

 

Rapidement, Hélène retrouve de vieilles connaissances comme Aurélie, infirmière à domicile, et un certain Patrick. Son père, veuf depuis longtemps, tente de renouer avec d’anciennes amies mais supporte mal de les revoir… vieilles… comme lui, mais cela n’empêche pas l’amitié, l’amour, de refleurir.

 

Photos ci-dessus et ci-dessous : Le lac de Pareloup (Aveyron).

 

Quelques mots d’occitan reviennent à la mémoire d’Hélène et de son père, comme macarel, juron bien familier, et surtout ostal qui s’applique parfaitement à ce lieu qui rassemble.

 

 

Beaucoup de questions sont posées, celles qui servent à se compliquer la vie, à rendre cette vie maussade alors qu’elle est belle ici par rapport à tant d’autres sur notre planète et… qu’elle est unique. Là, je commence à me lasser mais je suis vite emporté par la suite. L’histoire de ce père, réfugié espagnol qui a échappé aux franquistes, est intéressante car Sylvie Gracia rappelle bien cette terrible Retirada (photo ci-dessous) et ces camps dans lesquels ces familles ont été enfermées, comme celui de Saint-Cyprien pour le père d’Hélène. Il y a aussi les rencontres sur une plage ou sur la terrasse d’un café dans ce village où tant de commerces ont fermé leur porte.

 

 

Nous n’étions pas des tendres est un roman à la lecture facile mais il pousse à la réflexion au travers de ce que vit et ressent Hélène. Ses hésitations, ses sentiments, sa philosophie de la vie et son attitude devant la mort inéluctable de ce père à la forte personnalité, sont très intéressantes et m’ont poussé vers un questionnement essentiel sur le sens de notre vie, nos attachements et cette fin qui approche.

 

 

De plus, avec ce roman, Sylvie Gracia a touché des cordes sensibles en me ramenant dans ce département de l’Aveyron où une partie de ma vie s’est déroulée et où nous sommes retournés en vacances un peu plus tard. Là aussi, réside cette philosophie de la vie avec ce temps qui passe inexorablement, ce que l’autrice a parfaitement fait ressentir.

 

 

Nous n’étions pas des tendres faisait partie des vingt romans sélectionnés pour le Prix Orange du Livre 2024 et je remercie Lecteurs.com pour m’avoir permis de le lire.

 

Jean-Paul

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encore un titre intéressant proposé par cette maison d'éditions que j’aime beaucoup !
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